Tartuffe : les personnages

La pièce comporte de nombreux personnages qui sont tous issus de la même famille hormis Tartuffe, Laurent, M. Loyal, Flipotte, Valère et Dorine. Trois générations sont représentées.

Il n’apparaît que dans dix scènes sur trente et une. Mais l’on parle beaucoup de lui et nous le connaissons déjà avant son apparition tardive à l’acte III.
Dorine parle de lui comme d’un « gueux, qui quand il vint, n’avait pas de soulier/Et dont l’habit entier valait bien six deniers ». Entrant dans la famille de son protecteur Orgon, il devient son confesseur personnel ou directeur de conscience. Ce métier existait au XVII^e siècle, un directeur de conscience était chargé de diriger, de conseiller spirituellement les membres d’une famille bourgeoise et aisée.
C’est un hypocrite sacrilège qui ne songe nullement au salut de l’âme d’Orgon. Il professe des leçons inconcevables comme de n’aimer personne.
C’est un homme cupide et jouisseur dominé par la sensualité. Il est capable de faire preuve d’un appétit pantagruélique ce qui est en totale contradiction avec ce qu’il prône. Sa concupiscence ne fait aucun doute car il désire ardemment posséder Elmire. C’est un escroc dont l’unique préoccupation est de s’enrichir.
Tartuffe est doté d’une dimension protéiforme selon le regard qui le voit. Le premier groupe constitué de Dorine, Damis et Cléante manifeste à son égard une véritable hostilité. Le deuxième groupe paraît moins virulent : Elmire accepte de faire preuve d’indulgence puisque dans un premier temps elle ne veut pas dénoncer l’homme qui a cherché à la séduire. Le troisième groupe est composé des admirateurs avec Orgon et sa mère Mme Pernelle. Il a un aspect baroque puisqu’il joue sur l’être et le paraître.
Tartuffe est devenu un type littéraire. Il est devenu surtout un nom commun : un « tartuffe » désigne un hypocrite. Il est présenté par Dorine comme un homme sage et courageux qui a servi loyalement son prince (I, 2). Il est fort riche et mène un train de vie aisée. Il est impossible de savoir pourquoi Orgon a tant changé, rien dans la pièce ne l’explique.
Orgon est un personnage monomaniaque, cher à Molière. C’est un homme qui sacrifie tout à une idée fixe. Le début de la pièce (I, 4) le présente comme un pantin qui n’a qu’une seule obsession : Tartuffe. Il prête à rire. Cependant cet attachement excessif (un metteur en scène R. Planchon a été jusqu’à suggérer l’homosexualité du personnage) devient très vite inquiétant. Il ne se préoccupe plus de sa femme, veut marier sa fille contre son gré et finit par chasser son fils en le déshéritant. Il se comporte en véritable tyran et s'emporte dès qu’on lui tient tête ou que l’on critique Tartuffe. Il faudra à la fin de la pièce qu’Elmire se place dans une situation délicate pour lui faire retrouver son bon sens.