Les Caractères : questions d'ensemble
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Dans la première édition, en 1688, les maximes sont en très grand nombre, et ne surpassent guère celles de La Rochefoucauld ; en revanche, les portraits sont plus originaux et permettent à La Bruyère d'exercer toute une savante rhétorique inspirée des modèles (Horace, Quintilien, Euripide, Sophocle, Térence) et des grands auteurs de son temps, de Scarron (pour le registre burlesque) à Racine ou Corneille (pour les registres épiques et tragiques, généralement tournés en dérision), en passant par Molière (pour le registre comique et surtout satirique).
La rhétorique de La Bruyère s'appuie donc autant sur les caractéristiques du discours moraliste, pratiqué par La Rochefoucauld ou Chamfort, et La Fontaine sous une autre forme, mais aussi sur les grandes tendances du style classique, ciselé, précis, reposant sur les règles rigides de la bienséance, du bon goût, de la vraisemblance.
Mais La Bruyère a su cultiver sa singularité, par une oeuvre hybride et donc unique, mais aussi par un style personnel qui a fait dire à Taine :
Son talent consiste principalement dans l'art d'attirer l'attention... Il ressemble à un homme qui viendrait arrêter les passants dans la rue, les saisirait au collet, leur ferait oublier leurs affaires et leurs plaisirs, les forcerait à regarder à leurs pieds, à voir ce qu'ils ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir, et ne leur permettrait d'avancer qu'après avoir gravé l'objet d'une manière ineffaçable dans leur mémoire étonnée.
Fidèle en bien des points à Montaigne, il reprend la doctrine de l'imitation créatrice, comme Pascal et La Fontaine, même s'il semble se résigner dès l'entrée de son ouvrage que « Tout est dit et l'on vient trop tard. » (Des Ouvrages de l'esprit, § 1).
Il opère ensuite toute une série de
comparaisons, des auteurs antiques (Virgile,
Homère entre autres) à ceux de son
époque et même s'il se montre critique,
notamment envers Rabelais ou Molière, il n'en
reconnaît pas moins le talent et l'audace. Par
cette qualité d'adaptation et cette perspicacité
de jugement, La Bruyère montre déjà les
prémisses de l'esprit éclairé des
Lumières et surtout la capacité à
relativiser.
Cela ne fait cependant pas de lui un Moderne, et il se place
résolument du côté des Anciens (Boileau, Bossuet, la
Fontaine...) et attaque violemment leurs détracteurs
(Perrault, Bayle, Fontenelle...) lors de la fameuse Querelle
des Anciens et des Modernes de la fin du XVIIe
siècle.
Dès sa Préface, La Bruyère annonce d'où lui vient son inspiration :
Je rends au public ce qu'il m'a prêté ; j'ai emprunté de lui la matière de cet ouvrage... [...] Il peut regarder avec loisir ce portrait que j'ai fait de lui d'après nature, et s'il connaît quelques-uns des défauts que je touche, s'en corriger.
Si certains personnages des portraits sont reconnaissables, d'autres sont souvent inspirés de fines observations, réintégrées par petites touches dans un personnage. Il ne faut pas chercher à retrouver un homme précis dans un portrait mais un type d'homme.
La démarche anticipe sur certaines démarches scientifiques des siècles suivants en empruntant d'abord la voie de l'observation avant d'élaborer la théorie. La démarche, la gestuelle, la parole sont autant de renseignements recueillis par le fin observateur et qui servent à élaborer les portraits saisissants, éloquents et très critiques comme dans les chapitres « De la cour », « Des grands », « De la ville ». Les grands sont croqués sans pitié et avec précision grâce à ce que La Bruyère a pu voir d'eux en action, à Chantilly ou Paris, mais le peuple est représenté avec moins de précision documentaire et de manière parfois impressionniste, sorte de masse informe et bigarrée soumise au souverain.
Comme chez La Fontaine ou Molière, des types émergent des différents chapitres : le fat, le parvenu, l'égoïste, le menteur, le faux dévot, le collectionneur, le flatteur, l'arriviste, le maladroit... et se révèlent à nous comme universels et atemporels. Et d'ailleurs, dans sa Préface, La Bruyère annonçait vouloir, plus que la Cour de France et les hommes de sa nation, « peindre les hommes en général ».
La Bruyère (comme La Rochefoucauld) redéfinit le mérite personnel (qui caractérise « l'honnête homme ») comme valeur essentielle, dans une société où prédominent la naissance et l'argent (cf. « Du mérite personnel », « Des biens de fortune », « Des grands », « Des jugements »).
L'argent rend les hommes arrogants (on pense à Giton) et le désir qu'il suscite entraîne les intrigues les plus détestables. Mais les fortunes liées à l'argent sont précaires et La Bruyère se plaît à décrire des déchéances d'hommes à la mode retournés au néant ou morts dans la solitude (ex. : portrait de Crésus). Car l'issue n'est pas toujours aussi heureuse dans un portrait que dans une comédie de Molière.
Ce jeu social, reposant sur des valeurs dévoyées, n'est rendu possible que par un pouvoir qui provoque lui-même les inégalités. La monarchie absolue est bien malmenée par La Bruyère : le roi (Louis XIV), ses courtisans, ses ministres, les hommes d'Eglise, les magistrats... tous contribuent à un système fondé sur le paraître et l'intérêt (cf. « Du souverain ou de la république », « Des jugements », « De quelques usages », « De la chaire »). La Bruyère critique vivement les guerres, coûteuses et inutiles, menées par Louis XIV et le moraliste en dénonce la sauvagerie et l'absurdité (cf. « Du souverain ou de la république »).
Ces idées font de La Bruyère un homme à la charnière de deux siècles, celui du Roi Soleil et celui des Lumières. Les philosophes du XVIIIe n'auront de cesse de lutter contre la guerre et l'esclavage et d'oeuvrer pour davantage d'égalité et de justice.
Si La Bruyère était un auteur classique, il était aussi peut-être un philosophe éclairé.
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