Métissages plastiques
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre le rôle que joue la contingence dans le métissage des œuvres d’art.
- Établir le lien entre culture et création artistique.
- Comprendre que le jugement esthétique prend appui sur des valeurs et des représentations constitutives de la culture.
- La notion de métissage est avant tout culturelle.
- La notion de métissage plastique doit s’émanciper des préjugés qui ont pu accompagner la notion de métissage biologique : le pur et l'impur ne sont que des notions subjectives et invalides.
Les œuvres d’art appartiennent au champ de la culture, si bien que tout métissage dans une œuvre plastique relève d’abord d’un métissage culturel. Cette rencontre, ce croisement des cultures est à la fois un geste volontaire, mais qui enveloppe aussi des conséquences involontaires : le métissage s'ouvre alors sur un résultat imprévisible. Les catégories traditionnelles de l’art et plus particulièrement l'inscription des œuvres dans une tradition occidentale seraient remises en cause, à la faveur d’une rupture avec une culture et une histoire propre à une aire culturelle.
La création artistique ne peut pas être
contrôlée de part en part. Cependant, le
fait de vouloir déborder les cadres de
référence de sa culture
d’appartenance en croisant volontairement celle-ci
avec d’autres, mais aussi plus
généralement, de forcer la rencontre entre
des cultures différentes, s’inscrit dans un
contexte mondialisé.
C’est d’ailleurs dans un monde où
l’information circule, où les
sociétés sont multiculturelles, où
les limites entre les aires géographiques
s’effacent, qu’une telle possibilité
de mélanger les genres, formes, esthétiques
et finalement, les cultures, existe.
Par essence, le métissage renvoie à la plasticité de son matériau dont la forme est sans cesse susceptible de changer au gré des tentatives et essais qui à chaque fois, sont certes les fruits de rencontres volontaires, mais donnent lieu à des résultats qui ne le sont pas. Aussi doit-on remarquer que cette plasticité des œuvres est au cœur de la création dès lors qu’elle s’écarte de l’imitation d’une tradition.
Toute création relève d’un croisement si bien que même dans la conservation d’une tradition, cette plasticité est à l'œuvre, car imiter n’est pas reproduire à l’identique. Ainsi, à chaque fois qu’un artiste réalise une œuvre, il y a un croisement entre un héritage et d’autres séries de causes : celles de sa biographie, de ses choix, de ses désirs, etc.
Il reste qu’il faut cependant distinguer le concept de métissage de celui, plus vaste, de croisement, dont il n’est qu’une espèce : nous pouvons croiser à l’intérieur d’une culture notre histoire personnelle et une tradition. Or la notion de métissage correspond au croisement de plusieurs cultures.
Le mouvement nabi entre 1888 et 1900 autour de Paul Sérusier (1864-1927) correspond à la rencontre d'une peinture occidentale en mal d’académisme et d’un besoin de spiritualité comblé auprès de l’Orient.
Le fait que ce brassage soit plastique requiert de psychanalyser le concept de métissage des préjugés qui l’accompagnent et plus particulièrement des connotations péjoratives qui pourraient l’accompagner. Ce croisement des cultures correspond à une corruption de celles-ci, corruption qui renverrait à un passé colonial où la rencontre de l’autre et l’union à celui-ci donnaient naissance à des êtres « métis », qui ne sont pas de race pure.
Si ce dernier concept ne fait pas sens en biologie pour diviser une humanité qui appartient bel et bien à une même espèce, il reste que sa transposition dans le domaine de la culture pourrait faire accroire à une forme de dégradation de celle-ci par son métissage avec une autre. Cela donnerait alors lieu à des œuvres de moindre valeur ontologique et esthétique.
On comprend alors que la notion de métissage plastique doit s’émanciper des préjugés qui ont pu accompagner la notion de métissage biologique. Mais surtout, renoncer à la séduction des catégories du pur et de l’impur, qui par leur séparation conduisent à créer une hiérarchie entre deux catégories d’êtres et d'œuvres.
