Le totalitarisme : définition et analyse du phénomène
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Comprendre la notion de totalitarisme
- Un État totalitaire se caractérise par un parti unique qui possède une idéologie, qui utilise la propagande, qui a la mainmise sur les activités économiques et professionnelles et qui instille la terreur.
- Le fascisme et le communisme peuvent être assimilés, comme le nazisme, a un totalitarisme.
L’État sous sa forme moderne a
engendré les totalitarismes, selon
certains ; ceux-ci estiment, par
conséquent, que l’État totalitaire
est une dégénérescence de
l’État moderne. On argue souvent, pour
accréditer cette thèse, que Hitler est
parvenu au pouvoir de façon démocratique.
Apparaitrait ici toute la faiblesse de
l’idée démocratique : il
suffit d’un seul homme, capable tout autant de
manipuler les masses que de les infantiliser, pour que
soit rendu exorbitant le pouvoir d’un État
originellement
« démocratique ».
La terreur, au sein des États
totalitaires, est le mode même de fonctionnement
du système ; la violence est au
cœur de la gestion politique et sociale. Toute
manifestation de résistance, ou même de
divergence, est considérée, de la part
des individus, comme des menaces potentielles à
l’égard de l’État ;
à ce titre, ils doivent être
éliminés.
Raymond Aron, philosophe et sociologue français (1905-1983), dans son ouvrage intitulé Démocratie et totalitarisme (leçons professées en Sorbonne au cours de l’année universitaire 1957-1958), établit que les régimes totalitaires peuvent être définis en fonction de cinq caractéristiques précises.
- Existe, au sein de ces régimes, un parti unique, qualifié de « monopolistique ». Raymond Aron montre que ce monopole d’activité politique d’un parti unique est justifié par le fait que seul ce parti est capable « de créer une société foncièrement nouvelle, seule conforme aux valeurs suprêmes » qu’il établit (Première partie, IV). L’État est en outre inséparable de ce parti : le parti représente l’État, et l’État représente le parti.
- Ce parti monopolistique possède une idéologie qui devient « la vérité officielle de l’État ».
- L’État utilise la force et la persuasion, afin de répandre cette vérité officielle (propagande). Il utilise à cette fin tous les moyens de communication qui sont à sa disposition.
- L’État organise et dirige l’ensemble des activités économiques et professionnelles, par l’intermédiaire desquelles il peut ainsi continuer de diffuser « la vérité officielle ».
- De cette manière, « une faute commise dans une activité économique ou professionnelle est simultanément une faute idéologique ». La terreur s’installe.
Comment expliquer, se demande encore Raymond Aron, que
l’Italie fasciste de Mussolini, où
régnait un seul parti, n’ait pas
engendré les excès et les horreurs
auxquels ont été conduits les acteurs des
grandes purges soviétiques et ceux de
l’extermination du peuple juif, planifiée
à l’échelle
européenne ?
Aron trouve des éléments de
réponse dans l’ouvrage d’Hannah
Arendt (1906-1975), intitulé Origines of
totalitarianism (Les origines du
totalitarisme, 1951). Selon Arendt, il existe une
parenté essentielle entre la Russie
soviétique et l’Allemagne
hitlérienne. Dans le cas de la Russie,
l’aboutissement est le goulag ; dans celui de
l’Allemagne, les chambres à gaz. Une
différence essentielle demeure : la Russie
œuvrait à la construction d’un homme
nouveau, l’Allemagne à la destruction de
l’homme juif. Mais dans les deux cas, ces
idéologies ont mené à un
massacre massif d’êtres humains.
François Furet (1927-1997), historien
français, se livre, dans Le passé
d’une illusion (1995) à une analyse
similaire : le concept de totalitarisme,
écrit-il, a été inventé
pour désigner cette réalité
nouvelle que constitue une société plus
ou moins asservie à un parti-État,
régnant par l’idéologie de la
terreur. Le mot est né de la chose, que
les termes de « despotisme ou de
tyrannie » ne suffisaient plus à
contenir. Le bolchevisme et le fascisme, montre Furet,
sont des enfants de la guerre, et ont été
engendrés par l’habitude de la violence,
la simplicité des passions extrêmes, la
soumission de l’individu au collectif, enfin
l’amertume des sacrifices inutiles ou trahis.
Furet n’hésite pas à affirmer, pour
souligner la correspondance entre les deux
régimes, que si des millions d’hommes ont
été exterminés par Staline au nom
de la lutte contre la bourgeoisie, des millions
l’ont été par Hitler au nom de la
pureté de la race aryenne.
Enfin Ernst Nolte, historien et philosophe allemand
né en 1923 établit, à
l’instar de Furet, qu’il existe une
similitude entre le Goulag et Auschwitz.
Ces thèses ont eu du mal, dans la seconde partie
du XXe siècle, à être
acceptées : le nazisme ayant
été considéré comme le mal
absolu, les historiens ou les philosophes qui ont
employé le terme de
« totalitarisme » pour montrer
qu’il existait un dénominateur commun aux
deux types de régimes (la droite extrême
et la gauche extrême) ont été
accusés de vouloir minimiser les crimes
hitlériens, qui selon eux devaient rester
uniques au regard de l’horreur absolue
qu’ils représentaient.
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