Une grille de lecture géo-environnementale
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- 1986, accident nucléaire de Tchernobyl en Ukraine.
- 2011, accident nucléaire de Fukushima au Japon.
25 ans (soit une génération) séparent ces deux dates et montrent que bien peu de progrès ont été faits, et même au contraire. Si la catastrophe de Tchernobyl de 1986 se déroulait dans l'ex-URSS dont tout le monde pouvait voir qu'elle était à bout de souffle économiquement et technologiquement, ce n'est pas le cas de Fukushima qui s'est passé dans la 3e économie mondiale, très réputée pour son avance dans ce domaine.
Ce constat est d'autant plus terrible qu'il apparaît avec comme toile de fond dans le problème du réchauffement climatique et la question de la surexploitation des ressources de la planète. Ainsi, l'environnement s'est imposé depuis une vingtaine d'années comme un dossier central, mêlant impératifs nationaux et négociations internationales.
Problématique : Dans quel état la planète est-elle au niveau environnemental ?
Si quelques scientifiques remettent en cause le constat d'un réchauffement climatique global, l'immense majorité reconnait l'existence d'un phénomène de changement climatique.
En 1988, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est crée par l'ONU à la demande du G7. Son constat est simple et sans appel : il y a un réchauffement climatique depuis le 19e siècle (ce qui correspond au début de l'industrialisation), et celui-ci s'accélère beaucoup depuis la fin du 20e siècle. Ainsi, si rien n'est fait, à la fin du 21e siècle, les températures pourraient augmenter de + 1,1°C à + 6,4°C par rapport à la période pré-industrielle.
Le phénomène est complexe car il se décline différemment selon les régions du monde. Ainsi, on peut d'ores et déjà constater :
- une augmentation des températures dans les zones tempérées,
- une multiplication des cyclones tropicaux,
- une augmentation des zones désertiques dans les régions subtropicales,
- une fonte des pôles, notamment en Arctique,
- une augmentation des inondations et une hausse du niveau de la mer et des océans.
Doc. 1. Formation du cyclone Elena vue de l'espace |
• Conséquences
Ces phénomènes ne vont que prendre de l'ampleur, car déjà une hausse inférieure à + 2° semble difficile à obtenir. Les conséquences humaines sont désastreuses, d'autant qu'elles se localisent essentiellement dans les pays sous-développés, donc plus pauvres et technologiquement moins préparés :
- les inondations entraînent des déplacements de populations,
- l'augmentation des zones désertiques entraîne la raréfaction des terres cultivables,
- la multiplication des cyclones entraine des destructions de villes et des installations,
- la fonte de la calotte glaciaire entraine la disparition du mode de vie des Inuits.
Le cas de l'exploitation des forêts et des mers est symptomatique.
Les forêts ont un rôle écologique fondamental :
- elles participent à la captation et au stockage des eaux de pluie, rendues par l'évaporation,
- elles sont un réservoir de biodiversité,
- elles sont un acteur majeur du cycle du carbone (par la photosynthèse).
Doc. 2. Rôle et fonctionnement de la forêt |
Pourtant elles sont très exploitées. Chaque année c'est l'équivalent de la superficie de la Grèce qui est déboisé, soit 13 milliards d'hectares. Malgré des efforts de reboisement, la perte est colossale. Une poignée de pays sont en cause : la République démocratique du Congo, le Cameroun, le Gabon et l'Indonésie, mais le cas le plus significatif reste la forêt amazonienne du Brésil.
On peut faire pour les mers le même constat : 80 millions de tonnes de poissons sont pêchées chaque année pour satisfaire la demande mondiale, ce qui impose aux pêcheurs de capturer des poissons plus loin des côtes, plus jeunes. Cela perturbe le cycle de leur reproduction et entraîne une diminution des stocks.
• Le cas des ressources énergétiques
Le pétrole, le gaz naturel et le charbon ont des destins très différents, car si on peut envisager raisonnablement que vers l'année 2100, les réserves de pétrole auront été épuisées (au rythme actuel de consommation), les réserves de gaz naturel sont encore très importantes et il y a assez de charbon sur Terre pour les mille prochaines années.
