Les limites de la périodisation en histoire
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre que la périodisation est à la fois au cœur du métier d’Historien et qu’elle doit dans le même temps être questionnée car elle est toujours le résultat de choix et de partis pris.
- La périodisation doit être nuancée par une confrontation de différentes échelles de temps et de constantes mises en perspectives suivant les pays ou les classes sociales.
- La périodisation reste essentielle pour donner des repères et donner du sens à un récit historique. Il n’existe pas d’Histoire sans périodisation.
- La périodisation mérite d’être nuancée, d’apparaître comme une construction toujours en question. Pour reprendre une formule d’Antoine Prost, il convient de privilégier une « périodisation vive » à une périodisation pétrifiée.
La question de la périodisation est au cœur de l’activité de l’Historien. Selon l'historien Antoine Prost (1933- ) :
Thucydide, premier historien connu, périodisait déjà au Ve siècle avant J.-C.
Cette action de maîtrise du temps n’est toutefois jamais neutre car c’est le résultat d’un choix de l’Historien. Elle dépend en grande partie de positionnements politiques, d’idéologies dominantes, de conceptions philosophiques. De fait, une périodisation relève en grande partie d’un jugement de valeur.
Dire que la révolution française dure de 1789 à 1799 ou de 1789 à 1815 relève de choix : considérer que la révolution se termine avec l’arrivée de Napoléon au pouvoir ou considérer que Napoléon prolonge les principes de la révolution, y compris après la proclamation de l’Empire en 1804, n’a pas le même sens.
La périodisation se développe à partir du Moyen Âge. Deux systèmes de périodisation se côtoient alors, majoritairement fondés sur des critères religieux :
- l’un, celui des saisons, centré sur la symbolique du chiffre 4 ;
- l’autre, celui des âges de la vie, empruntant à la symbolique du chiffre 6.
La principale périodisation et la plus répandue est celle de Jacques de Voragine. Pour lui, la venue du Christ constitue la seule vraie coupure historique.
À la fin du XIVe siècle pourtant, le besoin d’une autre périodisation apparaît. À l’initiative des poètes italiens des XVe et XVIe siècles, notamment Pétrarque, des moralistes et des philosophes, le Moyen Âge devient la première période à être définie en tant que telle. Ceux-ci répandent en effet le sentiment qu’ils sont les initiateurs d’une culture nouvelle héritée de l’Empire romain, qu’ils sortent de ce « Moyen Âge » des ténèbres. La Renaissance indique clairement cette double notion de sortie d’un âge obscur et la réhabilitation de la période antique.
La deuxième période à laquelle on périodise, c’est le XIXe siècle. L’Histoire devient une science sociale qui s’enseigne. Avec le développement des universités, des lycées et la démocratisation progressive de l’enseignement, le besoin pédagogique de périodiser aurait poussé les Historiens à « couper l’Histoire en tranches ».
La notion de « Renaissance » se diffuse par l’enseignement de Jules Michelet : sa leçon inaugurale au Collège de France, en 1840 (« La victoire de l’Homme sur Dieu ») et sa leçon de 1841 « Éternelle Renaissance », jettent les bases des caractéristiques de la « Renaissance », plus de 3 siècles après la Renaissance.
Périodiser, c’est couper le temps. C’est donc placer des bornes sur le temps. Ce n’est pas une représentation du réel et cela ne cherche pas à représenter le réel. La périodisation implique donc des choix et est donc le résultat d’un parti pris.
Selon le parti pris et les choix réalisés, le Moyen Âge peut se finir :
• en 1453, avec la chute de l’Empire byzantin ;
• en 1454, avec l’invention de l’imprimerie par Gutenberg ;
• en 1492, avec la fin de la Reconquista espagnole ;
• en 1492, avec la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb ;
• en 1789, selon l’Historien Jacques Le Goff, partisan d’un « long Moyen Âge » qui se perpétue jusqu’à la fin de la société d’ordres en France au moment de la Révolution française.
