Les modes d'administration des Empires
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Les politiques coloniales sont souvent justifiées avant 1914, par un discours dominant proposant principalement deux images de la colonisation : une mission civilisatrice et une opération économiquement rentable.
La politique coloniale est assimilée par ses partisans à une mission civilisatrice, coloniser, c'est en effet exporter, sur des territoires conquis, quelques grands principes de civilisation élaborés au sein des sociétés occidentales, tels que les droits de l'homme, la démocratie, le progrès sanitaire et social, la religion chrétienne, l'éducation.
Il convient de noter que les milieux conservateurs les plus
nationalistes ne se sont que rarement rangés du
côté de cette conception, à la
différence des marxistes modérés, qui ont
pu y trouver le moyen d'exporter outre-mer une certaine bonne
parole. La politique coloniale est aussi
légitimée par les dividendes et les
intérêts qu’elle permet d’entrevoir.
Disposer d’un empire colonial serait une opération
économiquement rentable, car il
permettrait :
- d’éviter les fameuses crises de surproduction en
exportant les excédents ;
- de bénéficier de matières
premières bon marché ;
- de faire appel à une main d'œuvre
indigène peu coûteuse, et ainsi de diminuer les
coûts de production de certaines entreprises
françaises.
Ainsi, avant 1914, le fait colonial se justifie souvent par la
voix du libéralisme politique ou par celle d'un
socialisme patriotique, exaltant les vertus patriotiques. Selon
cette vision, la colonisation profite aux peuples
colonisés (bénéficiant de la
civilisation), comme à la puissance coloniale
(bénéficiant d'une croissance économique
accélérée). Dans les faits les
colonies sont le plus souvent les
débitrices d'une métropole qui
persévère dans cette voie, pour satisfaire un
électorat, mais surtout pour ne pas s'aliéner les
Européens partis s'installer -parfois en masse- dans
l'un ou l'autre des territoires colonisés.
- aux Etats-Unis qui se sont progressivement extraits de l'isolationnisme, issu de la Déclaration de Monroe (1822).
- au Japon de l'Ere Meiji (1868) qui a rapidement assimilé la notion de colonie d'exploitation.
Dans les deux cas, la voie de la colonisation s'est ouverte aux dépens d'une puissance européenne elle-même engagée dans le fait colonial, respectivement l'Espagne (1898) et la Russie (1905). De plus, la colonisation s'exhibe et les arts noirs se diffusent au cours des expositions universelles de Londres et de Paris (1900).
Les autres puissances coloniales sont, quant à elles
confrontées à des mouvements de
résistance :
Sud-Ouest Africain (1904-1908) et Tanganika allemands
(1911-1917) ;
Nigéria anglais (1890-1903) ; Angola portugais en
1913. Ces tensions concernent essentiellement des
territoires nouvellement colonisés, mais elles
voient aussi les puissances coloniales s'affronter entre elles
tant les intérêts convergent.
Cette politique de l'Indirect Rule s'applique à des secteurs de faible peuplement européen, tandis que les terres d'immigration reçoivent un statut différent : celui de dominion. Le dominion reconnaît un principe d'autonomie interne ; en 1840, le Canada est doté d'une constitution propre avant qu'il ne devienne un dominion en 1867 comme l'Australie en 1900, la Nouvelle-Zélande en 1907 et l'Union sud-africaine en 1910. En 1926, la Conférence impériale crée le British Commonwealth of Nations, qui obtient un statut juridique en 1931 (Statut de Westminster) puis économique à Ottawa en 1932.
Le British Commonwealth of Nations définit le principe de la préférence impériale de sorte qu'un empire se tient aux côtés de la Grande-Bretagne en 1939.
Au nom des principes de laïcité et
d'égalité, la France défend une
politique de l'assimilation : les peuples
colonisés sont appelés à renier leurs
propres cultures afin de mieux épouser le
prosélytisme républicain de la France. Dans les
faits, cette assimilation culturelle est sans effets et rares
sont les élites locales reconnues en métropole
(Senghor, Eboué, Césaire). En
réalité, l'assimilation est essentiellement
politique avec l'exportation du centralisme administratif
français :
l'Algérie est
départementalisée ;
le Maroc et la Tunisie
deviennent des protectorats aux gouvernements locaux
inféodés à la métropole ;
le reste de l'Afrique française est divisée en
deux blocs géographiques (AOF et
AEF) aux administrations centralisées
sur une capitale (Dakar et Brazzaville). Ainsi la colonisation
française (souvent violente) n'est pas parvenue à
s'imposer aux populations locales, comme elle n'a
concernée -exception faite de l'Algérie- qu'un
nombre restreint de Français. Seules les colonies du
premier empire colonial étaient
représentées au Parlement ; pour le reste,
les populations étaient des
sujets français et non des
citoyens, tandis que l'administration coloniale ne
dépendait pas du Parlement mais directement du pouvoir
exécutif.
En 1919, l'intégration des dépouilles coloniales issues des empires allemand et ottoman dans les empires coloniaux français et britanniques diversifie les statuts, et confronte les puissances coloniales à de nouveaux problèmes nationaux (Irak, Syrie). La France et le Royaume Uni optent respectivement pour l’assimilation et l’association.
Dans un cas comme dans l'autre, l'administration des empires coloniaux s'adresse à des populations qui -pour la plupart- n'ont pas été invité par les puissances coloniales au partage quasi unilatéral de leurs richesses.
Ainsi des sentiments nationaux naissent du libéralisme anglais (parti indien du Congrès), comme du rejet métropolitain de la colonisation française (Parti Communiste Indochinois, Parti Socialiste Tunisien).
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