Ruy Blas, Victor Hugo
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Le XVIIIe siècle a mis à mal la tragédie et a surtout vu s’opérer un virage dans le genre de la comédie : comédie bourgeoise ou de mœurs, elle a été servie notamment par le talent de Marivaux ou Beaumarchais et s’est progressivement émancipée des règles classiques sans renier réellement l’héritage de Molière.
Le XIXe siècle cherche de nouvelles pistes : le mélodrame commence à faire recette et le drame se profile doucement. La Préface de Cromwell (1827), drame historique de Victor Hugo, formule enfin clairement les nouvelles tendances : le mélange des genres, plus de réalisme, abolition des règles unitaires.
Victor Hugo rompt officiellement avec la tradition lors de la
représentation d’Hernani
(1830) qui va guider et drainer tout un flux de jeunes auteurs
en mal de renouveau : le ton est hardi,
la versification se débride,
l’épopée s’invite
sur scène (ce qui n’est pas sans rappeler
Le Cid, aussi à
l’origine d’une querelle de chapelles
littéraires en son temps).
Doc. 1 : Ruy Blas Acte 5, Scène 3. Ruy Blas lève l'épée contre Don Salluste : « Je crois que vous venez d'insulter votre reine ! » |
L’auteur remplace le destin par le hasard (parfois excessif) qui pousse les personnages vers quelques invraisemblances, notamment dans le dénouement ou l’accomplissement de ce destin (le héros d’Hernani ne met pas en œuvre son projet proclamé d’éliminer le roi lorsqu’il se trouve en face de lui). Le support historique et la couleur locale ne suffisent pas à faire oublier ces caractéristiques déjà présentes à l’époque classique. Cependant, son théâtre se distingue surtout par une formidable énergie déployée par les personnages (et le héros romantique en tête) entraînés dans une intrigue brillante et rythmée.
Les sentiments sont exaltés, ardents comme le veut l’époque. Et le lyrisme est mis au service de ces grandes passions : la poésie et la prose expriment la mélancolie, l’amour, l’enthousiasme. L’épopée aussi transpire à travers l’expression, comme le montre l’invective de Ruy Blas aux ministres corrompus (III, 2).
Le thème du valet travesti en maître ou « déclassé » n’est pas nouveau : Molière et ses successeurs du XVIIIe siècle (Diderot, Marivaux…) l’ont largement popularisé. Quant au personnage même de Ruy Blas, il a été nourri par les ambitions politiques de son auteur et par son attachement pour Hélène de Mecklembourg (épouse du fils aîné de Louis-Philippe, le duc d’Orléans), qu’il a essayé en vain de faire nommer régente en 1848.
En ce qui concerne la réalité historique, et notamment la précision de la peinture de la Cour d’Espagne, on sait que Victor Hugo s’est servi de textes qu’il avait pratiqués (mémoires de Mme d’Aulnoy, ou encore L’Etat présent de l’Espagne de l’abbé Vaurac, 1718) et de ses souvenirs d’un voyage en Espagne effectué en 1811, qui ont suffi à lui fournir quelques noms de rues et autres mots ou noms à sonorités espagnoles nécessaires à la couleur locale de son drame.
La préface fait écho à l’arrière-plan théorique du théâtre romantique dont Victor Hugo est chef de file.
L’auteur montre qu’il essaie de tenir compte des aspirations de son public (qu’il décompose en trois catégories : les penseurs, les femmes, la foule) et de captiver chacun en soignant, dans ses pièces, ce qui les intéresse : « la foule demande surtout au théâtre des sensations ; le femme des émotions ; le penseur des méditations. Tous veulent un plaisir. » C’est en cela que le drame peut se définir comme un genre hybride.
Il justifie ensuite le choix de son personnage principal et de sa destinée, puis montre que ses sources sont réalistes. Mais surtout, l’auteur a à cœur qu’aucun des aspects de son drame n’échappe au lecteur / spectateur : « le sujet philosophique, c’est le peuple aspirant aux régions élevées ; le sujet humain, c’est un homme qui aime une femme ; le sujet dramatique, c’est un laquais qui aime une reine ».
