Les causes de la spécialisation internationale
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- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Expliquer les avantages comparatifs et la spécialisation internationale.
- Comprendre le rôle des dotations factorielles et technologiques dans les échanges commerciaux.
- La spécialisation est la concentration de la production d’un pays dans des branches d’activités ou des produits particuliers. Elle donne lieu à une division internationale du travail.
- La théorie de l’avantage absolu d’Adam Smith défend l’hypothèse que chaque État a intérêt à se spécialiser dans la production où ses couts de production en travail sont les plus faibles, où il est donc le meilleur.
- La théorie de l’avantage relatif de David Ricardo reprend l’hypothèse que chaque État a intérêt à se spécialiser mais dans la production où ses couts de production en travail sont relativement les plus faibles ou les moins élevés, où il est donc le meilleur ou le moins mauvais.
- Le théorème HOS de Heckscher-Ohlin-Samuelson établit que chaque État doit se spécialiser dans la production pour laquelle il est le mieux doté en facteur (dotation factorielle en travail, capital et ressources naturelles).
- Allocation optimale des ressources ou Optimum de Pareto est une situation dans laquelle, pour des ressources et des conditions techniques données, on ne peut améliorer la situation de l’un des agents sans détériorer celle des autres agents.
- Le libre échange est une doctrine prônant la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes.
- Les marchés sont en situation de concurrence pure et parfaite : atomicité, homogénéité des produits, transparence, fluidité, mobilité des facteurs.
Pour Adam Smith (1723-1790), tous les pays ont tout intérêt à se spécialiser et à développer les échanges avec les autres pays. Pour lui, le principe de la division du travail s'applique au niveau national, au sein des fabriques, mais aussi au niveau international. Selon lui, chaque pays doit se spécialiser dans la production pour laquelle il est le plus efficace. Ainsi, si chaque pays se spécialise, la production mondiale s'accroit, du fait des gains de productivité engendrés, et les échanges se développent.
Smith construit un modèle à deux pays et deux produits différents. Le premier pays dispose d'un avantage absolu dans la production du premier produit, c'est-à-dire que sa productivité pour ce bien est la plus forte, ce qui revient à dire que ses couts de production unitaires sont inférieurs à ceux de son concurrent et le second pays a un avantage absolu dans le second produit.
Ce modèle repose sur un certain nombre d’hypothèses :
- hypothèse n°1 - un seul facteur de production : Smith est un auteur classique qui considère que seul le travail est un facteur de production ;
- hypothèse n°2 - la valeur travail : la valeur d’un bien correspond à son cout de production qui est égal au nombre d’heures de travail nécessaire pour le produire ;
- hypothèse n°3 - l’avantage absolu est une donnée : Smith ne s’interroge pas sur les origines de cet avantage. Il peut être naturel (le Portugal est plus ensoleillé que la Grande Bretagne) ou être un acquis (la Grande Bretagne a démarré plus tôt dans la course à l’industrialisation) ;
- hypothèse n°4 - le libre-échange : aucun obstacle ne vient entraver la libre entrée des marchandises étrangères sur le territoire national.
Le modèle de l'avantage absolu :
Portugal | Grande-Bretagne | |
Coût d'un tonneau de vin en heures de travail | 80h | 120h |
Coût d'une mesure de tissu en heures de travail | 100h | 90h |
Coût total en autarcie | 180h |
210h |
Coût total après spécialisation | 160h | 180h |
Gain horaire procuré par la spécialisation | 20h | 30h |
Dans cet exemple, le Portugal et la Grande Bretagne, en produisant chacun de son côté un tonneau de vin et une mesure de tissu, mettent au total 390 heures de travail pour les réaliser. Adam Smith va montrer que chaque pays a intérêt à se spécialiser dans l'activité pour laquelle ses couts sont inférieurs aux couts de l'étranger et à s'y approvisionner quand celui-ci produit à de meilleures conditions. En effet, en se spécialisant dans le vin, le Portugal va produire deux tonneaux de vin et économiser vingt heures de travail. La Grande Bretagne va réaliser deux mesures de tissu et économiser trente heures de travail. Au total les deux pays auront gagné cinquante heures de travail qu’ils pourront consacrer à une augmentation de la production. Ainsi, après spécialisation, la Grande-Bretagne pourra produire deux mesures de tissus et le Portugal deux mesures de vin qu’ils pourront s’échanger et profiter de leur gain.
