Pensées : synthèse 1, l'honnête homme
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- Se préparer à la dissertation sur l’œuvre au programme.
Les citations font référence aux fragments de l'édition proposée par Léon Brunschvicg, le livre de poche.
• La vanité
La vanité désigne étymologiquement « vanitas : état de ce qui est vide, qui n’a qu’une apparence vaine et futile ». Pascal montre la disproportion entre le vide des hommes et leur propension à désirer au-delà de leurs capacités. « Qu’est-ce que l’homme dans la nature ? Un néant à l’égard de l’infini (...) Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, également incapable de voir le néant d’où il est tiré, et l’infini où il est englouti. » ([351], Pensée 72)
L’homme, a en lui « une puissance trompeuse » faisant paraître admirable ce qui est sans importance.
Exemple : le prédicateur peu présentable qui ne sera pas cru, puis le médecin et le magistrat qui, sous le couvert de l’habit, sont considérés comme détenteurs d’une science transcendante. ([362], Pensée 82)
• Les effets de cette vanité face aux exigences de la société
La conséquence est l’impuissance des hommes face à la justice et au droit. Le constat est donc plus amer : le désordre de la société trouve sa source directement dans la corruption de l’homme et de sa raison : « Cette belle raison corrompue a tout corrompu. » ([69], P.294)
Cela entraîne alors une confusion générale : on remplace le souverain bien par tout ce qui plaît au libre choix des législateurs, des magistrats, des mœurs et coutumes des pays. L’homme est désormais incapable de s’en sortir seul s’il n’est appelé par une puissance supérieure.
La quête du juste et du vrai n’est pas vaine comme le sous-entend le pessimisme philosophique de Montaigne. La prise de conscience de la misère de la condition est déjà une grandeur en soi.
La misère et la grandeur sont indissociables, comme inextricablement liées : « La misère se concluant de la grandeur et la grandeur de la misère, les uns ont conclu la misère d’autant plus qu’ils en ont pris pour preuve la grandeur et les autres concluant la grandeur avec d’autant plus de force qu’ils l’ont conclue de la misère même. » ([161], P.416)
• Du constat de la misère humaine à la notion de grandeur
Pascal dépasse le constat de la disproportion (entre le désir du bien et l’échec lamentable à l’obtenir). Le fait que l’homme prenne conscience de ses failles lorsqu’il est en situation d’échec est la preuve de sa grandeur, dans la mesure où il garde en référence un repère : sa dignité perdue. Ainsi, « C’est être grand que de connaître qu’on est misérable. » ([165], P.397)
• Foi en l’homme
Pascal a foi en les dispositions de l’homme qui le poussent à organiser la cité, rechercher le vrai. Si l’homme était voué au renoncement, il n’aurait jamais engagé de telles recherches et serait resté à l’état d’ataraxie (immobilisme, mollesse).
Exemple : les recherches scientifiques prouvent la disposition de l’homme à s’enquérir de la vérité, au delà des échecs. La volonté d’organiser le monde selon des lois implique une notion de justice à laquelle les hommes aspirent, maladroitement.
Le souvenir vague d’une grandeur perdue est un appel, un espoir bien éloigné de la croyance sceptique qui veut l’homme malheureux, impuissant, misérable.
C'est une dominante des écrits moralistes du 17e siècle.
Pascal montre que l’homme est aveuglé par son amour d’un moi haïssable. « C’est sans doute un mal que d’être plein de défauts ; mais c’est encore un plus grand mal que d’en être plein et de ne les vouloir pas reconnaître, puisque c’est y ajouter encore celui d’une illusion volontaire. » (Manuscrit de l’Abbé Périer, P.100)
Ce moi recherche une satisfaction immédiate dans le plaisir charnel, l’orgueil de la domination politique ou de la découverte scientifique. L’amour propre dissimule la prise de conscience des faiblesses et éloigne de la recherche du bien. De plus, il s’institue comme une règle de conduite commune puisqu’il s’agit non seulement de cacher ses failles à soi même mais à autrui également. « L’union qui est entre les hommes n’est fondée que sur cette mutuelle tromperie. »
• Humilité
Il faut rechercher une forme humble et saine de l’amour que l’homme doit se porter : « Pour régler l’amour qu’on se doit à soi-même, il faut s’imaginer un corps tout plein de membres pensants, car nous sommes membres du tout », membres de l’ensemble des vrais croyants, membres du corps de l‘église de Dieu. (Emprunt à Saint-Paul de l’image du corps et de ses membres, [149], P.483)
La forme saine que l’homme se porte à lui-même est la figure de l’amour que le chrétien doit avoir pour autrui et pour Dieu.
