Zazie dans le métro : l'Odyssée
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Mettre en évidence l'épaisseur des personnages.
- Mettre en avant la portée ludique du roman, même dans l'apprentissage.
Zazie dans le métro fut commencée en 1945. Cependant, au bout de 8 pages, Queneau arrête la rédaction pendant près de 10 ans. C'est en 1954 qu'il reprend ses brouillons et décide d'achever cette œuvre qui sera publiée en 1959.
L'auteur a eu le temps de gagner en maturité scripturale, en réflexion sur le langage et surtout sur le monde qui l'entoure. Ce regard se manifeste notamment par la dimension initiatique du roman. En 1945, Zazie a 15 ans, mais lorsqu'il reprend l'écriture elle n'en a plus que 12. Elle a l'âge du passage à la vie adulte. C'est cette initiation, ce rite du passage que le lecteur découvre. Zazie dans le métro est une odyssée, une quête pour devenir une grande avant de, tout comme Ulysse, rentrer chez elle.
• À première vue, Zazie paraît simplement effrontée et désobéissante. Cependant, grâce au moment clé où elle raconte son histoire à l'inconnu du marché aux puces, le lecteur comprend toutes les épreuves qu'elle a pu connaître dans son enfance. Par ailleurs, il voit sa personnalité s'affirmer davantage à chaque fois qu'elle rencontre un obstacle (comme l'enlèvement de son oncle). Grâce à cette rencontre, au fil de la lecture, on ne voit plus seulement une fille impertinente, mais une enfant en révolte contre le monde des adultes dans lequel elle n'a plus confiance, une enfant qui a grandi prématurément.
• Pour Gabriel, ce sont les monologues intérieurs pendant lesquels on sent que cet homme, à la stature imposante est empreint d'une grande sensibilité, qui dévoilent progressivement l'intériorité du personnage : « L'être ou le néant, voilà le problème [...] Paris n'est qu'un songe, Gabriel n'est qu'un rêve (charmant), Zazie le songe d'un rêve (ou d'un cauchemar) et toute cette histoire le songe d'un songe » (p. 90).
Si la tirade commence par une parodie d'Hamlet de Shakespeare « être ou ne pas » et de Sartre L'être et le néant, Queneau insuffle ici à son personnage une épaisseur tendant à l'onirisme et qui se développera au fur et à mesure de son introspection.
L'auteur fait passer l'apprentissage des personnages par des moments clés, des rencontres inattendues, pleines l'humour et des parodies. Si l'odyssée d'Ulysse dura 10 ans, celle de Zazie et Gabriel n'aura lieu que pendant un week-end. Cependant, ce laps de temps sera suffisant pour permettre aux personnages de gagner en épaisseur et en maturité.
• Trouscaillon
Le cas le plus emblématique reste Trouscaillon. Homme aux multiples facettes, il accumule les noms d'emprunt et les masques pour tromper le monde qui l'entoure. Lors de sa discussion avec Gridoux, il va même affirmer qu'il ne connaît plus son nom (p. 81). Ce n'est qu'au terme de la soirée, et donc de l'œuvre, que son identité est révélée et son statut d'opposant est affirmé :
« Oui, dit l'homme au pébroque (neuf), c'est moi Aroun Arachide. Je suis je, celui que vous avez connu et parfois mal reconnu, Prince de ce monde et de plusieurs territoires connexes, il me plaît de parcourir mon domaine sous des aspects variés en prenant les apparences de l'incertitude et de l'erreur, qui d'ailleurs me sont propres ». (p. 185)
• Marceline
Marceline devra également attendre la fin de l'œuvre pour révéler sa véritable identité. L'affirmation de sa personnalité est particulièrement visible dans l'œuvre de Louis Malle, lorsqu'il lui fait enfiler des vêtements de pilote qui font disparaître les marques de sa féminité, manifestant ainsi le caractère ambiguë de sa réelle identité.
Le voyage initiatique est donc pratiqué par l'ensemble des personnages. La maturité qu'ils gagnent lors de leur apprentissage, leur permet d'avoir une meilleure conscience d'eux-mêmes, suivant ainsi le précepte inscrit sur le temple d'Apollon « Connais-toi, toi-même ». Le parcours initiatique est à l'origine d'une introspection des personnages et d'une affirmation de leur identité.
• Pour Zazie l'obstacle qui provoquera le début de son initiation est la grève du métro. C'est ce lieu souterrain et énigmatique, qui sera à l'origine de son errance, de son voyage et donc de son initiation au monde des adultes :
« La grève continuait. Une odeur de poussière ferrugineuse et déshydratée montait doucement de l'abîme interdit ». (p. 44)
Pour arriver à son but, elle fugue et fera la connaissance de l'inconnu du marché aux puces. Symboliquement, elle achèvera sa quête en prenant le métro pour marquer son succès. Analogie du bateau d'Ulysse, il la ramènera chez elle. D'ailleurs, au terme de son voyage en métro, elle répondra à sa mère que pendant son séjour à Paris elle a « vieilli ».
• Pour Charles, le chauffeur de taxi, c'est Zazie qui constituera l'obstacle principal. On apprend, non sans ironie de la part de l'auteur, qu'il veut se marier mais qu'il ne trouve pas de femme qui lui convienne :
« [...] en lisant dans une feuille hebdomadaire la chronique des cœurs saignants. Il cherchait, et ça faisait des années qu'il cherchait, une entrelardée à laquelle il puisse faire don des quarante-cinq cerises et de son printemps ».
C'est à la suite de la discussion avec Zazie, qui a provoqué sa fuite de la Tour Eiffel, et au cours de laquelle elle le confronte à son incapacité à s'engager, qu'il prendra l'initiative d'épouser Madeleine.
