Une société de la surveillance ?
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre ce qui amène à une société de surveillance.
- Connaître les différents philosophes et penseurs qui se sont penchés sur la question.
- Michel Foucault démontre dans son livre Surveiller et Punir (1975), que la mise en place des prisons dans le monde occidental du XIXe siècle, permet l’arrivée d’une nouvelle technique du pouvoir.
- La surveillance a quitté depuis quelques années les grandes institutions d’enfermement et s’est étendue au monde entier.
- Il est, aujourd’hui, difficile de refuser ou d’échapper à la surveillance. Les États justifient les moyens de plus en plus étendus de surveillance et de contrôle par l’impératif sécuritaire.
Un berger surveille son troupeau. Un gardien de prison surveille des détenus. Une mère surveille son enfant. Un cuisinier surveille la cuisson de son plat. Un soldat surveille la frontière.
Qu’est-ce qu'une société peut ou doit surveiller ? Une société de la surveillance est-elle souhaitable ?
Les progrès des technologies d’enregistrement
audiovisuelles ainsi que les tendances totalitaires des
États ont très tôt suscité de
nombreuses inquiétudes au siècle dernier : si
tous nos faits et gestes sont observés, si toutes nos
paroles sont enregistrées, que reste-t-il de notre
liberté ?
Orwell imagine, dès les années 1940,
dans son roman 1984, comment
l’État pourrait envahir notre vie privée,
avec les « télécrans » qui
émettent la propagande du pouvoir en enregistrant tout
ce qui se passe dans les appartements, mais aussi avec des
drones qui volent de fenêtres en fenêtres au cas
où quelque chose échapperait au
télécran.
Toutefois il semblerait que nos sociétés, soumises à des menaces de plus en plus diffuses et imprévisibles, telles que le terrorisme ou des épidémies, sont prêtes à sacrifier beaucoup de leurs libertés en échange de la sécurité.
Si notre espèce est vieille d’environ 200 000 ans, les premiers États ne sont apparus qu’il y a 5 000 ans. Depuis, ils ont été le plus souvent aveugles, manquant des connaissances et des moyens techniques et administratifs pour savoir exactement ce que faisaient les gens sur leur territoire. L’action étatique était alors irrégulière, brutale et peu efficace. Ce n’est qu'aux alentours du XVIIIe siècle que les États deviennent capables de recenser leur population, de prélever régulièrement les impôts, de dresser des cadastres, d’entretenir des armées et des polices permanentes et de contrôler leurs frontières.
Les progrès de l’œil de
l’État vont alors se manifester dans de
nombreux domaines. Ainsi dans Surveiller et
Punir (1975), Michel Foucault montre comment,
à travers la mise en place des prisons dans le
monde occidental du XIXe siècle, une
nouvelle technique du pouvoir est née.
Le modèle idéal de cette technique,
conçu par le philosophe anglais Bentham
(1748-1832), c’est la prison
« panoptique », dont
l’architecture rendrait possible une surveillance
permanente et complète de tous les détenus.
L'essentiel ici n’est pas que les détenus soient de fait toujours observés. Le plus important est qu’ils croient l’être. Il suffit même en réalité qu’ils croient toujours pouvoir l’être. C’est pourquoi il est nécessaire que les gardiens qui peuvent tout voir soient eux-mêmes invisibles. Soumis à ce regard invisible, les prisonniers vont apprendre à se comporter correctement et la contrainte exercée sur leur corps redressera leurs esprits déréglés.
Si la prison panoptique idéale rêvée par Bentham n’a jamais été construite, elle a néanmoins inspiré les architectures des usines, des écoles, des hôpitaux et des casernes.
Nous avons des raisons de penser que la surveillance
panoptique a quitté depuis quelques années
les grandes institutions d’enfermement et
qu’elle s’est étendue au monde entier.
Les caméras de surveillance se multiplient dans
les rues. Un nombre indéterminé de
satellites nous photographient sans cesse depuis
l’espace. Et tout le monde peut photographier ou
filmer ce qu’il se passe avec son
téléphone à tout moment.
L’écrivain Robert Musil (1880-1942)
n’imaginait peut-être pas à quel point
il serait un jour dans le vrai quand il a écrit
« qu’un
authentique paranoïaque doit réellement avoir
aujourd’hui bien du mal à se
défendre, chez nous, contre la concurrence des
amateurs ». Nous avons tous en effet de
bonnes raisons de nous sentir observés, voire
contrôlés.
Le philosophe Gilles Deleuze (1925-1995) perçoit toutefois dans cette extension et ce renouvellement des moyens de surveillance un changement plus profond. Poursuivant la réflexion de Foucault, il avance l’idée que les sociétés disciplinaires de surveillance deviennent des sociétés de contrôle. Alors que la surveillance enfermait les individus dans des lieux clos afin de bien les identifier et les séparer, le contrôle va s’exercer sur des flux que l’on peut laisser circuler ou interrompre avec des filtres plus ou moins fins.
La navigation sur internet : se rendre trop souvent sur certains sites suspects est un bon moyen d’attirer l’attention des autorités.
Mais l’usage des drones dans la lutte contre le
terrorisme en est un autre : certaines personnes ont
été identifiées comme terroristes,
parfois par erreur, du fait de leurs trajets en voiture
entre des localisations jugées hostiles.
L’instauration d’un « pass sanitaire
» relèverait de la même logique.
Les États justifient les moyens de plus en plus étendus de surveillance et de contrôle par l’impératif sécuritaire. Il s’agirait de protéger nos vies de menaces toujours présentes, mais presque indétectables. Notre voisin pourrait planifier un attentat. Notre collègue pourrait nous contaminer. Et en effet, qui ne veut pas vivre en sécurité ? Toutefois la sécurité et la liberté ne sont pas toujours compatibles.
Et si un État puissant peut bien en effet nous protéger de certaines menaces, qui nous protégera de l’État s’il tombe entre de mauvaises mains ? Il semble de plus en plus vain d’essayer de devenir invisible dans un monde où presque toutes nos activités laissent des traces de notre identité. Certains espèrent utiliser les moyens de surveillance et de contrôle pour limiter les abus éventuels des autorités.
Mais comme le montrait déjà Foucault, s’il y a bien quelque chose que l’État et ses appareils détestent, c’est d’être vus.
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