Les Planches courbes : Le résumé
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Toutes les références renvoient à l'édition suivante : Yves Bonnefoy, Les Planches courbes, édition Mercure de France, 2001, Paris. ISBN 2-7152-2298-X
Trois sections d’étude ont été retenues dans Les planches courbes : « Dans le leurre des mots » (p. 71), « La maison natale » (p. 83), « Les planches courbes » (p. 101) -poème éponyme du recueil- et l’étude de ces sections doit être accompagnée de la lecture complémentaire de la section « La voix lointaine » (p. 57).
Il s’agit de la deuxième section du recueil. Celle-ci est composée de onze poèmes dans lesquels on retrouve des formules qui se font écho et marquent le souvenir quasiment obsessionnel du chant « elle chantait » (p. 61, p. 65, p. 67), la permanence « Et la vie a passé, mais te garda / Vive mon illusion, de ces mains savantes / Qui trient parmi les souvenirs, qui en recousent / Presque invisiblement la déchirure » (p. 60), le vœu ou la prière « ne cesse pas, voix dansante, parole / De toujours murmurée » (p. 63).
Les quatre premiers poèmes jalonnent les étapes d’une réflexion menée en continu, de manière chronologique et exprimée par les éléments de coordination de chaque vers initial : « Je l’écoutais », « Ou bien je l’entendais », « Et je l’aimais », « Et la vie a passé ».
« La voix lointaine » est un chant
(« elle chantait » en anaphore aux sections
V, IX et XI) ; la voix présente est une
interrogation sur ce chant à la section V
(9 vers sur 12 sont interrogatifs, l’expression d’un
doute « Je suis, je ne suis pas » (p. 65).
La voix du poème est aussi un silence,
celui des tumultes apaisés : « les mots se
taisent / Leur son n’est plus qu’un bruit, et le
bruit cesse ».
Ce poème oscille entre l’évocation
d’une « voix lointaine » et est
paradoxalement la présence d’une
voix ; il offre ainsi une définition de la
voix telle que Bonnefoy la pressent : fragile,
précaire, mais proche, expression d’un profond
langage, d’une âme, d’un être, d’un
monde :
« Ne cesse pas, voix dansante, parole
De toujours murmurée, âme des mots
Qui colore et dissipe les choses […]
Voix qui porte de l’être dans l’apparence
Qui les mêle comme flocons de même neige
Voix qui presque s’est tue, lorsque le rêve demanda
trop et crut presque obtenir […]» (p. 63)
La voix est représentée comme « un vrai lieu » de lumière « là où la lampe brille » quand « la nuit est tombée », où « le rayon colore le sable » (p. 57), « lumière de l’esprit », « une lampe cachée contre son cœur » (p. 59). La poésie d’Yves Bonnefoy est bel et bien un lieu de célébration et d’accueil.
Le champ lexical de la fragilité est omniprésent avec des termes comme « syllabe brève », « souffle » (p. 59), « un chant de rien que quelques notes » (p. 61) et des termes évoquant le murmure, le chuchotement évoquent la crainte « de ne plus l’entendre » (p. 57). Parfois ce ne sont « pas même des mots, / Rien que le son dont des mots veulent naître / Le son d’autant d’ombre que de lumière, / Ni déjà la musique ni plus le bruit. » (p. 58). Au final cette voix semble indéfinissable mais sa simplicité de souffle vital et poétique à la fois et sa fragilité font qu’elle est « le seul bien qui soit au monde » (p. 66).
Ainsi la section intitulée « La voix lointaine » est un véritable hymne à la voix, « bien unique » (p. 58) dont la fragilité est soulignée dans l’explicit du poème « les mots se taisent, / Leur son n’est plus qu’un bruit, et le bruit cesse. » (p. 67).
Il s’agit de la troisième section du recueil qui poursuit « La voix lointaine » par l’évocation de souvenirs d’enfance et qui s’en différencie par l’évocation d’un monde onirique. Cette section est construite en diptyque, c’est-à-dire que deux poèmes -de neuf et huit strophes- la composent et qu’ils correspondent à deux moments distincts : le rêve pour le poème I et le réveil pour le poème II.
En effet, dès l’incipit, le lecteur est plongé dans « le sommeil d’été » (p. 71) et l’incipit du poème II (p. 77) évoque le « sursaut du réveil brusque ». Ce rêve et ce réveil successifs traduisent encore le vœu d’un rapport authentique au monde que ce soit par le biais du rêve ou de la réalité représentée ici par une nature élémentaire dont le champ lexical est disséminé «grappe, montagne, le vin, la terre, branche, le feu, la fumée, le fleuve » (p. 71). Le chemin du rêve, jalonné par le souffle poétique, est cependant entre espoir et doute. Et la célébration de ce monde n’est pas dénuée d’ambiguïté ; ces deux poèmes sont le lieu d’une profonde interrogation sur le chant poétique considéré comme leurre et comme chance.