L'œuvre de Paul Gauguin réalisée aux îles Marquises, qui sont immergées, est porteuse d’un message de corruption de la société polynésienne : l’impureté a alors changé de camp, car c’est la culture occidentale qui est principe de corruption.
Gauguin saura aussi dépasser ce clivage, comme avec Oviri (1894), une céramique inspirée de la déesse polynésienne du deuil Hina, qui peut être aussi interprétée comme le double de l’artiste.
Il serait séduisant de prendre ici la perspective
d’une culture éveillée qui serait
capable de reconnaître et de considérer leur
égale légitimité et valeur, mais
aussi d’en faire de même de toute
création où se télescopent ces
traditions.
Cette culture dite universelle est ainsi le reflet
d’un esprit lui-même universel qui
perçoit toutes les cultures dans un même
esprit de tolérance, refusant par là les
ségrégations et hiérarchies
arbitraires qui ne sont que les expressions de
préjugés inconscients.
Dans L’objet invisible, 1934-1935, Giacometti éclate dans ses sculptures surréalistes les limites d’un inconscient culturel particulier pour explorer des références aux arts africains et océaniens.
Toutefois, cette thèse repose sur un paradoxe qui
en dessine aussi la limite. En acceptant et promouvant
une telle interconnexion culturelle, on serait conduit
à déclasser et à
déprécier ce qui cherche à maintenir
et cultiver la tradition.
Autrement dit, cet éveil au croisement et au
métissage serait porteur d’une illusion de
fin de l’histoire en art, en tant que rencontre et
brassage de tous les héritages culturels dans une
seule et même culture mondiale.
Toutes les traditions convergeraient vers leur rencontre et, avec un esprit conscient de ses préjugés et qui refuse l'enfermement dans une catégorie, vouloir continuer à promouvoir une différence, une culture, un genre ne serait que témoigner d’un défaut d’éveil.
À terme, l’éveil réclame de ne plus s’enraciner dans le seul terreau d’une culture et de promouvoir une forme de « déterritorialisation de l’art » pour reprendre une expression chère à Gilles de Deleuze. On objectera que l’on peut continuer à cultiver une tradition en art tout en étant éveillé aux autres, c’est-à-dire, en étant conscient de ses choix et leur limite.
Mais si on choisit une possibilité au
détriment des autres, alors l’éveil
se heurte à l’arrêt d’une
décision qui, au regard d’une conscience
capable d’accepter de multiples différences,
reste in fine toujours arbitraire, et ce faisant,
manque les conséquences ultimes de
l’éveil. On répondra alors que
l’éveil est un mouvement et que ce qui
compte c’est d'avoir la capacité de remise
en cause qui permet l’éveil. Ou encore, que
cet éveil se cultive et qu’il consiste en la
possibilité de créer un dialogue entre les
traditions pour en reconnaître l’égale
légitimité.
C’est cependant passer sous silence qu’un tel
universalisme a pour finalité un
dépassement de ces différences et que
l’usage d’un tel dialogue atteste que cette
fin n’est pas encore réalisée.
Prôner le métissage culturel et artistique ne doit pas faire oublier que tout croisement n’est possible que si des cultures différentes continuent d’exister et que celles-ci surtout sont vivantes et continuent dans leur genre à créer. La plasticité n’est possible qu’à partir d’un matériau initial : voilà qui justifie de cultiver des différences nécessaires à leur dépassement.
Il faut aussi ajouter que toute transgression des limites
traditionnellement assignées aux cultures, formes
et genres et qui les définissent conduit aussi
à vouloir se démarquer d’une culture
uniformisatrice.
En d'autres termes, face à une culture monde
où tout est égal et possible, se
constituent des groupes qui s’identifient à
des règles, formes et normes esthétiques
qui leur sont propres. En est-il ainsi du « look
» et de la mode qui caractérisent des
mouvements culturels visant à créer une
identité en rupture avec un nivellement des
goûts.
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