La spécialisation et l’échange international ont donc trois avantages :
- la productivité globale des économies augmente puisque la division internationale du travail (DIT) permet à un pays d’économiser du temps de travail en ne produisant plus les biens pour lesquels il n’est pas compétitif ;
- la production va augmenter car les pays vont pouvoir consacrer les heures épargnées à une production supplémentaire du bien pour lequel ils sont plus compétitifs ;
- ils vont acheter à moindre cout les produits qu'ils ne savent pas fabriquer avec efficacité, ce qui augmente le pouvoir d'achat de leur population.
Il y a donc un gain à l’échange pour tous les pays qui échangent.
Mais, le cadre des avantages absolus est limité. En effet, comment un pays, qui n’aurait aucun avantage absolu (ses couts de production seraient supérieurs à tous ses concurrents), pourrait-il payer ses importations puisqu'il n'aurait rien à exporter ?
David Ricardo (1772-1823) va renforcer l'analyse d'Adam Smith en montrant que même lorsqu'un pays est plus efficace que les autres dans plusieurs domaines, il a néanmoins intérêt à se spécialiser et à commercer avec les autres pays. En effet, un pays efficace dans plusieurs productions aura intérêt à concentrer ses facteurs de production (capital et travail) dans l'activité pour laquelle il est le plus efficace.
Ricardo va démontrer que les pays ont intérêt à se spécialiser dans le produit pour lequel il dispose d'un avantage comparatif ou relatif, c'est à dire l'avantage spécifique dont dispose un pays par rapport à un autre, la spécialisation qui lui apporte la plus grande supériorité ou la moins grande infériorité. Le pays le plus performant doit se spécialiser dans le produit pour lequel il est comparativement à l’autre le meilleur, c’est-à-dire le produit pour lequel son avantage comparatif ou relatif est le plus élevé et le pays le moins performant doit se spécialiser dans le produit pour lequel son désavantage comparatif est le plus faible. L’avantage comparatif correspond donc au rapport entre les productivités respectives de chaque pays pour un bien ou le rapport entre leurs couts unitaires pour ce bien.
Dans le modèle simplifié proposé par Ricardo, qui met en relation la Grande Bretagne et le Portugal, produisant tous deux du vin et du tissu, la Grande Bretagne ne dispose d’aucun avantage absolu puisqu’elle est la moins efficace dans la production des deux biens. Les couts de production (en heures de travail) sont les suivants :
Portugal | Grande-Bretagne | |
Coût d'un tonneau de vin en heures de travail | 40h | 200h |
Coût d'une mesure de tissu en heures de travail | 80h | 100h |
Avantage comparatif dans le vin du Portugal | 200/40 = 5 | 200/40 = 5 |
Avantage comparatif dans le tissu du Portugal | 100/80 = 1,25 | 100/80 = 1,25 |
Coût total en autarcie | 120h | 300h |
Coût total après spécialisation | 80h | 200h |
Gain horaire procuré par la spécialisation | 40h | 100h |
Quantité produite après la spécialisation | 3 tonneaux de vin | 3 mesures de draps |
Dans le vin, le Portugal est 5 fois plus productif que la Grande-Bretagne ce qui signifie que le cout de fabrication d'un tonneau au Portugal représente 20 % de celui de la Grande-Bretagne.
Dans le tissu, le Portugal est 1,25 fois plus productif que la Grande-Bretagne ce qui signifie que le cout de fabrication d'une mesure de tissu au Portugal représente 80 % celui de la Grande Bretagne.
Le Portugal a donc le plus grand avantage dans le vin. Il va abandonner la production de tissu et se consacrer uniquement au vin. La Grande-Bretagne a le moindre désavantage dans le tissu. Elle va abandonner la production de vin et se consacrer à la fabrication de tissu. Après spécialisation, le Portugal « récupère » 40 heures qu'il va affecter à la production de vin, ce qui lui permet d'en produire 2 tonneaux de plus. La Grande-Bretagne, quant à elle, peut réaffecter 100 heures dans le tissu, ce qui lui permet d'en produire 2 mesures de plus. La spécialisation a donc augmenté la production mondiale de 2 tonneaux de vin et de 2 unités de tissus supplémentaires.
