Les funérailles nationales de Victor Hugo
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- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre comment les funérailles de Victor Hugo cimentent l’unité de la nation autour d’idéaux républicains.
- Comprendre la symbolique républicaine d’un lieu.
- Victor Hugo a eu droit à des funérailles nationales et est entré au Panthéon.
- Victor Hugo a défendu des idées républicaines toute sa vie, et a pris parti pour la classe ouvrière, la place des femmes dans la société ou encore le droit à la scolarité.
- Son œuvre littéraire témoigne de ses engagements républicains.
Le 1er juin 1885, la IIIe République organise des funérailles nationales à Victor Hugo et son entrée au Panthéon. Il s’agit de rallier la Nation à la République, car Victor Hugo est un écrivain célèbre et apprécié du peuple pour ses prises de position en faveur de l'alphabétisation des enfants et de la lutte contre la misère.
Son engagement est aussi politique : député sous la IIde République, puis sénateur sous la IIIe République, il devient un républicain convaincu. Il participe ainsi au vote pour abolir l’esclavage, et pour adopter les lois scolaires.
Ses funérailles marquent les esprits de l'époque et font de Victor Hugo un héros républicain.
En quoi les funérailles nationales de Victor Hugo sont-elles de nature à fédérer la nation autour de la République et de ses valeurs ?
Portrait de Victor Hugo en 1880 | © Stefano Bianchetti / Bridgeman Images
Le 22 mai 1885, Victor Hugo meurt à son domicile parisien.
Deux décrets présidentiels (signés par Jules Grévy, Président de la République), parus au Journal Officiel, encadrent l'organisation de ses funérailles :
- celui du 21 mai 1885 décide le transfert du corps de Victor Hugo au Panthéon pour des funérailles nationales ;
- celui du 26 mai redonne à l'Église Sainte sa fonction de Panthéon, sépulture dédiée aux hommes méritants de la Nation.
La cérémonie, fixée au 1er juin 1885, prend un caractère solennel et exceptionnel : la République se dote à nouveau d’un lieu dédié aux « grands hommes », et pour la première fois, un poète entre au Panthéon.
« Le Panthéon est rendu à sa destination primitive et légale. Les restes des grands hommes qui ont mérité la reconnaissance nationale y seront déposés. »
« La proposition (...) est applicable aux citoyens à qui une loi aura décerné les funérailles nationales. Un décret du président de la République ordonnera la translation de leurs restes au Panthéon. »
Le Panthéon est initiallement une église catholique parisienne, située sur la montagne Sainte-Geneviève, construite sous Louis XV. Par trois fois dans son histoire, elle est transformée en monument laïque, non confessionnel, pour accueillir les dépouilles des grands hommes de la nation. En 1791, les députés de l'Assemblée nationale décident, par décret, que « le nouvel édifice serait destiné à recevoir les cendres des grands hommes à dater de l’époque de la liberté française » (décret d'avril 1791). Mirabeau est le premier grand homme à entrer au Panthéon. Rendue au culte catholique sous l’Empire, c’est Louis-Philippe, par l’ordonnance d’août 1830, qui redonne au lieu sa fonction de Panthéon des grands hommes.
« Le Panthéon sera rendu à sa destination primitive et légale ; l’inscription "Aux grands hommes, la Patrie reconnaissante", sera rétablie sur le fronton. Les restes des grands hommes qui ont bien mérité de la Patrie y seront déposés. »
Du coup d’État de Louis-Napoléon en 1851 à 1885, le monument est à nouveau un lieu de culte, mais peu fréquenté et déserté par les religieux.
En 1885, le monument fait l’objet d’une commission d’enquête menée par les ministres de l’Intérieur, de l’Instruction publique et des Finances, adressée au président de la République. L’enquête démontre que le monument appartient au domaine de l’État, qu’il n’est la paroisse d'aucun citoyen, que le culte y a été célébré de manière irrégulière. Pour ces motifs, l'État peut en disposer librement. Il profite du décès de Victor Hugo pour consacrer définitivement le lieu au culte laïque.
Cependant, par peur de l’émotion populaire et de possibles débordements, le gouvernement décide de fermer théâtres, écoles, magasins et administrations publiques. Les usines restent ouvertes afin d’éviter que les ouvriers n'assistent aux funérailles qui ont lieu un lundi, jour non férié. Le trajet évite les quartiers populaires.
Ainsi, la IIIe République inscrit Victor Hugo, héros national, dans la mémoire collective. Il s’agit d’unir la Nation dans ce deuil national, au moment où le régime est affaibli par l’affaire du Tonkin et la dépression économique.