Au final, comme en atteste l’invocation lyrique de la poésie « ô poésie » (p. 78-79), ce poème inscrit pourtant dans une section sur le leurre du langage, est un plaidoyer en acte et en théorie d’une poésie tournée vers le monde avec le risque assumé de « mensonge » (p. 79) que les mots comportent.
La section « La maison natale » est constituée de douze poèmes dans lesquels s’entrelacent et se confondent le rêve, le souvenir d’enfance lié aux figures parentales et le thème de l’eau. On peut d’ores et déjà noter que le motif de l’eau au sein d’un poème intitulé « La maison natale » est surprenant à moins que celui-ci n’évoque le liquide originel maternel.
Les trois premiers poèmes constituent un premier mouvement souligné par l’anaphore « Je m’éveillai, c’était la maison natale ». La violence est particulièrement marquée et en contradiction avec ce que peut évoquer le titre de la section : « l’écume s’abattait sur le rocher, le vent, cendre, le feu, l’eau frappait, résistait ». Cette violence est cependant contrebalancée par l’évocation d’une figure féminine décrite avec des termes mélioratifs « doucement, visage, riant, douceur, déesse, voile de l’eau ». Le motif de l’eau est tour à tour présenté positivement et négativement. Le troisième poème fait place à la « nuit », à la solitude « j’étais seul sur le seuil dans le vent froid » et à « la vie murée dans la vie ». Au sein d’un même mouvement l’alternance entre « bizarrerie du désespoir » (p. 85) et la « joie » (p. 83) est emblématique de la tension poétique du recueil.
Le second mouvement du poème IV à VI est lui aussi entre joie et rire (« je riais » p. 86) et angoisse et douleur « J’entends crier des voix derrière des portes, / Je suis saisi par ces douleurs qui cognent […] j’entre effrayé » (p. 87). Le rapport au langage est empreint de doute « les mots me parlent mais sans convaincre », les images sont « trop vastes […] trop lumineuses » (p. 87). Les souvenirs sont « trop lourd[s] » comme la nuit au travers de laquelle le sujet se les remémore. Le poème VI évoque le réveil qui semble se faire voyage : « Je m’éveillai, mais c’était en voyage », « Après quoi il fit jour ; et le soleil / Jeta de toutes parts ses milliers de flèches » (p. 89). Le regard de l’enfant qui a « l’âge encore de l’espérance » est rasséréné « je regardais l’avènement du monde ». Dédiant ses mots « aux montagnes basses » qui représentent la nature, l’enfant permet une certaine adéquation du langage au réel.
Le troisième mouvement qui couvre les poèmes VII, VIII, IX et X s’inscrit pleinement dans la thématique du souvenir d’enfance et de l’évocation des figures familiales. Le portrait du père imprègne le poème VII qui décrit « le souvenir des matins de l’enfance » (p. 90) : « J’apercevais mon père au fond du jardin ». Ce père est dépeint tour à tour « un matin, l’été […] au fond du jardin », « sur le boulevard […] repart[ant] au travail […] au début de l’après-midi », « dans la salle à manger / De l’après-midi d’un dimanche » (p. 91). Ce qui ressort le plus de ces portraits est justement l’impossibilité d’établir un portrait ressemblant de la figure paternelle ; le travail d’anamnèse du sujet lyrique -que l’on ne peut que partiellement identifier à l’auteur- est douloureux et difficile (Yves Bonnefoy a perdu son père à l’âge de treize ans). « L’oubli, l’oubli avide » (p. 91) est prêt à ensevelir le souvenir qui reste inexorablement « impénétrable ». L’effort pour ressaisir une image du père est d’autant plus douloureux qu’il semble vain puisque le poète qui souhaite supprimer le mot « oubli » n’y arrive pas : « J’aurai barré / Cent fois ces mots partout, en vers, en prose, / Mais je en puis / Faire qu’ils ne remontent dans ma parole.) » (p. 91).
Le poème suivant qui ressemble à un nouveau réveil « j’ouvre les yeux, c’est bien la maison natale » (p. 92) évoque les deux « parents » : « un homme et une femme se sont assis / Devant cette croisée, l’un face à l’autre, / Ils se parlent, pour une fois […]». L’enfant apparaît dans ce poème comme un observateur lucide : « […] L’enfant / Du fond de ce jardin les voit, les regarde. ». L’expression « Il sait que l’on peut naître de ces mots. » est une interrogation sur la naissance de l’être et du langage par le pouvoir de la communication : la communication amoureuse a engendré cet enfant, et cet enfant n’est, au sens existentiel et plein du terme, que lorsqu’il est apte à la communication.