Chaque pays va pouvoir échanger ses excédents et gagner à l'échange à la condition que les prix relatifs du marché mondial ou termes de l'échange soient compris dans la fourchette des prix relatifs de l'échange interne.
Cette démonstration suppose un certain nombre d’hypothèses :
- hypothèse n°1 - le marché mondial est en concurrence pure mais pas parfaite : le prix relatif d’un bien sur le marché mondial est fixé selon les lois de l’offre et de la demande en concurrence ;
- hypothèse n°2 - l’immobilité internationale des facteurs : le capital et le travail sont immobiles à l'extérieur, c'est à dire qu'il n'y a pas de migrations internationales et d'investissement à l'étranger, sinon il y aurait échange de travail et de capital à la place de l'échange des biens. En revanche, les facteurs sont mobiles à l’intérieur du pays ;
- hypothèse n°3 - les avantages comparatifs sont durables : en effet, les rendements sont constants ce qui signifie qu’un pays avantagé le restera et qu’il n’y a pas d’économies d’échelle ;
- hypothèse n°4 - le commerce mondial est un commerce interbranche : l’échange s’effectue entre deux pays de spécialisation et éventuellement de développement différents (Angleterre et Portugal). Les produits échangés sont de natures différentes (drap contre vin). Ce commerce mondial correspond à la DIT traditionnelle (le Sud exportent des produits primaires tandis que le Nord exportent des produits manufacturés) ;
- hypothèse n°5 - le libre échange : les marchés nationaux ne doivent pas être protégés par des barrières tarifaires ou non tarifaires.
Ainsi, les pays ont intérêt à se spécialiser dans la production où ils possèdent un avantage absolu ou relatif afin de participer au commerce mondial et dégager des gains à l’échange.
Hecksher-Ohlin-Samuelson (théorème HOS, 1933) s'intéressent à l'origine de la spécialisation des pays. Pour eux, tous les pays ne sont pas dotés de la même manière en facteurs de production. Certains disposent de plus de capital, d'autres de travail. Chaque pays a donc intérêt à se spécialiser dans le type de production qui utilise plutôt le facteur de production le plus abondant.
Cette approche peut être considérée comme un approfondissement de celle de Ricardo mais elle en modifie certaines hypothèses :
- hypothèse n°1 - deux facteurs : le travail n’est pas le seul facteur de production. Il faut lui adjoindre le facteur capital (dont la terre). Mais ces deux facteurs sont immobiles au niveau international comme dans la théorie de Ricardo ;
- hypothèse n°2 - un coefficient de capital identique : les technologies de production sont identiques d’un pays à l’autre, mais diffèrent selon les branches d’activité, c’est-à-dire que, quel que soit le pays, pour produire du blé il faut utiliser une proportion identique de travail, de capital et de ressources naturelles, mais que la production d’automobiles nécessite, elle, une utilisation de facteurs différente.
Le libre-échange resterait souhaitable puisque, selon ce théorème, il aboutit à une égalisation des rémunérations à travers le monde. Cependant, en observant le contenu des échanges internationaux, on peut constater que les pays ont tendance à échanger des produits de même nature ; on parle de commerce intra-branche. Pour certains économistes, cela s'explique par le fait que les consommateurs expriment « une demande de différence » ; ils consomment des produits semblables mais non identiques.
Les pays auraient aussi avantage à se spécialiser et à échanger du fait des économies d'échelle. La spécialisation permet alors de produire en plus grande quantité donc de faire baisser les couts de production et les prix pour conquérir de nouveaux marchés.
Ainsi, les pays vont se spécialiser dans les productions où ils possèdent le facteur de production le plus abondant et obtenir une allocation optimale des ressources à l’échange.
En conclusion, la spécialisation est le fondement même du commerce international car elle permet aux pays qui y participent de dégager des gains à l’échange grâce à leur avantage comparatif et à leur dotation factorielle.
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