Les funérailles de Victor Hugo au Panthéon, à Paris, en 1885 (gravure sur bois) | © Granger / Bridgeman Images
La solennité de la cérémonie marque les esprits. Le catafalque, placé sous l’Arc de triomphe depuis la veille, visible de loin, est recouvert d'un lourd drap noir et or où s'inscrivent, dans des médaillons, les titres des œuvres de Victor Hugo.
L’Arc de triomphe est paré d’un grand crêpe noir. Autour du catafalque, exposé depuis la veille, la foule se presse aux cris de « Vive Victor Hugo », « Vive la République ». Pour l’occasion, la société Edison amène l'électricité sur la place de l’Étoile pour la première fois.
Les funérailles de Victor Hugo à l'Arc de triomphe, à Paris, le 1er juin 1885 | Photo © Leonard de Selva / Bridgeman Images
Le cortège effectue un long trajet dans Paris, de l’Arc de triomphe jusqu'au Panthéon. Il passe devant l'Assemblée nationale et la cathédrale Notre-Dame de Paris. Le corbillard est suivi par son petit-fils, puis par les officiels et les délégations étrangères. Les enfants des écoles de Paris défilent en portant des couronnes de fleurs et onze chars de fleurs les suivent. Enfin, une foule immense d’anonymes termine le cortège. Près de deux millions de personnes assistent aux funérailles. Sur le parcours funèbre, une salve de vingt-et-un coups de canons, tirée depuis les Invalides, résonne.
Dix-neuf éloges funèbres saluent la mémoire et l'œuvre de Victor Hugo. Au nom de l’Académie française, dont Victor Hugo était membre, Émile Augier, poète et dramaturge, prononce une phrase restée célèbre : « Ce n’est pas à des funérailles que nous assistons, c'est à un sacre ». Le poète Leconte de Lisle achève son discours par ces mots : « Adieu et salut, maître très illustre et très vénéré, éternel honneur de la France, de la République et de l’humanité ! ».
Dans la soirée, la cérémonie prend des allures de fête populaire et profane.
Le souvenir de cette journée est entretenu par des photographies, des articles de presse, des témoignages. L’événement entre dans la mythologie laïque et républicaine. Il s'explique par le parcours politique de Victor Hugo, son engagement dans la question sociale, celle des droits de l’homme.
Victor Hugo traverse le XIXe siècle. Il s’engage sur les grandes questions de son temps au nom des principes républicains et met son art au service de la cause des plus humbles et des libertés.
Victor Hugo est l’homme des ruptures politiques. Dans un premier temps, il est royaliste, puis bonapartiste. Il devient finalement républicain à partir de 1848.
En 1819, il compose, pour Louis XVIII ses Odes, en échange desquelles il reçoit une pension royale confortable. En 1821, il fonde un journal conservateur et royaliste, Le Conservateur littéraire, et vit de ses écrits. Il est nommé pair de France par Louis Philippe en 1845. En 1848, il est élu député à l’Assemblée nationale constituante puis législative. Proche des conservateurs, il soutient la candidature de Louis-Napoléon contre celle de Cavaignac aux élections présidentielles du 10 décembre 1848. Mais sa position politique évolue peu à peu en faveur des républicains et contre Louis-Napoléon Bonaparte.
Ainsi, il s’oppose au vote de la loi Falloux et au projet de loi limitant le suffrage universel.
Proscrit par décret en janvier 1852, il s’exile d’abord en Belgique. Farouche opposant à Louis-Napoléon Bonaparte, il rédige un pamphlet intitulé Napoléon le Petit (1852) dans lequel il le qualifie de voleur et de criminel. Ce pamphlet lui vaut d'être expulsé de Belgique. Réfugié à Jersey, puis à Guernesey (1855 à 1870), il dénonce le coup d'État du 2 décembre 1851 dans Les Châtiments (1853).
Lorsque la IIIe République est proclamée, le 4 septembre 1870, Victor Hugo rentre en France et est accueilli par une foule enthousiaste. Élu député de Paris en janvier 1871, il rejoint l’Assemblée nationale installée à Bordeaux suite à l'invasion allemande du territoire. Il vote contre les conditions de paix imposées par la Prusse avec cent six autres députés. Puis, il conteste l'inéligibilité de Garibaldi aux élections législatives d’Alger.
Aux arguments du Président de l’Assemblée nationale, qui rappelle que Garibaldi n’est pas citoyen français et n’a pas obtenu la majorité des suffrages, il oppose le courage de l’italien qui s’est mis au service de la France dans la guerre contre la Prusse. Malmené dans l'hémicycle, Victor Hugo démissionne et part s’établir en Belgique. Il propose l’asile aux Communards parisiens ce qui lui vaut d'être expulsé du pays. Après les lois constitutionnelles de 1875, il revient à la politique et est élu sénateur en 1876. Il le restera jusqu’à sa mort, en 1885.