Pourtant le problème du pétrole reste important car il a acquis deux fonctions fondamentales dans nos économies : il est à la fois une énergie extrêmement répandue (et dont il coûtera cher d'apprendre à se passer), et une matière première pour les plastiques. Or, les ressources ne sont pas éternelles : on constate aujourd'hui qu'on ne découvre plus qu'un baril de pétrole à exploiter pour 6 barils produits.
Ainsi, deux options se posent : soit on fore plus profond et dans des conditions plus difficiles (ce qui est rendu économiquement possible car le prix élevé du baril assure la rentabilité du forage), soit on améliore le taux de récupération des puits existants (ce qui dépend des avancées technologiques, et donc est moins facile à mettre en œuvre). Ainsi, les forages dans des conditions difficiles sont devenus possibles, aux dépens de considérations sur la sauvegarde d'écosystèmes fragiles.
Vers l'an 2050, la population de la planète devrait connaître son maximum avec un total de 9 milliards d'habitants selon les projections démographiques. Pourtant, les scientifiques ne considèrent pas que la solution soit d'adopter des politiques malthusiennes (= réduction des taux de natalité), mais affirment que les ressources sont suffisantes si elles sont correctement et équitablement employées.
Avec une moyenne de 2,7 hectares par habitant, on voit que l'empreinte écologique est très inégale : supérieure à 8 pour un américain, elle est de l'ordre de 1,4 pour l'immense majorité des africains.
Il ne s'agit pas de dire que les pays ayant une faible empreinte représentent un modèle : l'Éthiopie a une empreinte très faible parce que son niveau de développement est très faible (espérance de vie à 55 ans et taux de scolarité à 42%).
Cet indicateur permet juste de souligner le fait que si tous les habitants de la Terre partageaient le mode de vie d'un américain, il faudrait 4,5 planètes Terre pour répondre à nos besoins ! C'est donc notre mode de vie qui est à revoir, en privilégiant un développement durable et une économie des ressources.
- Pour les forêts : en 2008, un programme de réduction de la dégradation des forêts a été mis en place par l'ONU. C'est le début d'une prise de conscience.
- Pour la pêche : la convention de Montego Bay, signée en 1982, établit un « droit des océans » et assigne à chaque État l'obligation de gérer durablement ses ressources halieutiques. Mais l'absence de contrôle rend cette convention inefficace.
- Pour les ressources énergétiques, différentes stratégies sont déployées selon les États : certains misent sur le nucléaire (comme la France, l'Inde ou la Chine), d'autres, plus réticents vis-à-vis de cette énergie très polluante, ont décidé de mettre l'accent sur les énergies renouvelables (énergie éolienne, solaire, etc.).
• Les causes de dissensions
Le protocole de Kyoto opposait deux groupes aux responsabilités bien distinctes :
- Le Nord, principal pollueur (15% de la population mondiale mais 50% des émissions de gaz à effet de serre) devait réduire ses émissions.
- Le Sud, moins concerné car moins développé donc moins pollueur, n'était pas contraint par les engagements pris.
Or aujourd'hui, le « Sud » regroupe des réalités très hétérogènes : la Chine est devenue le 1e pays pollueur devant les États-Unis. Et globalement les pays « émergents », les BRICS (= acronyme anglais pour désigner une organisation regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud) polluent beaucoup.
D'où le conflit entre les pays développés et les BRICS : les pays développés veulent les astreindre aux mêmes contraintes qu'eux. Les BRICS refusent, disant que leur priorité est de se développer et qu'il n'y a aucune raison que les pays du Nord aient pu se développer au 19e siècle sans contrainte alors qu'eux devraient en subir au 21e siècle !
• La multiplication de conférences infructueuses
- 2009, conférence de Copenhague.
- 2010, conférence de Cancun.
- 2011, conférence de Durban.
À chaque fois, les pays se présentent aux conférences pour redéfinir les quotas fixés à Kyoto et répartir les coûts de financement, sans succès.
• Le marché du carbone
De plus, avec l'instauration d'un marché du carbone en 2005, les efforts semblent vidés de leur substance. En effet, le protocole de Kyoto a fixé des plafonds d'émission par entreprise et par État. Mais il est possible d'acheter à un partenaire moins pollueur la part d'émission qu'il n'utilise pas : on assiste donc à une financiarisation du carbone, et la mesure n'est plus très incitative.
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