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Les réactions politiques face à la crise

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Objectif
  • Savoir quel impact la crise de 1929 a eu sur les démocraties parlementaires.
  • Savoir quelles politiques ont mené les États pour faire face à la crise.
Points clés
  • Face à la crise, la plupart des États ont le réflexe de pratiquer une politique déflationniste de baisse des dépenses publiques pour équilibrer le budget.
  • Ces politiques échouant à enrayer la crise, la tentation autoritaire et anti-libérale grandit en Europe et en Amérique latine.
  • Aux États-Unis, la stratégie du président Roosevelt propose de réajuster le capitalisme libéral en permettant une intervention accrue de l’État.
1. Quel rôle l’État doit-il jouer face à la crise ?

La crise de 1929 est une crise boursière, puis bancaire. Très vite, elle se généralise à tous les États-Unis, avant de devenir une crise mondiale.

Partout, les économies s’effondrent et les gouvernements, déboussolés face à la chute des recettes de l’État, ont le réflexe de baisser les dépenses publiques pour équilibrer leur budget.

Dans le monde capitaliste, chaque pays prend exemple sur les États-Unis. Le président américain Hoover et ses conseillers espèrent que le marché va finir par s’auto-réguler grâce à la loi de l’offre et de la demande.

Loi de l’offre et de la demande : mécanisme économique qui permet de fixer le prix d’un bien ou d’un service et qui repose sur l’équilibre entre la quantité de bien disponible et la demande de ce même bien.

On baisse les dépenses publiques (salaire des fonctionnaires, aides sociales, etc.). On parle de politiques déflationnistes, ou restrictives. Cependant, ces politiques ne permettent pas d’enrayer la crise. Au contraire, la baisse des dépenses publiques nourrit la crise en affaiblissant encore la consommation.

La violence de la crise et ses conséquences sociales posent partout des questions politiques : l’État doit-il rester en retrait de l’économie ou intervenir, voire la diriger ?

2. Les conséquences politiques de la crise : la poussée de l’autoritarisme
a. En Europe, des démocraties parlementaires fragilisées

La crise montre les limites d’un système capitaliste peu ou pas encadré par l’État. Le chômage de masse et l’incapacité des gouvernements successifs dans les différents pays touchés par la crise décrédibilisent les régimes en place.

De plus en plus d’Européens sont tentés par d’autres modèles que la démocratie libérale et s’intéressent aux régimes issus de la Première guerre mondiale, notamment à l’URSS, qui semble échapper à la crise, ou au fascisme italien. Ils sont tentés par un pouvoir exécutif fort, capable de prendre des mesures énergiques et efficaces pour sortir de la crise et résoudre le chômage

  • En Allemagne, la République de Weimar née à l’issue de la Première Guerre mondiale vacille face à la montée des extrêmes. Adolf Hitler promet de résoudre le problème du chômage et de redresser l’économie. Il profite de la division de la gauche (sous la poussée du communisme allemand) et parvient au pouvoir en 1933 pour établir sa dictature.
  • L’Autriche du chancelier Engelbert Dollfuss glisse, elle aussi, de la démocratie parlementaire vers un régime autoritaire à partir de 1933.
  • En France, où la République est pourtant plus ancienne, le régime parlementaire est lui aussi fragilisé. Le 6 février 1934, on craint même une tentative de coup d’État mené par les ligues d’extrême-droite, qui manifestent et convergent vers l’Assemblée Nationale. Mais le régime survit finalement, et la peur d’un coup d’État provoque le rassemblement de la gauche au sein du Front Populaire (1936).
Ligues d’extrême-droite : organisations politiques d’extrême-droite, souvent paramilitaires. Dans la France de l’Entre-deux-guerres, il n'existe pas de grand parti fasciste comme en Italie ou en Allemagne.
b. En Amérique latine, la multiplication des régimes autoritaires

La violence de la crise en Amérique latine provoque la chute de la plupart des régimes. Entre 1929 et 1933, une dizaine de pays connaissent une révolution ou un coup d’État : l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, le Pérou, etc.

Des élections changent la nature du régime dans la plupart des États d’Amérique centrale (au Mexique, en Honduras, au Nicaragua, au Costa Rica, en Colombie) ou en Uruguay. Les Caraïbes sont également touchés (élections en Haïti, révolutions à Cuba et en République dominicaine).

On observe une multiplication des régimes autoritaires, comme celui d’Uruburu en Argentine, ou de Vargas au Brésil. Vargas s’inspire à la fois du fascisme italien et de la dictature portugaise de Salazar.

L’État autoritaire sud-américain est en général mené par un dictateur qui prétend défendre les intérêts du peuple contre les élites qui profitaient des exportations. C’est pourquoi on qualifie parfois ces régimes de populistes. Il remet en cause le libéralisme en dirigeant davantage l’économie et tente de lancer l'industrialisation pour ne plus dépendre autant des produits manufacturés étrangers et des exportations de matières premières.

3. Franklin Delano Roosevelt et le New Deal
a. Le New Deal

Aux États-Unis, où l’on veut traditionnellement un État le plus absent possible de l’économie, on en vient à questionner le capitalisme libéral. Cependant, on n’y fait pas le choix de renverser le système, mais de l’ajuster en augmentant la dose d’intervention de l’État.

C’est le démocrate Franklin Delanoe Roosevelt qui incarne cette nouvelle stratégie, après l’échec de la politique déflationniste de Hoover. Roosevelt est élu président en 1933 sur une politique opposée : la baisse des dépenses publiques ne fait qu’aggraver la crise, il faut donc les augmenter.

Son programme, le New Deal (« Nouvelle donne »), propose une politique audacieuse, puisqu’on creusera ainsi le déficit, mais si l’intervention de l’État est bien ciblée et efficace, alors la reprise économique permettra de combler le déficit initial dans un deuxième temps.

New Deal : Franklin Delano Roosevelt (1882 - 1945) à Topeka (Kansas), pendant la campagne électorale de 1932, explique à des fermiers l'impact positif du New Deal sur leur vie. | © Bridgeman Images

C’est une politique de relance repose sur des grands travaux et des aides sociales pour amortir le choc du chômage. L’État lance ainsi la construction de barrages dans la vallée du Tennessee, ce qui offre à court terme de l’emploi et à moyen terme une nouvelle source d’énergie. Les aides sociales soutiennent la consommation pour faciliter la reprise économique. Le New Deal va dans le sens des idées de l’économiste britannique John Maynard Keynes, qui prône une intervention de l’État pour relancer la croissance par la demande.

b. Quel bilan ?

Il convient cependant de tirer du New Deal un bilan nuancé.

Il permet de redresser la barre après l’effondrement de 1929-1933, mais la crise revient dès 1937-1938. Près de 17 % de la population active (10 millions d'américains) est encore en chômage à la veille de la Seconde guerre mondiale et c’est justement cette dernière qui va contribuer grandement à refaire des États-Unis une puissance hégémonique.

Les succès économiques du New Deal sont donc mitigés, mais ce programme a permis à l’État d’élargir son champ d’action et de jeter les bases de l’État-providence. Le Social Security Act de 1935 vise ainsi à protéger les plus âgés, les veuves, les enfants ayant perdu leur père, les chômeurs, etc.

État-providence : modèle d'État qui protège les plus démunis au sein de sa population contre les risques de l’existence (la vieillesse, les maladies, les accidents du travail, le chômage), par des dépenses publiques permises par une solidarité nationale.

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