Les Catilinaires, Cicéron
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S’il détient alors le pouvoir suprême, c’est par l’éloquence qu’il entend l’exercer.
Quel est le discours de Cicéron dans les Catalinaires ?
Par conséquent, ce grand seigneur qui se donne, par opportunisme, des allures de révolutionnaire, se retrouve inéligible aux élections consulaires de juillet 66 av. J.-C. qui lui auraient permis d'accéder à la magistrature suprême en -65. Avec l'aide de Crassus, censeur en -65 et de César alors édile, nobles dont l'ambition prend appui sur les couches populaires, Catilina commence à conspirer.
Cette première conjuration échoue mais, frauduleusement acquitté de son procès en concussion, Catilina est candidat aux élections consulaires de juillet -64. Il jouit du soutien financier de César et Crassus, protagonistes de la première heure.
Mais c'est Cicéron, un homo novus (homme nouveau), un inquilinus (citoyen de rencontre), comme le désignera son adversaire Catilina, qui est élu, car les sénateurs et les chevaliers, unis par la frayeur que leur ont provoquée les manœuvres violemment démagogiques de Catilina, ont fait front derrière lui.
Cicéron entre en charge et Catilina exaspéré brigue le consulat suivant avec une violence qui le fait de nouveau battre sur le terrain de la légalité, qu'il décide dès lors de quitter. Rassemblant des complices à Rome, à l'intérieur même du sénat, et levant des troupes dans toute l'Italie, ce chef charismatique fomente un coup d'état.
Cicéron, grâce à ses espions, est au courant de tous ses projets de sédition. Le 22 septembre, il convoque le sénat, mais ne rencontre qu'indifférence. Ce n'est que le 21 octobre que des révélations sur des projets de soulèvement en Étrurie et d'assassinat des consuls à Rome alertent le sénat convoqué d'urgence.
Devant la gravité de la situation, il vote à Cicéron le senatus-consulte ultime, dispositions légales qui, dans des circonstances exceptionnelles, permettent à un magistrat d'exercer des pouvoirs extraordinaires.
C'est ainsi que le 8 novembre -63 Cicéron prononce devant le sénat la première Catilinaire, qui force Catilina à sortir de Rome. Dans la foulée, il convoque l'assemblée du peuple et prononce la deuxième Catilinaire, propre à intimider ses partisans. Catilina et ses complices sont déclarés ennemis publics.
Toutefois, de loin, Catilina continue d'alimenter secrètement la conjuration. La troisième Catilinaire, prononcée devant l'assemblée du peuple le 3 décembre, permet à Cicéron en possession de documents compromettants de faire arrêter les complices de Catilina restés dans Rome.
La quatrième Catilinaire du 5 décembre signe l'arrêt de mort des cinq conjurés arrêtés. Ils sont exécutés le soir même.
Il faut toutefois attendre le 5 janvier -62 pour que périsse Catilina.
Cicéron consul a sauvé la République, son triomphe est celui de l'éloquence mise au service du droit.
- Repères -
Le cursus honorum : l’accession aux magistratures constitue à Rome la carrière des honneurs.
Un homme politique est ainsi successivement questeur, édile, prêteur et enfin consul.
Les fonctions des questeurs, qui sont au nombre de 20, sont financières.
Les édiles (il y en a 4) sont chargés de l’administration de Rome, du ravitaillement et des jeux.
Les prêteurs, qui sont 8, exercent des fonctions judiciaires. Quant aux deux consuls, ils détiennent les plus hautes responsabilités, politiques et militaires, l’imperium.
Après leur sortie de charge, ils deviennent au moins pour un an propréteurs et proconsuls, chargés de l’administration d’une province.
Les partis politiques à Rome : ils sont au nombre de 3 et sont plus des groupements d’intérêts que de véritables partis politiques.
- Les optimates (parti sénatorial) : formé de familles riches et aristocrates, c’est-à-dire qui comptaient un magistrat parmi leurs ancêtres, le parti sénatorial est conservateur ;
- Les populares (parti populaire) : opposé au parti sénatorial, dont il dénonce les privilèges et le conservatisme, il est formé d’aristocrates qui prennent appui sur les couches populaires ;
- Les equites (chevaliers ou ordre équestre) : formé de citoyens fortunés, appartenant au monde des affaires, commerce et banque, l’ordre équestre est très lié au monde politique.
La constitution de la République romaine repose sur l’équilibre de trois organes politiques : les comices (assemblée du peuple) élisent, chaque année, les magistrats dont deux consuls qui gouvernent l’État, sous la tutelle du sénat composé d’anciens magistrats, nommés à vie.
Alors qu'il a les moyens d'obtenir, séance tenante, l'exécution du conjuré, Cicéron préfère le confondre totalement pour le pousser à quitter Rome et à se démasquer en l'obligeant à rejoindre les autres conjurés : il veut, par là, persuader son auditoire - il s'adresse autant à Catilina lui-même qu'au Sénat (notamment dans la dernière partie du discours) - qu'il y a plus intérêt pour la République au départ massif de Rome des conjurés qu'à la condamnation d'un seul, fût-il le chef.
