Premiers succès
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Parmi les plus célèbres des premiers inconditionnels du peintre se trouvent le député socialiste Marcel Sembat, collectionneur à ses heures, et le négociant moscovite Stchoukine, qui achètera la plupart des toiles majeures de Matisse jusqu'en 1914. En 1906, une exposition lui est enfin entièrement consacrée, à la galerie Druet, rue du Faubourg Saint-Honoré, et c'est un succès. Mais surtout, en 1908, il signe un contrat ferme avec la galerie Bernheim jeune. Matisse est désormais considéré comme un maître et aura une « académie », qui fonctionnera de 1907 à 1911. Matisse aura jusqu'à soixante élèves, mais l'énergie qu'il devra fournir l'incitera à fermer cette académie. Matisse a désormais également les moyens de voyager : en Allemagne, plusieurs fois, dont une en 1908, à Berlin, pour assister à une exposition de ses toiles ; en 1906 à Florence, chez les Stein ; la même année en Algérie, d'où il ramène des objets et quelques impressions. Et, surtout, Matisse continue à peindre, approfondissant ses recherches sur les pouvoirs expressifs de la couleur.
Ainsi, le Nu
bleu (Souvenir de Biskra)
(Musée de Baltimore) reprend la pose de l'une des
nymphes au second plan du Bonheur de vivre.
Cependant, le traitement en est
complètement différent : il n'y a plus
de couleur vive et chaude posée en aplat, ni de
sensualité éthérée, mais un
corps puissamment modelé par des
dégradés de tons bleutés, la
même pose paraissant d'emblée plus
provocante et contorsionnée que son modèle.
On retrouve le cerne autour du corps, bleu profond,
large, qui accentue le caractère de la figure. Par
ailleurs, du « souvenir » de
Biskra, on ne trouve que les palmiers de
l'arrière-plan, qui complètent de teintes
vertes et ocres les bleus et violets du premier plan.
La toile sera incomprise : à Berlin,
en 1908, on la trouvera moralement choquante, et lors de
l'exposition de l'Armory Show de Chicago, en 1913
(donc bien longtemps après sa création !),
des étudiants en brûleront la copie en
pleine rue ; ce qui, en soi, donne raison à
Matisse : d'un sujet courant (un nu
féminin), le traitement de
la forme par la couleur peut faire quelque chose
d'entièrement nouveau et, dès
lors, de choquant, comme
le furent ses portraits fauves de Collioure.
Autre développement du Bonheur de vivre,
les deux toiles Luxe
I et Luxe
II, peintes respectivement en 1907 et
1908.
Les deux toiles présentent exactement la
même composition : trois femmes nues aux corps
stylisés dans un paysage simplifié à
l'extrême (plage au premier plan, où se
tiennent les figures, mer, collines au loin, ciel). De la
toile émane une étrange
atmosphère, à laquelle chaque
élément concourt, à commencer par la
présence mystérieuse de ces trois
femmes. La figure la plus importante se tient au
premier plan et occupe la partie gauche du tableau sur
toute sa hauteur ; la seconde femme est accroupie
à ses pieds, qu'elle semble essuyer à
l'aide d'une grande pièce de tissu ; se
découpant sur la mer, en retrait des deux autres,
la troisième femme s'approche, tenant des fleurs
à la main. Chaque élément
s'intègre harmonieusement dans l'ensemble ;
les corps nus, la plage, la mer, les collines, le ciel,
un nuage.
Dans Luxe I, comme dans le Nu bleu, les
couleurs n'ont plus rien à voir avec celles du
Bonheur de vivre, à l'intensité
acidulée : il y a des tons terreux, des
bruns, des verts atténués, un bleu-violet,
et les trois corps sont peints de couleurs claires,
respectivement ocre, vert et rose. La touche large et
brossée crée un effet d'irisation qui
disparaît complètement dans Luxe II,
où les couleurs, moins nombreuses et plus
saturées, sont posées en aplat ; les corps
sont là cernés d'un mince filet noir. De
l'exactitude de la composition ressort une impression de
plénitude. Cette attention accordée
à l'équilibre d'ensemble, où
chaque élément est à sa juste place,
a selon Matisse des vertus expressives aussi
évidentes que fragiles : un détail
superflu, un détail oublié, et l'harmonie
est rompue.
Il suffit, pour en avoir le coeur net, de voir une oeuvre
peinte à la même époque, en
1908 : La Desserte, harmonie rouge.
La Desserte rouge aura un , car elle sera d'abord , puis elle est exposée au Salon d'Automne de 1908 en , et c'est finalement en qu'elle arrive entre les mains de Stchoukine ; bien que ce dernier ait du mal à le croire, il s'agit bien de la même toile.
Cette démarche est en l'occurrence tout à
fait caractéristique de Matisse :
Il faut que les signes divers que j'emploie soient
équilibrés de telle sorte qu'ils ne se
détruisent pas les uns les autres [...] Une
nouvelle combinaison de couleurs succédera
à la première et donnera la totalité
de la représentation.
C'est donc un bleu qu'a remplacé, en dernier lieu, le rouge carmin qui occupe les trois quarts de la surface du tableau. Celui-ci représente une scène d'intérieur, avec, comme la plupart des oeuvres de ce type chez Matisse, une ouverture (une fenêtre) sur l'extérieur, ici un jardin. Une servante sert (ou dessert ?) la table, sur laquelle se trouvent des fruits, sertis dans une coupe ou dispersés, ainsi que des carafes de vin. Sur la table et sur le mur du fond, le même rouge intense, animé des mêmes motifs végétaux de couleur bleue. Ainsi, même si la perspective est respectée (on distingue, grâce à la direction des motifs, trois plans de la table, et un mince liseré noir délimite cette dernière du mur), il en ressort une forte impression de frontalité, par l'uniformité du rouge dominant et par la répétition des motifs décoratifs qui s'en détachent. Mais la toile perdrait son unité et sa cohérence si d'autres éléments ne venaient en complément : les notes colorées (vert, jaune, orange, rouge) des fruits sur la table ; le noir bleuté du corsage de la servante et le blanc de son tablier ; le jaune paille de la chaise ; l'ouverture sur la verdure du jardin, où se trouvent d'indispensables rappels de couleur (fleurs jaunes, feuillage blanc des arbres, petite maison d'un rouge brique, atténué par rapport au rouge carmin de l'intérieur, ciel bleu). Qu'un seul de ces éléments manque, même le plus infime, et c'est tout l'équilibre de la composition qui est rompu. Il en va de même des contrastes de formes, entre l'orthogonalité de la fenêtre et les courbes du décor.
Par La Desserte, harmonie rouge, Matisse parvient à résoudre la contradiction entre réalisme du sujet et la connotation décorative de l'expression.
A partir de 1906, Matisse connaît enfin le succès. Il se lie avec de prestigieuses galeries, multiplie les expositions (jusqu'à Berlin en 1908), voyage beaucoup (Algérie, Allemagne, Italie). De cette époque ressort son désir d'affirmer sa manière de peindre. Depuis le Bonheur de vivre, Matisse ne dévie plus de la direction qu'il s'est choisi : l'harmonie par la composition réfléchie de la toile, tant par la forme que par la couleur. C'est en ces termes qu'il pendra, entre 1907 et 1908, Luxe I et II, ainsi que La Desserte, harmonie rouge.
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