Les espaces agricoles en France- Première- Géographie
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre les caractéristiques des espaces ruraux.
- Être capable d’expliquer les difficultés auxquelles est confronté le secteur agricole français.
- La France est le premier producteur agricole européen. Si une partie de cette production est intégrée dans la mondialisation, le secteur est en crise sur le territoire national.
- Les aides de la PAC et les voies alternatives permettent de lutter, partiellement, contre la fragmentation du secteur.
Depuis la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture française a connu une évolution majeure, voulue par les différents gouvernements, qui l’ont largement favorisée et soutenue par la politique agricole commune.
Cette mutation a été un succès et a permis à la France de devenir le premier producteur agricole de l’Union européenne. Toutefois, les modes de production qui ont été mis en place ont aujourd’hui atteint leur limite. Des changements s’imposent face aux crises et au malaise du monde paysan.
En 2018, la France a assuré 16,9 % de la production agricole dans l’Union européenne, dont elle est le premier pays agricole, soit 73 milliards d’euros de marchandises. L’Union européenne est la première puissance agricole mondial devant les États-Unis.
La France, longtemps premier exportateur agricole de l’Union européenne, est désormais en 3e position des exportations derrière l’Allemagne et les Pays-Bas. Si les exportations intra-européennes ont considérablement diminué, les exportations en dehors de l’Union européenne se maintiennent.
Si la France devance nettement ses voisins européens quant à sa production agricole (l’Allemagne a produit 56 milliards d’euros de marchandises en 2018), ses exportations intra-européennes ont considérablement diminué.
Les Pays-Bas produisent moins de produits agricoles que la France. Toutefois, l’industrie agroalimentaire néerlandaise, très performante, transforme les produits agricoles importés afin de pouvoir les exporter vers l’étranger rapidement grâce au port de Rotterdam, qui est un carrefour commercial européen et mondial (1er port européen et 9e port mondial).
En 2018, la surface agricole utile (SAU) couvre 268 104 km2, soit 49 % du territoire. Elle est en diminution constante. Cette activité assure 6,7 % du PIB de la France en 2018.
La France exporte principalement les betteraves sucrières, le raisins, le blé, le maïs, l’orge, les graines de colza et le lait de vache. La sécheresse peut avoir des conséquences dramatiques sur la balance commerciale et les agricultures.
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture française est peu performante, elle utilise largement la traction animale, et la part de l’autoconsommation y est très forte. Pour les gouvernements de l’après-guerre, l'objectif premier est de nourrir les Français en quantité suffisante, à bas prix et de s’affranchir le plus vite possible de la dépendance alimentaire des États-Unis.
On peut distinguer deux étapes principales dans ce processus de modernisation :
- la mécanisation, arrivée avec le plan Marshall, qui permet à la France de s'équiper avec ses premiers tracteurs. Elle se poursuit ensuite à rythme rapide. Dans le même temps commence le lent et long processus de remembrement qui a doté la France d’exploitations plus vastes et plus rationnelles. Le nombre d’exploitations est passé de 1 million en 1988 à 451 606 en 2017. Parallèlement, si le nombre d’exploitations a diminué, leur taille moyenne été multipliée par 4,5 : 14 ha en 1955 contre 63 ha en 2016 ;
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Remarque : Le plan Marshall, mis en place par les États-Unis, est une aide financière qui a aidé à la reconstruction des États européens.
- la mise en place de la politique agricole commune (la PAC) à partir de 1962 permet à la France, grâce à la loi d’orientation de l’agriculture, d’avoir des exploitations plus productives et mieux encadrées, avec les banques en amont et la grande distribution en aval.
Ces mutations ont donné à la France sa place actuelle, mais à partir de 1974, ce modèle productiviste commence à montrer ses limites.
En 2020, l’agriculture française est totalement intégrée dans la mondialisation et dans ses circuits économiques complexes.
En amont, les banques assurent aux agriculteurs les financements, les prêts et les avances sur recettes dont ils ont besoin. En contrepartie, ils s’endettent lourdement et, bien souvent, ne se dégagent de leurs prêts qu’à la fin de leur activité, en vendant leurs exploitations.
L’industrie mécanique et l’industrie chimique fournissent des machines très spécialisées, les engrais et les produits phytosanitaires nécessaires.
Les coopératives, relayées par des grandes firmes nationales et multinationales, garantissent des prix d’achat connus.
La grande distribution, enfin, assure un écoulement massif et régulier à la production, même si les prix pratiqués par les centrales d’achat sont souvent contestés par les agriculteurs.
Ces circuits complexes rendent le quotidien des agriculteurs particulièrement difficile. Ils ne dégagent que peu de profits de leur activité. Ils gagnent en moyenne 18 300 euros par an – soit un peu plus que le salaire minimum en France – et un tiers des agriculteurs touchent moins de 350 euros par mois.
Les climats tempérés dont bénéficie la France et la variété des sols permettent de disposer de terroirs variés et complémentaires.
Le Bassin parisien offre un paysage d’openfield. C’est le domaine de la grande culture céréalière et industrielle : l’agriculture y est intensive. Là, de grandes exploitations, parfois de plusieurs centaines d’hectares, à forte intensité de capital, produisent du blé, associé au maïs ou à des cultures industrielles comme la betterave à sucre, le colza ou le tournesol. Sur place, les usines de traitement ponctuent le paysage.
