Lecture méthodique : Le Maître Chat ou le Chat botté
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
Ce récit est le quatrième conte en prose du recueil de Perrault, Contes de ma mère L’Oye, publié en 1697, après une première version parue en 1695. Dans ce conte, l’animal joue un rôle à part entière. L’histoire qui nous est présentée est l’ascension sociale fulgurante d’un pauvre fils de meunier dans la société de l’Ancien Régime grâce à l’intervention du chat domestique doué de parole.
Le chat, personnage merveilleux ? Il appartient dans un premier temps à l’univers bien réaliste du pauvre héritage du meunier, au côté du moulin et de l’âne. Puis il se métamorphose en se personnifiant. Si la fée des « Fées » a le pouvoir de se métamorphoser en vieille dame ou en belle princesse, le chat le fait par déguisement : « Ne vous affligez point, mon maître, vous n’avez qu’à me donner un sac, et me faire faire une paire de bottes pour aller dans les broussailles, et vous verrez que vous n’êtes pas si mal partagé que vous croyez. »
Comme dans Le Petit Poucet, les bottes sont un signe de force merveilleuse, mais celles-ci vient d’un bottier et non d’un ogre.
Quant à la parole du chat, elle a la rhétorique de celle des fées : d’abord consolatrice, puis donneuse de conseils, enfin prédisant l’avenir. De la même manière qu’une fée, le don est conditionnel : en échange de l’aide, il faut fournir des bottes et un sac. On peut remarquer que les conditions posées par les fées concernent le déroulement de l’aide non son obtention.
Ainsi minuit est la limite de la métamorphose de Cendrillon, cent ans la durée de sommeil de la Belle au bois dormant. Le chat ne pose pas de limite au développement de son aide, celui-ci s’ouvre alors dans la perspective absolue du pouvoir en visant le Roi. Les « tours de souplesse » fait par le chat réel conduisent le maître à ne pas désespérer « d’en être secouru. » Ce détail soulignant le raisonnement analogique du maître accuse, aussi le souci de vraisemblance recherché par Perrault au cœur même du merveilleux : cette analogie donne une motivation à la métamorphose du chat. (cf G. Genette « Vraisemblance et motivation » in Figures II).
Au secours, correspond l’obstacle merveilleux, l’ogre. Cet ogre ne dévore pas, ne menace pas. Il est riche comme le sera Barbe bleue. Un seul indice suggère son rapport à la nourriture, mais il est rapporté après sa disparition au plus-que-parfait : « une magnifique collation que l’ogre avait fait préparer pour ses amis ». Comme dans Le Petit Poucet, seule la ruse permet de venir à bout de l’ogre.
Maître imparfait des métamorphoses, le chat en impose à l’ogre. On le découvre possesseur de ce pouvoir féerique (voir Les Fées). Et pour en venir à bout le chat redevient chat ! Ruse d’hypocrite et jeu avec le lecteur : le chat avance masqué bien que toujours exposé. Ce masque paraît être à l’image du registre merveilleux dans ce conte, un code avec lequel on joue plutôt que des motifs pour émouvoir le lecteur.
Des champs cultivés au château de l’ogre, nous passons de la culture nourricière à la barbarie destructrice. Mais cet espace est surtout un espace juridique plus que merveilleux. Le moulin est un héritage, les terres de l’ogre, les paysans qui la travaillent sont un enjeu de propriété.
Cet espace s’offre moins à la rêverie, à l’expérience existentielle (comme la forêt ou la fontaine) mais définit des rapports de forces dont l’enjeu est l’appropriation, l’avoir. Cette thématique est présente dans Le Petit Poucet où la possession des bottes assure une place dans la société et permet au cadet méritant de pourvoir au bien-être de ses aînés mais Le Chat botté fait de ce thème l’axe central des valeurs de ce récit.
Cette personnification consciente d’elle-même à travers cette demande d’accessoires fait du chat un être hypocrite, une allégorie de la dissimulation. C’est déjà le merveilleux mis en abîme par l’exhibition dans le récit de ce que le merveilleux traite par la surprise et l’inattendu.
Ce chat est aussi un être hybride, mi-humain, mi-chat. Dans son combat face à l’ogre, il redevient chat quand l’ogre est lion : « il gagna aussitôt les gouttières, non sans peine et sans péril, à cause de ses bottes qui ne valait rien pour marcher sur les tuiles » puis quand l’ogre est souris, il le dévore, en bon chat. C’est au moment où il est acteur et pas seulement orchestrateur de manipulations, donc au plus près d’une personnification achevée en humanisation héroïque (le combat contre l’ogre est une parodie d’épopée), que le chat reprend sa vraie nature.
Dans ses paroles, le chat est menteur. Il invite le futur Marquis à se baigner sans lui révéler son rôle de noyé. Face aux paysans, il menace : « vous serez tous hachés menu comme chair à pâté ». Autrement dit, il menace de les réduire en nourriture à chat ! Face au Roi, il flatte par des cadeaux.
Sa parole n’est jamais affirmative, mais impérative. Elle se pose comme un acte dans un système d’échange par lequel elle offre en attente de retour : gibier contre mariage, lion contre souris, acclamation contre chair à pâté. Il faut remarquer qu’avant toutes les actions du chat, il y a l’information, l’écoute, la prise de renseignements préalables à l’action. L’ouïe précède la parole afin de pouvoir adapter cette dernière.
