Les différentes formes de croyance- Terminale- Philosophie
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Connaitre les différentes formes de croyance
- Les diverses positions religieuses, dans le contexte du judéo-christianisme, peuvent être classées en cinq « courants » : le théisme, le déisme, le panthéisme, l’athéisme et l’agnosticisme.
- L’athéisme, qui nie l'existence de Dieu, est un courant qui se développe grandement à partir du XIXe siècle.
Les théistes considèrent Dieu comme un
être infini et tout-puissant,
à partir duquel l’univers devient
intelligible. Dieu est cependant différent de
l’univers, puisqu’il l’a
créé. Il est absolument
« transcendant »,
puisqu’il est parfait et se trouve au-dessus de
toutes les choses créées.
Descartes (1596-1650) adopte une position dite
« théiste » lorsqu’il
définit Dieu :
(Méditations métaphysiques, III)
Selon Voltaire (1694-1778), le théiste « n’embrasse aucune des sectes, qui toutes se contredisent » (Dictionnaire philosophique). La religion du théiste est en fait universelle, et sa première vocation est de défendre l’opprimé.
Même si les deux courants sont parfois confondus
(Voltaire, par exemple, semble confondre le déisme
et le théisme), le déisme s’apparente
davantage à une sorte de « religion
naturelle », laquelle s’oppose
à la religion
« révélée »
(par les textes sacrés). Le déiste rejette
les éléments surnaturels, tels que les
mystères ou les miracles.
En fait, toutes les religions sont
considérées comme des expressions
légitimes d’un Dieu unique. Parce que
l’homme est un être raisonnable, les
déistes estiment qu’il ne peut accepter de
se soumettre à l’autorité d’une
religion révélée par
l’Église, constitutive d’un dogme. En
fait, le déiste n’admet pas de
culte.
Il n’est donc pas facile de distinguer le
« théiste » du
« déiste », sachant que les
deux termes ont souvent été employés
comme synonymes. Le déiste est plutôt
assimilé à un libre penseur, et
à celui qui privilégie la raison. Il prend
ses distances, quoi qu’il en soit, avec la religion
« officielle ».
L’athée nie l’existence de
Dieu, et toute forme de religion en
général. Avant le
XIXe siècle, très peu de
personnes osaient se réclamer de
l’athéisme. Les athées étaient
même considérés comme des
« fous », ou des
« insensés ». La croyance en
l’existence de Dieu, petit à petit, cesse de
paraître rationnelle.
Nietzsche (1844-1900) proclame « la mort de
Dieu » et la fin des illusions que la croyance
engendre. La mort de Dieu coïncide selon lui avec
l’apparition de l’homme véritable,
authentique. Mais en se libérant du pouvoir que
Dieu exerçait sur lui, l’homme rencontre
d’autres abîmes, notamment celui de sa
finitude. En cessant de croire en Dieu, nous cessons de
croire que nous sommes immortels, au sens où il
existerait une vie après la mort.
L’athéisme, pour Nietzsche, va donc de
soi.
Dans Ecce homo, il se réfère
à Stendhal :
Nietzsche, en évoquant la mort de Dieu
(annoncée par Zarathoustra, dans Ainsi parlait
Zarathoustra) n’a pas cependant formé le
projet de « tuer » Dieu : il
l’a trouvé mort dans l’esprit de son
époque. Il s’agit d’un constat.
Pour Freud (1856-1949), la religion est une
« illusion ». Les hommes se
réfugient dans la religion parce qu’ils ont
peur de devenir les maîtres ou les organisateurs de
leur propre destin. Ils sont pareils à des enfants
qui ont besoin d’un père. L’homme
véritablement adulte est un homme qui s’est
débarrassé de Dieu, à l’image
de l’enfant qui ne s’émancipe
véritablement qu’en se débarrassant
de son père.
Deux penseurs français, au milieu du
XXe siècle, Albert Camus et
Jean-Paul Sartre, ont la certitude que Dieu
n’existe pas. Pour Camus (1913-1960), le
monde est incompréhensible, absurde ; la
réalité de la souffrance et du mal
n’est pas compatible avec l’existence de
Dieu. Comme chez Nietzsche, mais d’une autre
manière, la certitude que Dieu n’existe pas
engendre l’angoisse, dit en substance Camus.
Le thème de l’angoisse, comme celui de
l’absurde, apparaissent également dans
l’œuvre de Sartre (1905-1980), et
débouchent sur la notion de
« néant ». Sartre
affirme que l’homme ne peut coexister avec Dieu.
L’homme est fabriqué par l’existence
qui est la sienne, d’où le terme
d’« existentialisme »,
qui désigne le courant philosophique dont Sartre
se réclame :
(L’existentialisme est un humanisme, 1946).
Sartre conclut : « Nous voulons dire que
Dieu n’existe pas, et qu’il faut en tirer
toutes les conséquences ».
Camus, quant à lui, se référant la
phrase fameuse de Dostoïevski (« Si Dieu
n’existe pas, alors tout est permis »)
écrit : « Avec ce tout est permis
commence vraiment l’histoire du nihilisme
contemporain » (La révolte
métaphysique).
Le panthéiste ne fait pas différence
entre Dieu et le Monde, ou entre Dieu et la Nature. Dieu
n’est donc pas le créateur de
l’univers, comme le postule le
judéo-christianisme – il est cet
univers.
Pour Spinoza (1632-1677), Dieu et la Nature sont une
seule et même chose : Deus sive natura
(« Dieu, c’est-à-dire la
nature »). Les êtres finis (les hommes,
par exemple) ou toutes les choses qui sont dans le monde
sont eux-mêmes des expressions, voire des
émanations de Dieu. Le panthéiste rejette
donc l’idée d’un Dieu personnel, qui
veille sur chaque créature, ou d’un Dieu qui
aurait créé l’homme à son
image. Le dieu de Spinoza n’est pas un dieu
transcendant, juge suprême du bien et du mal, qui
assigne à chaque créature une existence
personnalisée à travers le rapport
individuel que chaque individu a avec ce dieu, avec
lequel il peut converser, se livrer, qu’il peut
supplier et implorer.
Les agnostiques soutiennent simplement que nous ne
pouvons rien dire de raisonnable ou de
rationnel sur Dieu, nous ne pouvons pas davantage
être certain de son existence ou de sa non
existence.
Kant (1724-1804) a montré, par exemple, que nous
ne pouvions, à l’aide de notre raison,
accéder à la connaissance de Dieu.
C’est pourquoi le philosophe allemand critique
toutes les tentatives des philosophes qui l’ont
précédé pour apporter des
« preuves » de l’existence de
Dieu. Kant ne nie pas l’existence de Dieu : il
affirme simplement que l’intelligence de
l’homme ne peut comprendre ce qu’il est, et
qui il est. Le rapport que les hommes ont avec Dieu
relève de la
« croyance » : dans la
Préface de la 2e édition de
la Critique de la raison pure (1787), Kant
explique qu’il faut abandonner le savoir,
pour lui substituer la croyance. L’existence de
Dieu est, au même titre que les idées de
« liberté » et
d’« immortalité de
l’âme », un postulat de la
raison pratique.
On ne peut donc classer Kant parmi les agnostiques,
même s’il affirme, dans les
Réflexions sur l’éducation,
que la religion, sans une conscience morale qui
l’accompagne, n’est qu’un
« culte superstitieux ». Selon les
définitions qui ont été
proposées, Kant serait plutôt
« déiste ».
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