Pensées : lecture méthodique 2, les deux infinis
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Les citations font référence aux fragments de l’édition proposée par Léon Brunschvicg, le Livre de Poche.
Page 25, fragment 72 :
« Que l’homme contemple donc la nature (…) sans une capacité infinie, comme la nature. »
Voir un extrait :
Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit, et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que ces astres, qui roulent dans le firmament, embrassent. Mais si notre vue s'arrête là que l'imagination passe outre, elle se lassera plutôt de concevoir que la nature de fournir.
[...]
C'est une chose étrange qu'ils ont voulu comprendre les principes des choses et de là arriver jusqu'à connaître tout, par une présomption aussi infinie que leur objet. Car il est sans doute qu'on ne peut former ce dessein sans une présomption ou sans une capacité infinie, comme la nature.
(...)
• Problématique : la prise de conscience de la « disproportion de l’homme » et la révélation de sa situation tragique est une invitation à rejeter toute présomption, pour s’ouvrir à Dieu. S’allient la rigueur logique de la démonstration pascalienne et l’art de la rhétorique persuasive.
• Conversion du regard : pour tenter de mesurer l’immensité, il faut se soustraire « des objets bas qui l’environnent » (l’adjectif bas utilisé ici péjorativement par opposition au regard vers le haut, mais surtout d’un point de vue moral.). Le regard passe de l’indignité à la grandeur ; du bas vers le haut (la « bassesse » de l’ici-bas s’oppose en réalité à la majesté de la nature saisie dans sa totalité).
• Expansion du moi vers l’univers, le Tout (adjectifs évocateurs « entière, pleine »), dans la contemplation, d’où la prééminence du champ lexical de la vue (« contemple, vue, regarde, éclatante, paraisse... »).
Il y a élévation par la pensée pour un retour sur soi plus humble.
• Métaphore visuelle, le voyage cosmique : les propositions se succèdent au rythme même du regard de l’homme, guidé vers l’infiniment grand, selon le principe de la relativité mutuelle des grandeurs. (Mimétisme de la syntaxe, multipliant les propositions à l’infini et l’allitération en [r] qui chante ce développement infini des cercles.)
• L’étonnement : devant la découverte de l’amplitude énorme (« qu’il s’étonne de... »)
Le sens au 17e siècle sous-entend un choc émotionnel se rapprochant des verbes « effrayer, trembler » dans la suite de l’extrait. La répétition du nom « point », de l’infiniment petit, accentue le malaise de l’homme dont le regard tente de franchir le seuil de l’infime.
• La disproportion de l’univers eu égard aux projections de l’imagination : Pascal multiplie les négations restrictives « ne... que » pour tenter une approche de l’infini « Tout le monde visible n’est qu’un trait imperceptible dans l’ample sein de la nature » : forte antithèse entre l’imperceptible /néant et l’immensité/infini. L’image du trait, assemblage des points imperceptibles montrent la raison impuissante, l’imagination impuissante : vanité de la présomption des hommes.
L’envergure infinie de l’espace étant inaccessible, il est donc seulement possible de la suggérer négativement.
• L’impuissance des hommes : la multiplication des tournures négatives, les verbes d’effort et de gestation « avoir beau, approcher, enfanter, enfler » mettent l’accent sur la vanité de leurs efforts.
L’univers s’avère incommensurable, hors d’atteinte de toute perception et puissance imaginative.
• Enigme irréductible : utilisation d’un discours cosmologique flou.
Exemple : l’image de la sphère, de sa circonférence... L’image énigmatique et paradoxale, décrit aussi bien le cosmos que Dieu : un monde clos de rayon infini, dont le centre est partout...
• Retour « vers soi » humble, avec la terminologie de la valeur « au prix de, le juste prix, estimer », voire une réévaluation, un réajustement. Il y a volonté d’humilier la pensée de l’homme pour lui révéler la misère de sa condition abordée ici sous l’angle de sa propre finitude. Modestement, Pascal invite à formuler son respect de « la terre, les royaumes, les villes et soi-même » (progression du plus large au plus personnel).
• Perspective psychologique : tout repère humain est retiré (géométrie, cosmologie) pour laisser parler Dieu… L’égarement de l’imagination devant l’infini atteste de l’existence de Dieu non d’un point de vue métaphysique mais psychologique (« c’est le plus grand caractère sensible de la toute-puissance de Dieu que notre imagination se perde... »).
Les limites de l’esprit humain sont autant d’appels à la reconnaissance de l’omnipotence divine.
• Volonté de créer un vertige. Injonction solennelle à porter un regard dans le sens strictement inverse de celui du début de l’extrait : de la totalité des espaces inimaginables au retour sur son être intérieur, dessinant la disproportion de sa propre matière (grossissement progressif de la loupe-perception, se référant à l’utilisation du microscope, avec la répétition incessante de « et dans ses... »).
L’utilisation récurrente des mots de la famille de la petitesse, des comparaisons de supériorité sont renforcées par l’adverbe ironique « incomparablement » : il compare l’incomparable, vers un « abîme nouveau ».
• Rééduquer le regard de l’homme : de la disproportion de sa matière vers la pluralité des espaces. La longue période est construite sur le principe de la multiplication des espaces vers l’infini (« non seulement... mais ») ; l’imbrication du visible et de l’invisible (« dans l’enceinte de ») ; du noyau vers ses ramifications (« une infinité d’univers, dont chacun a son firmament »). La phrase mime ce cycle « sans fin et sans repos ».
• L’effroi. Dans la contemplation de la nature, devant les deux infinis, s’éprouve l’effroi de l’ego égaré : (vocabulaire de l’effroi « s’effrayer de soi-même, trembler, admiration », dont le sens se rapproche de « stupeur »).
• Expérience de perte et de dissolution. Il y a aliénation et effondrement du principe de connaissance idéale (de nombreuses formes négatives, au présent de vérité générale sont sans concession ; de nombreux adjectifs et adverbes sont formés à partir du préfixe privatif, négatif in-/im- présentant l’homme comme privé de connaissance : « invinciblement cachés dans un secret impénétrable. »)
Pascal jette le lecteur dans un égarement total, sans repère ni lieu propre « le néant d’où il est tiré et l’infini où il est englouti » : les tournures passives instaurent l’homme en position de jouet, de roseau non encore pensant qui n’a pas encore tiré sa grandeur face à l’univers.
• Volonté de gager sur l’existence de « l’auteur de ces merveilles », seul entité capable au-delà de la logique, de la cosmologie, de la raison d’unir néant et infini.
L’homme n'est pas à la mesure des univers qu'il veut découvrir sans le secours de Dieu : l’étonnement ironique de l’auteur montre l’opposition entre l’aspiration des hommes (tournures hyperboliques et comparatives « tout, aussi infinie que... ») ; et l’irréel du procès (« comme s’ils avaient quelque proportion... »).
Un drame se joue : la véritable démesure est de prétendre atteindre ce qui est incommensurable, car qui ambitionne de connaître et comprendre l’infini sera d’un orgueil infini.
L'objectif est de le débarrasser de sa présomption, en l’amenant à contemplation du monde qui l'entoure, afin qu'il accepte l’essence divine.
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