L’Ouest de la France, la Bretagne, la Normandie et le Massif central se consacrent à l’élevage intensif. Élevage laitier en Normandie, mais aussi chevaux, élevage bovin pour la viande en Limousin et Morvan. La Bretagne, où le bocage a presque totalement disparu, s’est spécialisée dans l’élevage porcin et dans l’aviculture, avec respectivement 55 % et 48 % du cheptel national. Il s’agit le plus souvent d’élevages hors sol qui nécessitent de gros investissements en bâtiments et induisent des pollutions importantes.
L’élevage intensif et l’agriculture intensive sont responsables des marées vertes en Bretagne. D’importantes quantités d’algues vertes toxiques sont retrouvées régulièrement sur le littoral breton.
En troisième lieu, il faut citer les régions de cultures spécialisées :
- vignobles dans le Bordelais, la Bourgogne, le Val de Loire, la vallée du Rhône, une partie de la Champagne, l’Alsace ou le midi méditerranéen ;
- maraîchage en Roussillon ;
- cultures florales sur la côte d’Azur ;
- cultures fruitières dans la vallée de la Durance.
Ailleurs domine encore une polyculture traditionnelle.
Cette réussite de l’agriculture française n’aurait pas été possible sans l’intervention permanente de la puissance publique au niveau national ou européen :
- pilotage du remembrement ;
- mécanisation et intensification au lendemain de la guerre ;
- mise en place de l’agriculture productiviste par les grandes lois d’orientation agricole ;
- mise en place de la politique politique agricole commune de 1962 à 1968 ;
- subventions à l’exportation pour maintenir les produits français, plus chers, au même niveau que les cours mondiaux afin qu’ils ne soient pas pénalisés (2e PAC pour s’adapter au marché mondial).
La moitié des revenus de l’agriculture française viennent de diverses subventions. Mais ce système a atteint ses limites.
Le mouvement de concentration – 451 606 exploitations pour 885 400 exploitants agricoles – s’est accompagné de la mise en place de modes de production efficaces. Outre les cultures hors-sol déjà évoquées et la segmentation de la chaîne de production, comme dans l’industrie, des statuts juridiques appropriés ont permis aux exploitants d’être plus compétitifs avec par exemple les EARL (Exploitations agricoles à responsabilité Limitée) ou les GAEC (Groupements agricoles d’exploitation en Commun), qui regroupent des exploitations voisines de même production pour limiter les frais fixes et les immobilisations de matériel.
Enfin, il faut citer ici le rôle de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) qui fournit aux agriculteurs des semences à haut rendement ou des espèces animales donnant plus de viande ou de lait.
Depuis 1974 et le 1er choc pétrolier, l’agriculture française a connu un certain nombre de crises. On peut diviser ces crise en trois périodes :
- de 1974 à 1984, la surproduction continuelle de lait a nécessité la mise en place de quotas laitiers. Se sont ajoutés la méfiance face à la viande des veaux élevés aux hormones, la pollution des eaux par les nitrates et le coût sans cesse croissant du pétrole, des bâtiments, des engrais, etc. L’agriculture productiviste commence à montrer ses limites ;
- de 1984 à 1992, les crises de surproduction se succèdent, notamment sur le blé, et entraînent le gel d’une partie de la SAU, contre des compensations financières à l’hectare versées par l’État ;
- de 1992 à 2000, les Français perdent peu à peu confiance dans un système jugé trop productiviste, et les crises de la « vache folle » en 1996 et 2000 n’arrangent rien. L’opinion publique se soucie désormais de l’environnement, et de la qualité des produits. Les Français veulent savoir d’où viennent les aliments qu’ils consomment : on parle alors de traçabilité des produits.
Dès lors, il devient évident qu’il faut explorer de nouvelles directions. L'agriculture raisonnée, soucieuse de développement durable n’a pas connu un grand succès. L’agriculture biologique, se développe progressivement. Les circuits courts – achat direct auprès du producteur – se développent également.
Entre 2010 et 2020, le nombre d'exploitations en agriculture biologique est passé de 20 600 à 41 600. L’agriculture biologique a créé 155 347 emplois directs.
Les agricultures de qualité organisées autour du label AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) connaissent un vrai succès face à une clientèle soucieuse de la qualité des produits. Enfin l’agrotourisme, les gîtes à la ferme, les fermes équestres connaissent un véritable engouement.
Forte de 28 membres, l’Union européenne ne peut plus accepter de consacrer 45 % de son budget à subventionner l’agriculture.
Selon les prévisions, le budget de la politique agricole commune est condamné à diminuer de façon significative : entre 2007 et 2027, il sera amputé de 30 %. Les politiques de soutien s’arrêtent donc les unes après les autres : fin des quotas laitiers, fin des quotas betteraviers etc. De plus, les produits des autres grandes nations agricoles (États-Unis, Brésil, Argentine, Nouvelle-Zélande) entrent désormais librement en Europe, et donc en France.
Une nouvelle série de réformes est prévue entre 2021 et 2027. Le Brexit engendre des réformes nécessaires et représente un manque à gagner considérable pour l’Union européenne dans le secteur agricole.
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