Toutes ces propositions sont recevables. Mais dans les
manuels d’Histoire et dans la plupart des livres
grand public, la date de 1492 est mise en
exergue. De même, pour certains historiens,
la guerre froide ne s’étend pas de 1947
à 1991 mais de 1943 à 1991, voire de 1917
à 1991.
Les manuels rassemblent maintenant 1914-1948 et
1939-1945 dans un même chapitre,
établissant un lien entre les deux conflits.
La périodisation apparaît donc comme un outil nécessaire mais artificiel, mouvant et évolutif.
Cette périodisation donne naissance à des chrononymes, c’est-à-dire des noms désignant des périodes.
Le néologisme « chrononyme » a été créé par l’historienne Eva Büchy en 1996. Elle a aussi créé le mot « héméronyme » qui désigne une période nommée d’après une date ou un événement
« Le massacre de la Saint-Barthélémy », « le 14 juillet », « Mai 68 », etc.
C’est l’Historien qui propose les chrononymes mais c’est la société qui en fait des objets de culture. Ainsi, le terme de « guerre froide » est par exemple parfaitement accepté par le grand public et les manuels. Pourtant, la guerre est froide en Europe mais elle se traduit par des conflits très violents comme au Vietnam. Certains historiens préfèrent dès lors le chrononyme de conflit est-ouest. Ce qui n’empêche pas la perpétuation, y compris dans l’enseignement de l’Histoire, du chrononyme « guerre froide », parfois questionné en classe par les élèves eux-mêmes.
Pour certains historiens comme Baco, Douzou et Honoré, les chrononymes sont les outils par excellence de la politisation du temps
La Belle Époque est une belle époque pour les aristocrates et les bourgeois mais pas pour les mineurs de fond.
Fernand Braudel dans sa thèse sur la Méditerranée proposait de ne pas penser la périodisation qu’à une échelle mais de l’affiner en distinguant le temps court de l’événement, le temps moyen de la conjoncture (économique notamment) et le temps long des structures.
L’Historien Jérôme Baschet montre que Christophe Colomb, qui serait à l’origine de la fin du Moyen Âge, est en réalité un homme du Moyen Âge. A contrario, Jacques Le Goff montre que beaucoup des idées et des techniques de la Renaissance existaient dès le XIIIe siècle.
Le temps long des transformations contredit ainsi le temps court des événements et de la périodisation.
Les Trente glorieuses françaises ne sont pas glorieuses pour l’Angleterre voisine ou l’Espagne franquiste. Les efforts de périodisation ne peuvent pas ignorer la prise en compte des espaces étudiés et leur contexte propre.
Le concept d’Antiquité en Chine n’a pas de pertinence. En outre, le même événement n’a pas le même sens d’un pays à l’autre.
La défaite de 1870 débouche en France sur la Commune et la République. En Allemagne, la guerre de 1870 est synonyme d’unification et de naissance de l’Empire.
La France de 1870 à 1914, c’est celle de la revanche. L’Allemagne de 1870 à 1914, c’est celle de l’expansion et de l’affirmation.
Les ruptures et les continuités dépendent des champs dans lesquelles elles s’appliquent : ce qui sera vrai pour l’Histoire militaire, ne le sera pas forcément pour l’Histoire des arts.
L’histoire militaire ou l’histoire des arts ne vont pas retenir les mêmes dates et proposeront pour autant des périodisations cohérentes quoique différentes.
La guerre de 1870 ne constitue en rien une rupture en histoire des arts alors que c’est un événement militaire important en Europe.
Une périodisation de l’histoire des paysans en France ne tiendrait pas compte des ruptures dynastiques de 751 ou 987 car elles n’ont aucun impact sur la façon de cultiver ou sur la domination des seigneurs.
Plus proche de nous, une périodisation de l’histoire des femmes en France prendrait en compte l’obtention du droit de vote en 1944, davantage que 1945 et la fin de la deuxième guerre mondiale.
La perception des contemporains et l’impact de ces changements sur leurs vies doit être prise en compte pour donner à lire une Histoire qui ne soit pas une reconstruction mais une reconstitution.
La découverte de l’Amérique a peu d’importance pour le paysan beauceron.
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