Loin des lourds traités et des longueurs scolastiques (enseignement philosophique et théologique se figeant dans un discours formaliste), la pensée de Pascal revêt des formes brèves, plus adaptées à ses réflexions. Il fixe une image, une idée, pour développer ensuite dans de plus vastes ensembles
Exemple : le divertissement, (cf. fiche lecture méthodique). Il s’agit d’éviter l’ampleur inutile qui concourrait à flatter l’ego du penseur : « La vanité est si ancrée dans le cœur des hommes, qu’un soldat, un goujat, un cuisinier, un crocheteur se vante et veut avoir ses admirateurs ; et les philosophes mêmes en veulent ; et ceux qui écrivent contre en veulent avoir la gloire d’avoir bien écrit ; et ceux qui les lisent veulent avoir la gloire de les avoir lus ; et moi qui écris ceci, ai peut-être cette envie ; et peut-être que ceux qui liront... » ( 49], P.150)
• Soumission et humilité
Tenter Dieu en lui demandant sa grâce, c’est encore écouter son amour propre alors que l’attente et la prière sont déjà un effet de sa grâce. L’humilité, c’est aussi laisser le cœur opérer intuitivement, parce que l’intuition et la révélation ne trompent pas : « Tout notre raisonnement se réduit à céder au sentiment ».
L’humilité consiste à n’aimer que Dieu et à haïr le moi : « Ne vous étonnez pas de voir des personnes simples croire sans raisonnement : Dieu leur donne l’amour de soi et la haine d’eux-mêmes, il incline leur cœur à croire. On ne croira jamais, d’une créance utile et de foi si Dieu n’incline le cœur, et on croira dès qu’il l’inclinera. » ([485], P.284)
• Montaigne
L’honnête homme se préoccupe d’un contact vrai avec son lecteur, en lui faisant part de ses doutes sur la condition des hommes, en refusant le pédantisme (étalage de ses connaissances).
Mais Pascal lui reproche de s’écarter de la règle de discrétion essentielle chez l’honnête homme, de parler trop de soi. Il critique : « Le sot projet qu’il a eu de se peindre ».
• Les mondains
Le chevalier de Méré et le bourgeois Miton ont écrit sur l’honnêteté en des termes qui trahissent l’influence de Montaigne. Mais leur doctrine s’éloigne de la morale dans le sens où l’honnête homme sait plaire, se faire aimer : il possède l’art d’agréer et de persuader.
Mais la volonté d’attirer la bienveillance nuit à l’idéal d’humilité.
• Descartes
Il élève l’esprit scientifique en idéal.
Pascal n’en juge pas moins Descartes « inutile et incertain », parce qu’il « approfondit trop les sciences » Descartes bâtit une philosophie universelle dans laquelle Dieu est à peine visible, niant par là même, la petitesse de l’homme face à l’immensité à connaître.
L’honnête homme est l’ennemi des extrêmes et excès : ceux qui recherchent les plaisirs de la volupté et de la passion (exemple : héros de tragédie comme Horace, dont il critique les sentiments inhumains), ceux qui recherchent la gloire dans la domination, ceux qui veulent flatter leur orgueil dans leur spécialité... « Il faut qu’on n’en puisse dire ni : il est mathématicien, ni prédicateur, ni éloquent, mais il est honnête homme. » ([440], P.35)
• Sa première qualité est la discrétion : « On ne les devine point ».
L’universalité de l’honnête homme lui permet d’atteindre ce qui est profondément humain au-delà des différences individuelles. Il cache des qualités : « Il est également de ce caractère qu’on ne dise point d’eux qu’ils parlent bien, quand il n’est point question de langage, et qu’on dise d’eux qu’ils parlent bien, quand il en est question » ([129], P.34). Cette qualité leur permet de juger mieux que quiconque.
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