Ainsi prévenu et préparé, le public n’a plus qu’à se laisser emporter dans les tourments de la destinée de Ruy Blas.
La Reine : Elle a tout des jeunes filles romantiques encore timides et malgré son statut, elle rêve de tendresse et succombe au marivaudage. Elle ne se laisse pas intimider par son vieux soupirant et entend bien choisir à qui donner son amour. Elle reflète finalement l’image naïve de la femme de l’époque (que l’on retrouve chez Stendhal).
Don Salluste : Il est à la fois le traître et le bourreau : fou de rage de perdre le pouvoir auquel il aspirait, il emploie toute son énergie à se venger et à servir ses ambitions. Même la Reine n’échappe pas à sa violence (v. 2156 – 2167) ! Il représente pour Hugo la noblesse de Cour, pervertie et méprisante. Son châtiment ne choque pas : il semble mériter, même provoquer, ce qui lui arrive.
Don César : Lui représente davantage le produit d’une société en décomposition. Noble mais ruiné, il rappelle le type du brigand gentilhomme de Schiller. Il a perdu toute illusion et n’attend rien de la vie, cela le différencie considérablement de Ruy Blas.
Les autres personnages : Ce sont surtout des silhouettes pittoresques nécessaires au réalisme et à la couleur locale.
Les actes de ce drame ont pour titre le nom d’un des personnages essentiels, excepté le dernier (« Le Tigre et le lion »).
Acte I, « Don Salluste » : Disgracié par la Reine suite à quelque ignominie, Don Salluste veut se venger. Il fait enlever Don César de Bazan et lui substitue Ruy Blas, son valet. Ce dernier aime la reine en secret, et Don Salluste lui fait croire qu’il l’aidera à se faire aimer d’elle s’il lui apporte son concours dans quelque obscure entreprise.
Acte II, « La Reine d’Espagne » : La Reine s’ennuie, loin de son pays natal, dédaignée par son époux. Ruy Blas/Don César lui dépose chaque jour des fleurs sur un banc et il n’en faut pas plus pour éveiller l’esprit romanesque de la jeune femme. Elle a un autre soupirant en la personne du vieux majordome, Don Guritan, mais elle l’écarte pour profiter de la présence de son jeune adorateur, pris de syncope devant la femme aimée.
Acte III, « Ruy Blas » : La Reine nomme Ruy Blas Premier ministre ; celui-ci accuse ses collègues de dilapider l’argent de l’Etat et s’attire ainsi davantage encore les faveurs de sa protectrice. Mais Don Salluste lui rappelle quel rôle il doit jouer et Ruy Blas comprend enfin que sa seule motivation est de se venger de la Reine.
Acte IV, « Don César » : Don César a réussi à s’échapper de l’endroit où il était séquestré et il est pris pour Ruy Blas : on lui remet une bourse, puis un rendez-vous d’amour et deux épées pour le duel promis à Ruy Blas. Il tue finalement Don Guritan et déjoue les plans de Don Salluste mais ce dernier le fait arrêter en le faisant passer pour un voleur célèbre, Matalobos.
Acte V, « Le tigre et le lion » : Don Salluste réussit à confondre la Reine ; il la surprend en rendez-vous secret (organisé par lui-même) avec Ruy Blas – Don César et promet le silence si elle renonce au trône. Elle est prête à accepter le marché lorsque Ruy Blas tue Don Salluste, révèle à celle qu’il aime sa véritable identité et s’empoisonne. Il meurt dans ses bras, apaisé par son pardon et son amour.
Ruy Blas est un drame en cinq actes, en vers, écrit par Victor Hugo en 1838. Le souci de réalisme, de précision historique, mais aussi les caractéristiques des personnages ( le jeune valet emporté par la passion et l’idéal ; la jeune reine délaissée prête à succomber à l’amour ; le courtisan déchu obsédé par la vengeance) font de ce drame une œuvre représentative du courant romantique et surtout du renouveau du genre théâtral.
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