La parodie est représentée par un jeu vertigineux de renversements : le plus pauvre des enfants devient le plus riche, le chat destiné à être mangé devient le dévoreur, ce chat, inutile héritage devient le plus utile, l’ogre laisse sa nourriture au Roi après avoir été mangé par le chat lui-même voué au même sort, le chat feint la mort pour capturer et tuer ses proies afin d’échapper à la mort promise par son maître, le maître du chat se voit concurrencé par le maître chat, le chat-chasseur ne nourrit pas son maître affamé mais offre la nourriture et fait passer son maître pour noyé, le chat menacé de finir en chair à pâté menace les paysans du même sort…
Cette moralité oppose le « riche héritage » au « savoir-faire ». Le moraliste insiste sur les capacités individuelles, sur les ressources de l’être, sur l’apprentissage et l’action en opposition avec le pouvoir transmis, l’avoir, la jouissance de l’acquis. Cette moralité éclaire la spécificité masculine du conte. L’héritage n’est en place que dans la sphère des fils.
Cette moralité invite à relire le conte d’une étrange manière : en effet, le fils du meunier ne représente pas ce fils faisant un « riche héritage ». Ce conte paraît, en développant les notions de savoir et d’action, concerner le chat. Il serait un exemple pour un fils même fortuné. Non seulement le chat serait une figure de conteur mais aussi de courtisan. Il fait allégeance au Roi pour en attendre des bénéfices en retour. Il calcule son influence, adapte sa rhétorique à son interlocuteur. Le dernier mot du conte paraît contredire cette morale : le chat désormais se divertit, jouit donc de ses richesses comme un héritier.
• Moralité n° 2 : de l’importance de l’apparence en amour
Cette fois la morale réunit le fils du meunier et la princesse. On notera que la morale n’est pas dupe des apparences puisqu’elle ramène l’apparence du Marquis à la vérité de sa condition. Or la différence sociale n’est pas le sujet traité. Mais la moralité traite de la vitesse du sentiment (non sans ironie, « les yeux mourants », les rimes vitesse / jeunesse / tendresse) et met en valeur sa cause : l’apparence.
A nouveau le privilège est donné à la jeunesse. A nouveau le savoir-faire est mis en avant. Mais cette fois il ne s’oppose pas à l’avoir. Il est un moyen mis au service de la sincérité. La litote « n’en sont pas des moyens toujours indifférents » suggère que l’amour vient aux jeunes gens par l’apparence, la beauté, le soin apporté à ses manières.
Dans ce contexte où la morale se confronte à la situation extrême de la faim, elle doit s’accommoder des moyens pour parvenir à la subsistance. Le rôle de la faim et de la nourriture exprime cet état de nécessité qu’il faut surmonter (voir la dernière phrase du conte) et le jeu d’échange des prises de chasse qui passe de nourriture à don, de consommation immédiate à offre en attente de récompense développent l’idée d’une morale soucieuse des circonstances plus que des principes.
Cette morale pratique n’est pas héritée, fondée a priori par une loi universelle, elle est le fruit du génie humain. Elle est donc l’image de la littérature qui offre à l’instruction du lecteur l’image du monde complexe.
Des quiz et exercices pour mieux assimiler sa leçon
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des quiz et exercices en accompagnement de chaque fiche de cours. Les exercices permettent de vérifier si la leçon est bien comprise ou s’il reste encore des notions à revoir.
Des exercices variés pour ne pas s’ennuyer
Les exercices se déclinent sous toutes leurs formes sur myMaxicours ! Selon la matière et la classe étudiées, retrouvez des dictées, des mots à relier ou encore des phrases à compléter, mais aussi des textes à trous et bien d’autres formats !
Dans les classes de primaire, l’accent est mis sur des exercices illustrés très ludiques pour motiver les plus jeunes.
Des quiz pour une évaluation en direct
Les quiz et exercices permettent d’avoir un retour immédiat sur la bonne compréhension du cours. Une fois toutes les réponses communiquées, le résultat s’affiche à l’écran et permet à l’élève de se situer immédiatement.
myMaxicours offre des solutions efficaces de révision grâce aux fiches de cours et aux exercices associés. L’élève se rassure pour le prochain examen en testant ses connaissances au préalable.
Des vidéos et des podcasts pour apprendre différemment
Certains élèves ont une mémoire visuelle quand d’autres ont plutôt une mémoire auditive. myMaxicours s’adapte à tous les enfants et adolescents pour leur proposer un apprentissage serein et efficace.
Découvrez de nombreuses vidéos et podcasts en complément des fiches de cours et des exercices pour une année scolaire au top !
Des podcasts pour les révisions
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des podcasts de révision pour toutes les classes à examen : troisième, première et terminale.
Les ados peuvent écouter les différents cours afin de mieux les mémoriser en préparation de leurs examens. Des fiches de cours de différentes matières sont disponibles en podcasts ainsi qu’une préparation au grand oral avec de nombreux conseils pratiques.
Des vidéos de cours pour comprendre en image
Des vidéos de cours illustrent les notions principales à retenir et complètent les fiches de cours. De quoi réviser sa prochaine évaluation ou son prochain examen en toute confiance !