En voulant dépasser un obstacle, les personnages amorcent leur parcours initiatique qui les fera grandir. Il s'agit donc de vaincre les difficultés, qu'elles soient physiques (comme le métro pour Zazie), ou morales (comme la peur pour Charles).
Le meilleur exemple de cette déception est, sans doute, le titre. Zazie dans le métro : le titre indique tout ce qui n'arrivera pas dans l'œuvre. Du métro, Zazie, comme le lecteur, ne verra que le signe « Grève ». Cette esthétique de l'imprévu et du jeu est un obstacle pour un lecteur habitué à un roman linéaire, facile à saisir. En bouleversant les codes, il oblige le lecteur à participer à la construction du texte. Il apprend à devenir averti. Il se forge sa propre vision du texte et de l'univers de l'auteur en s'appropriant un monde plein d'obstacles et de rebondissements.
En rompant avec les codes du roman ainsi que ceux du cinéma, Queneau et Malle incitent le lecteur/spectateur à être actif dans la compréhension de l'œuvre, à s'affranchir des attentes confortables et à devenir autonome. Il s'agit donc d'une œuvre initiatique pour le lecteur qui gagne en maturité littéraire.
→ L'imprévu vient tout d'abord de la structure des œuvres qui paraissent décousues. Les péripéties semblent s'enchaîner sans logique avérée.
→ L'imprévu se manifeste également à travers les rencontres fortuites. Les personnages apparaissent successivement et ne quittent plus Gabriel et Zazie. Ces personnages ont un rôle défini dans l'œuvre qui permettra aux protagonistes de progresser dans leur parcours initiatique. Certains seront des adjuvants (Marceline, Mado-ptits-pieds, Gridoux) et d''autres, au contraire, seront des opposants (Trouscaillon et ses multiples dérivés, les touristes « guidenappeurs»)
L'odyssée de Zazie prend donc corps grâce aux rebondissements, apparemment illogiques, que l'auteur met en place, tout en tentant de les faire apparaître comme évidents. S'ils semblent fortuits et surprennent le lecteur, cela n'est en réalité qu'une illusion. Paradoxalement, tout ce qui paraît inattendu et spontané est en réalité le fruit d'une planification de l'auteur lors de la création de son roman. Cette remarque est d'ailleurs transposable à l'œuvre cinématographique.
→ sa promenade au marché aux puces prend des allures de balades pendant laquelle elle se fait offrir un repas et un jean : « Il marche devant, sûr de lui. Zazie suit, louchant sur le paquet. Il l'entraine comme ça jusqu'à un café-restaurant » (p. 50).
→ Le « guidenapping » de son oncle devient une course poursuite dans les rues de Paris. Entourée de deux compagnons, elle profite de ces moments de liberté : « Courons, sus aux guidenappeurs, qu'elle dit, et à la Sainte Chapelle, nous le délivrerons. » (p. 105).
L'apprentissage se fait donc pas le biais du jeu et de l'humour. Queneau ne traite pas le passage de l'enfance à l'âge adulte comme une perte mais comme un foisonnement d'expériences à venir. La quête initiatique de Zazie se présente comme une chasse au trésor, ludique et effervescente. La découverte de l'inconnu provoque son intérêt. C'est en errant dans la ville, insouciante que Louis Malle représente la petite Zazie (1'08'09).
→ Zazie se rend au marché aux puces dont l'hétéroclisme a des allures de caverne aux trésors. Cet univers décousu correspond bien à l'effervescence de la jeune fille.
→ « bloudjinnzes », « torches électriques », « canot pneumatique », « marchands de frites » et « boussoles » sont autant d'éléments qui connotent l'esprit d'aventure et de découverte. Or, l'endroit qu'il s'agit d'explorer et de comprendre est celui des adultes. Ces objets deviennent donc des symboles de la chasse aux trésors initiatique.
« Zazie se faufile, négligeant les graveurs de plaques de vélo, les souffleurs de verre, les démonstrateurs de nœuds de cravate, les Arabes qui proposent des montres, les manouches qui proposent n'importe quoi » (p. 47).
Le monde foisonne de vie et la juxtaposition des propositions marque cette accumulation et crée un effet d'abondance.
→ Louis Malle ajoute à cet univers d'exploration quelques éléments sortis d'un cirque avec le joueur de violon sans violon du marché aux puces, ainsi que la course farcesque au milieu des étales.
En définitive, Paris est un terrain de jeu attrayant et semé d'embûches qui accentue l'enthousiasme de Zazie et la maintient dans cette volonté d'aventure. Cet environnement qui la fascine et lui ressemble sera le lieu de son apprentissage. On a donc une adéquation entre le personnage et le lieu de son initiation.
Si, dans une interview, Raymond Queneau confie qu'il a écrit ce livre pour se faire plaisir en jouant des codes, Louis Malle, lui, l'envisageait davantage comme un défi. Rappelons que lorsque le réalisateur annonce son projet d'adapter cette œuvre, tout le monde lui dit que c'est impensable. Faire aboutir cette création relève donc pour l'auteur d'un parcours initiatique en tant qu'artiste.
Pour autant, l'initiation ne se fait pas au hasard. Elle est le résultat d'une planification minutieuse de l'action par l'auteur bien qu'il donne l'illusion de la spontanéité. Enfin, il ne faut pas que cette quête initiatique se réduise aux personnages car le travail de renouvellement des codes d'écriture et de réalisation permettent aux artistes, comme aux lecteurs/spectateurs d'approfondir leur initiation littéraire.
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