L’image finale du père entre solitude, « fatigue » et détachement se poursuit au poème IX avec l’image de la mère « évasive présence maternelle » (p. 93) qui laisse en héritage « le sentiment de l’exil et les larmes ». A la fin de ce poème « les choses d’ici » qui seraient la maison natale ne sont plus que « le lieu perdu ». Il faut noter la référence au poète anglais John Keats qui s’inscrit elle aussi dans cette thématique : Bonnefoy cite deux vers extraits de l’Ode à un Rossignol de 1819 qu’il a traduit dans Keats et Leopardi « quand déchirée / du regret du pays natal, elle se tenait droite / En pleurs, dans les sillons d’un autre blé ». L’évocation de Ruth renvoie au livre biblique qui porte son nom.
Le poème X semble hésiter entre « La maison natale » et un lieu perdu puis renoue avec « la vie, alors ; et ce fut à nouveau / Une maison natale. » (p. 94), « les jours préservés », « la majesté des choses simples ». Ce poème invoque lyriquement le souvenir : « ô souvenir » (p. 95) et réunit les motifs poétiques chers à Bonnefoy : « Le bruit, d’eau sur les pierres, de nos voix ». Il faut remarquer qu’il s’agit non plus de la maison natale mais d’une maison natale ; il est aussi question « de la maison perdue » (p. 94). De plus, ce poème est orienté vers un décor extérieur qui évoque un décor marin : « un fleuve […] le bruit de voûtes de la mer […] les grandes voiles […] le navire […] au bout des plages […] l’eau calme » (p. 94-95).
Les deux derniers poèmes qui clôturent la section sont orientés vers le départ « Et je repars, et c’est sur un chemin » (p. 96) qui rappelle le décor du poème X « bruyères, dunes, l’eau, l’écume, chardon bleu des sables, rivage, navire, nageurs, l’eau agitée ». Le poète est « sur un chemin qui monte et tourne » celui de la remontée en spirale des souvenirs ; l’évocation de la maison natale et des figures paternelles, imparfaite et douloureuse, fait place à une ouverture authentique au monde et à la nature qui offre « la beauté même, en son lieu de naissance, / Quand elle n’est encore que vérité » et la possibilité de trouver « rivage ». Le dernier poème qui s’ouvre sur les termes « beauté et vérité » (terme sur lequel se clôt le poème XI) revient sur la figure mythologique de Cérès, la déesse romaine des moissons - identifiée à Déméter-. C’est Hadès, le Dieu des Enfers, qui a enlevé Perséphone, sa fille dont il était tombé amoureux ; Cérès n’aura de cesse de chercher son enfant, comme Yves Bonnefoy la figure de l’enfant. La thématique de la renaissance « Comment faire pour que vieillir, ce soit renaître » est intimement liée au vœu d’une parole aimante quelle qu’elle soit : (p. 98)
« Cris d’appels au travers des mots, même
sans réponse,
Parole même obscure mais qui puisse
Aimer enfin Cérès qui cherche et
souffre. »
Le titre du recueil est celui d’un chapitre du livre. « Les planches courbes » sont celles d’un bateau au bord d’un fleuve ; le passeur est un géant ; un enfant se confie à lui ; ils s’éloignent ensemble « dans cet espace sans fin de courants qui s’entrechoquent, d’abîmes qui s’entrouvrent, d’étoiles » (p. 104).
Cette section marque, par l’introduction de la prose, une rupture dans le recueil et ce même si la forme versifiée reste singulièrement présente au cœur des Planches courbes et de Jeter des pierres. Ce poème dont la thématique est l’enfance et la traversée a une tonalité proche du conte : simple et profonde. Il s’apparente aussi à ce que l’auteur lui-même a nommé « des récits en rêve », entre récit en prose classique et récit de rêve freudien ou psychanalytique, puisque le poète-conteur fait ici du rêve le point de départ du récit, un point de passage, une métaphore du voyage où un voyageur rencontre sur un navire un interlocuteur avec lequel s’engage une conversation sur le langage.
L’expression du titre de ce poème a jalonné le recueil et notamment dans les sections « Dans le leurre des mots » et « La maison natale ». Elle est ici le thème-titre du poème mais ces planches ne réapparaissent que pour disparaître. Le mouvement de la lecture du recueil entre linéarité et inclination est celui d’une traversée en barque où la problématique du passage est essentielle. Il est à noter que l’on peut prêter des sens divers à cet apologue mais le mieux est de les garder en soi comme le signe de l’énigme.
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