Zazie dans le métro : lecture méthodique, l'explicite
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- Revoir la notion de cycle.
→ Le premier élément est le personnage de Jeanne. Son retour est construit en miroir par rapport à l’incipit. Dans ce dernier elle descendait du train, confiait sa fille à Gabriel, courrait pour passer le plus de temps possible avec son « Jules ». Or, l'explicite présente la situation inverse :
Elle veut partir le plus vite possible « faut pas que je traîne » (L. 4), puis se dépêche de revenir à la gare « L’hôtelier lui appela un tai et à la demi elle était à la gare » (L. 26). Elle récupère sa fille et ensemble, elles montent dans le train : « Jeanne Lalochère la fit monter dans le compartiment » (L. 39-40).
L’auteur construit donc son action par rapport à ce qu'il avait amorcé, pour boucler l’aventure parisienne. La forme du roman pourrait paraître chiasmique si l’on considère ce schéma : départ / aventure Zazie / aventure Jeanne / retrouvailles.
→ Ce n’est pas le seul élément que l’on retrouve de l’incipit. En effet, on retrouve également le même lieu, à savoir la gare d’Austerlitz.
→ Enfin, on retrouve des éléments de l’esthétique de Queneau comme le travail sur :
- le niveau de langue « et qui maintenant ressemblait plus à un poupard après sa tétée qu’à un vert grenadier » ;
- la retranscription phonétique « faut m’escuser » (L. 35) le « x » se transforme en « s » ;
- la syntaxe comme reflet d’une réalité. « [...] et il est d’un bête avec ça » (L. 12). C'est un langage du quotidien ;
- la confusion entre les niveaux de narration dans l’œuvre. Ainsi, on ne sait pas si c’est le narrateur ou le personnage qui prononce cette phrase : « Peu après, Zazie s’amenait accompagnée par un type qui lui portait sa valoche » (L. 29) ;
- la dramatisation du récit est toujours aussi dominante. On remarque l’art de la chute, comme au théâtre, sur la dernière réplique. Le narrateur est toujours aussi absent, comme pour marquer la domination des personnages. Ils semblent avoir une autonomie, comme s’ils n’avaient pas besoin d’un narrateur pour conclure leur histoire que les personnages écrivent au présent.
L’explicite est donc le pendant de l’incipit qui réintègre et synthétise toute la quête scripturale de l’auteur.
Tout comme sa fille, elle se lasse, profite de ce qui peut lui arriver de bien mais n’est pas constante dans sa démarche. Dans cet extrait, au contraire de l’incipit, elle passe de femme à mère. Pensant à Zazie, le narrateur dit qu’elle « serra son rouge à lèvre contre son cœur » (L. 19). Ce geste hautement symbolique réconcilie la mère et la femme. C’est la clôture de son escapade du week-end.
Son court séjour parisien lui a donc fait gagner en maturité. Cependant, le fait qu’elle ne reconnaisse pas sa tante, « Au revoir, meussieu » (L. 39), suggère que si cette initiation au monde des adultes est terminée, il n’en reste pas moins que de nombreuses autres subtilités sont encore à acquérir.
La métaphore du train, du moyen de locomotion qui mène les personnages toujours plus loin sur le chemin de leur vie est donc fondamentale. Pourtant, cette conclusion est loin d’être définitive. Zazie a encore beaucoup d’autres choses à découvrir mais elle a le reste de sa vie pour le faire.
La simple remarque de Jeanne qui reconnaît le compagnon de son frère donne au lecteur la clé de lecture qui lui manquait. Marceline est un transsexuel. Dernier tour que joue l’auteur au lecteur et qui l’invite dans un ultime effort à reconsidérer sa lecture, à reconstruire le roman qu’il a lu grâce à cet élément nouveau pour construire le sens du texte avec un éclairage différent. Jusqu’au bout, le lecteur devra participer à la construction du sens de l’œuvre.
- Zazie n’a pas pu voir son métro et est quasiment assoupie : « Mais elle dort debout ! ».
- Jeanne s’est lassée de son escapade galante : « Mais c’est plus moi qui courrai après » (L. 26).
- Marcel veut repartir le plus vite possible : « faut m’escuser si jme tire […] on s’éclipse. » (L. 33-35).
Si tous ont vécu un moment de leur apprentissage, il semble que la conclusion les mène vers une forme de raison, de mesure, loin de l’extravagance du roman. Queneau présente tout de même une ouverture en insérant, dans le monologue de Jeanne, un futur de l’indicatif « dirai », « courrai ». Elle se projette en avant dans sa vie et semble avoir grandi.
- Tout d'abord, il a un rôle conclusif puisque sa construction cyclique met un terme à toutes les actions qui avaient été amorcées dans l'incipit.
- Par ailleurs, il est aussi le lieu de rappel des enjeux esthétiques de l'auteur qu'ils soient scripturaux ou ludique pour le lecteur. C'est une forme de synthèse de la création littéraire particulière à cette œuvre.
- Enfin, il est le lieu du bilan pour les personnages qui ont fini leur quête.
Zazie dans le métro rapporte une tranche de vie des personnages et non pas l'intégralité de leur existence. Ce moment charnière ne se clôt pas de manière définitive car l'auteur, grâce à un réseau de symboles, ouvre son récit vers une possibilité de progression des personnages.
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