Un être vivant peut-il être assimilé à une machine ?
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Cependant, si cette assimilation s’avère féconde en matière de recherche, elle comporte un certain nombre de limites, notamment sur un plan éthique : cette assimilation ne constitue-t-elle pas en réalité une réduction ? Il est par conséquent nécessaire de redéfinir la relation étroite et complexe qu’entretiennent le vivant et la machine.
Dès lors, on peut, avec Aristote, considérer que « la technique imite et accomplit la nature ». Elle l’imite en ce sens qu’elle reprend à son compte les processus propres à la nature : la machine est, comme l’organisme, agencé de façon à ce que ses différentes parties concourent au fonctionnement du tout. Et il y a bien accomplissement puisque c’est pour accroître et perfectionner les forces déjà présentes dans la nature que la technique œuvre.
Dans cette perspective, la machine peut être assimilée à un être vivant, dans la mesure où l'on considère que la technique prolonge la nature.
• D’une part, contrairement à l’objet technique qui est produit par quelqu'un (artisan, ingénieur…), et a donc le principe de son unité et de son organisation en dehors de lui, le vivant a ceci en propre que le principe de son unité lui est interne : il est organisé selon un principe de finalité interne : « Chaque être vivant est un système clos de phénomènes, incapable d'interférer avec d'autres systèmes. Changement continu d'aspect, irréversibilité des phénomènes, individualité parfaite d'une série enfermée en elle-même, voilà les caractères extérieurs (réels ou apparents, peu importe) qui distinguent le vivant du simple mécanique », écrit Bergson (dans Le Rire, chap. 2, 1900).
• D’autre part, et c’en est la conséquence directe, le principe de mouvement (croissance, mobilité, autorégulation…) du vivant est interne, tandis que la machine demeure, dans son fonctionnement, irrémédiablement tributaire de son concepteur (si la machine tombe en panne, elle ne peut pas se réparer elle-même).
Il y a donc une originalité de l’être vivant, qui est l’archétype de toute production humaine.
Or, dans une démarche scientifique, un tel présupposé est problématique, car ce principe d’une finalité naturelle et interne, assimilé à l’âme, est substantiellement différent de la matière qui est la substance de tout corps. Dès lors, il est nécessaire, comme le montre Descartes, fondateur de la science moderne, de dissocier radicalement la matière et l’esprit, et d’analyser les corps, qu’ils soient naturels ou artificiels, sans aucun recours à la notion d’âme. C’est donc le principe même d’une finalité naturelle qui se trouve récusé.
Or, ce faisant, c’est la différence même entre un organisme et une machine qui se trouve être abolie, tous deux se retrouvant unis sous un même dénominateur commun, le mécanisme. L’être vivant est donc non seulement mis sur le même plan que la machine, mais compris à partir de celle-ci, puisque c’est le modèle mécaniste qui prévaut, la finalité ayant été exclue du champ de la science physique.
Dans cette perspective, Julien Offray de La Mettrie va adopter la théorie cartésienne de l'animal-machine, en l'appliquant à l'homme. Dans L'homme-Machine (1947), La Mettrie explique que le corps humain est « une machine qui monte elle-même sur ses ressorts : vivante image du mouvement perpétuel ». Descartes distingue l'homme, constitué d'une âme et d'un corps (c'est le « dualisme »), de l'animal, qui, non pourvu d'une âme, peut être assimilé à une machine. À son contraire, La Mettrie estime que le corps et l'âme sont une même totalité (c'est le « monisme ») : « L'homme n'est pas pétri d'un limon plus précieux ; la Nature n'a employé qu'une seule et même pâte, dont elle a seulement varié les levains ». Les animaux sont donc identiques aux hommes. La Mettrie fera scandale en affirmant qu'il doit être possible d'apprendre à parler aux grands singes. Ceci montre bien que, dans le cadre épistémologique de la science moderne, c’est la machine qui sert à penser le vivant.
Kant, dans la Critique de la faculté de juger (1790), montre que les lois mécaniques ne suffisent pas à expliquer intégralement l'organisation des êtres vivants ; le mécanisme ne suffit pas à expliquer la vie. Une montre, par exemple, ne peut se réparer elle-même, explique Kant. C'est pourquoi Kant évoque l'« énergie formatrice » propre au vivant ou à la vie. Il faut donc continuer d'avoir recours à l'idée de « finalité », laquelle est toujours capable de rendre compte de la spécificité des phénomènes de la vie.
Dès lors, mécanisme et finalité ne sont pas incompatibles, mais complémentaires, puisque le mécanisme propre au vivant doit être déchiffré à la lumière de la finalité.
L’assimilation du vivant à une machine, en particulier lorsqu’il s’agit d’un être vivant conscient et doué de raison comme l’est l’être humain, s’avère dangereuse d’un point de vue éthique. Elle rend en effet possible une instrumentalisation ainsi qu’une fabrique du vivant, et ces possibilités techniques doivent être régulées et limitées par une réflexion de type moral visant à maintenir une valeur intrinsèque au vivant, et à ne pas perdre de vue la respectabilité absolue de l’homme.
La technique doit être subordonné à une éthique qu'il s'agit d'établir, afin que certains principes universels, liés au respect de la vie, puissent réguler l'usage que la technique peut faire du vivant.
Descartes, Méditations métaphysiques, Principes de la philosophie, Discours de la méthode.
Julien Offray de La Mettrie, L’homme-Machine.
Kant, Critique de la faculté de juger.
Georges Canguilhem, Études d’histoire et de philosophie des sciences.
Claude Bernard, Introduction à l’étude de la science expérimentale.
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