C'est ainsi que dans le désormais célèbre exorde ex abrupto de la première Catilinaire, Cicéron apostrophe directement Catilina dans un style oratoire sans faille où l'on peut voir apparaître toute la maîtrise de son éloquence :
« Jusqu'à quand, enfin, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore ta fureur esquivera-t-elle nos coups ? Jusqu'où t'emportera ton audace sans frein ? Rien, ni les troupes qui, la nuit, occupent le Palatin, ni les rondes à travers la ville, ni l'anxiété du peuple, ni ce rassemblement de tous les bons citoyens, ni le choix de ce lieu, le plus sûr de tous, pour convoquer le sénat, ni l'air ni l'expression de tous ceux qui sont ici, non, rien n'a pu te déconcerter ? Ne sens-tu pas que tes projets sont percés à jour ? Ne vois-tu pas que ta conspiration, connue de tous, est déjà étranglée ? Ce que tu as fait la nuit dernière, où tu as été, qui tu as convoqué, ce que tu as résolu, crois-tu qu'un seul d'entre nous l'ignore ? Ô temps ! Ô mœurs ! Tout cela, le sénat le sait, le consul le voit ! »
C'est bien cette arme forgée à l'école de l'art oratoire qui vaut à Cicéron la victoire de son projet : Catilina quitte Rome le soir même.
Ainsi même s'il commence par se féliciter des premiers signes de capitulation de Catilina, il dresse un tableau impitoyable des derniers conjurateurs encore en place dans la cité, dont les vices et le passé délictueux sont passés au crible : il peint des hommes sans scrupules, débauchés, prêts à tout pour assouvir leur ambition et leur cupidité et habitués des tribunaux. Cette bande d'escrocs ne saurait tenir tête aux yeux de Cicéron à l'armée de la République :
« Déployez maintenant, Romains, contre cette brillante milice de Catilina, les forces de votre empire ; et d'abord, opposez à ce gladiateur, déjà frappé à mort, vos consuls et vos généraux. Ensuite, faites marcher contre ces bandes méprisables, vil rebut de la fortune et de la société, l'élite et la fleur des guerriers d'Italie. [...] La guerre est déclarée entre la pudeur et l'impudence, les bonnes mœurs et les mauvaises, la probité et la fraude, la piété et le crime, le calme et la fureur, l'honneur et l'opprobre, la continence et les plus viles passions. L'équité, la tempérance, le courage, la prudence, et toutes les vertus sont aux prises avec l'injustice, la débauche, la lâcheté, la témérité, et tous les vices. Enfin, c'est la lutte de l'opulence avec la misère, de la raison avec le délire, de la sagesse avec la folie, de l'espérance avec le désespoir. Dans cette guerre étrange et ce combat inégal, dussent les hommes faillir à la bonne cause, les dieux eux-mêmes ne sont-ils pas intéressés à voir les vices abattus et les vertus triomphantes. »
Cicéron galvanise la foule pour qu'elle soit prête, si le besoin s'en ressent, à en venir à une solution militaire.
Cicéron prend soin de commencer sa harangue par son propre éloge, en se peignant en sauveur de Rome et de la République :
« Vous garderez sans doute aussi, et vous transmettrez à vos neveux le souvenir du magistrat qui, la trouvant fondée et agrandie, la sauva de sa ruine. Rome entière allait être embrasée ; déjà les feux s'allumaient autour de vos temples, de vos maisons et de vos murailles : j'ai su les éteindre ; j'ai brisé dans des mains parricides les glaives levés contre la république ; j'ai détourné de votre sein les poignards qui vous menaçaient. Comme ces horribles complots viennent d'être, par mes soins, révélés, prouvés, mis au grand jour dans l'assemblée du sénat, je vais, citoyens, vous les exposer en peu de mots. »
Après un exposé relativement détaillé des faits qui ont conduit à l'arrestation des conjurés (narratio - exposition de la cause, confirmatio - argumentaire), Cicéron réaffirme dans sa peroratio (péroraison) que seule le guide sa volonté de servir la République dans l'exercice du pouvoir :
« Pour ce qui me touche personnellement, est-il quelque chose au monde qui puisse ajouter pour moi un nouveau prix à l'existence, quand je ne vois ni dans la carrière des honneurs, ni dans celle de la gloire rien de plus haut où je puisse arriver ? Toute mon ambition est de soutenir et d'honorer, dans la condition privée où je rentrerai bientôt, la renommée de mon consulat : ainsi tourneront à ma gloire et à la confusion de mes ennemis, les haines que j'ai pu m'attirer en sauvant la patrie ; ainsi la République me trouvera toujours digne de ce que j'ai fait pour la servir ; et ma vie entière prouvera que mes actions furent l'ouvrage de la vertu et non celui du hasard. »
Tout en résumant les avis partagés, il se déclare favorable à la première sentence, celle des partisans de la rigueur. Les 5 conjurés sont exécutés le soir même. Bien qu'ici Cicéron ait voulu apparaître comme le porte-parole d'une décision discutée par le sénat, en se servant, encore une fois, de son éloquence, il n'en reste pas moins qu'en assumant ce choix, il a recours à une violence qui ne fait pas partie de son idéal politique :
« Oui, pères conscrits, c'est votre sort que vous allez décider aujourd'hui ; c'est le sort du peuple romain, de vos femmes et de vos enfants, de vos autels et de vos foyers, des temples sacrés, de la ville, de l'empire, de la liberté, de l'Italie, de la république entière. Prononcez donc avec cette fermeté qui a signalé vos premières délibérations. Vous avez un consul qui ne craindra pas d'exécuter vos arrêts, qui les défendra toute sa vie, et qui en accepte pour toujours la glorieuse responsabilité. » (fin de la péroraison).
Repères
Pour Cicéron, un bon discours doit avoir pour triple objectif de docere, delectare, movere (instruire, plaire et toucher).
Pour cela, il doit comporter un exordium (attaque du discours), une narratio (exposition de la cause), une confirmatio (argumentaire) et une peroratio (péroraison). Ce corps du discours nécessite 5 facultés qui sont l'inventio (le sujet du discours), la dispositio (la mise en ordre des éléments du discours), l'elocutio (le choix des mots et des figures pour les ordonner), l'actio (les gestes) et la memoria (la mémoire) pour le proférer.
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