Victor Hugo a acquis une grande célébrité de son vivant. Le 27 février 1881, des milliers de personnes se pressent devant son domicile pour lui souhaiter ses 80 ans, et le Ministre Jules Ferry demande aux recteurs de lever les punitions des élèves de tous les établissements scolaires.
Les Misérables sont lus par les ouvriers, qui se cotisent pour acheter un exemplaire. La presse de tout bord politique relaie son agonie puis son décès. Elle salue ainsi l’homme qui a défendu constamment la liberté de la presse. Cette célébrité s'explique par ses combats conformes aux idéaux républicains, qu’il mène depuis toujours. Son œuvre littéraire, ancrée dans le courant du romantisme, est le témoin de ces combats.
Hugo décrit la misère sociale et la souffrance des plus pauvres, et notamment celle des enfants, dans de nombreux romans.
Ainsi, dans L’Homme qui rit (1869), il décrit la misère sociale en narrant la vie errante de deux enfants handicapés à Londres.
Dans Les Misérables (1862), Cosette est une enfant maltraitée par ses patrons, les Thénardiers. Sa mère, Fantine, se prostitue pour payer la pension de sa famille aux Thénardiers.
Pour Hugo, seule l’instruction des enfants permet de lutter contre la pauvreté et la famine, qui ne sont pas des fatalités. Dès 1850, il se prononce pour une école laïque :
« (...) Je veux (...), l’Église chez elle et l’État chez lui ». Partisan d’une école gratuite, laïque et obligatoire, il soutient et vote les lois Ferry de 1881-1882 : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » écrit-il.
Dans Angelo, tyran de Padoue (pièce jouée en 1835), Hugo dénonce le sort des femmes : pour lui, elles sont aptes à être citoyennes et à voter. Il a d’ailleurs soutenu Georges Sand et Louise Michel : « Il y a des citoyens, il n’y a pas de citoyennes. C’est là un état violent : il faut qu’il cesse. » écrit-il dans une lettre adressée au journal L’Avenir des femmes, en 1872.
Abolitionniste, il prône l’égalité entre les humains : il s’oppose ainsi à la colonisation et au racisme, comme en témoigne son premier roman historique, écrit à l’âge de 16 ans, intitulé Bug Jargal. Le livre décrit la révolte héroïque des esclaves noirs à Saint-Domingue en 1791. Cette révolte conduit à l’indépendance de la République d’Haïti. L’histoire paraît d’abord dans le Conservateur littéraire en 1820 puis il est édité en 1826.
L’esclavage est aboli définitivement en France et dans les colonies le 27 avril 1848, grâce au décret Victor Schoelcher, voté par les députés de la IIde République dont fait partie Victor Hugo.
En 1849, il défend l’idée des États-Unis d’Europe. Suite aux révolutions de 1848, des sociétés de la Paix se constituent partout en Europe et aux États-Unis. En 1849, se tient le Congrès des amis de la paix universelle dont Victor Hugo est le Président. À ce titre, il prononce le discours inaugural dans lequel il défend l’idée de la création d'États-Unis d’Europe, facteur de paix entre les nations.
Cependant, aux congrès de 1869 et 1872, son pacifisme se fait moins vibrant : il défend l’idée d’une guerre juste lorsqu'elle a pour objectif de détruire le despotisme ou de défendre la nation. Cette position est fortement influencée par la guerre contre la Prusse et la défaite française.
Extrait du discours inaugural de Victor Hugo, 21 août 1849, Congrès des amis de la paix universelle.
Opposé à la peine de mort, comme le prouve son livre Le Dernier jour d’un condamné (1829), Victor Hugo en défend l’abolition sous la IIde République. Sa proposition est rejetée par l’Assemblée nationale.
Enfin, son célèbre roman, Notre-Dame de Paris est un plaidoyer en faveur de la restauration de l’édifice qui tombe en ruines et dont le sort ne préoccupe que peu de gens. Il met à l'honneur, ainsi, la notion de patrimoine.
La IIIe République rend hommage à la dernière partie de la vie de Victor Hugo, lorsque celui-ci est républicain. Mais l’engagement à défendre les plus démunis et les libertés sont des combats que Victor Hugo mène dès le début de sa carrière d’écrivain et d'homme politique. Ses funérailles nationales et laïques sont un moment de rassemblement de la nation autour des idéaux républicains et notamment celui de la laïcité : elles amorcent la rupture entre l’État et l’Église qui demandait des obsèques religieuses.
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