Le rôle des transports dans l'organisation du territoire
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
Que ce soit le réseau routier, ferroviaire ou même aérien, il est toujours composé presque exclusivement de liaisons à partir de Paris. Les axes de transports ont une forme en étoile centrée sur la capitale d'où tous les axes divergent. Cela se traduit, en pratique, par la quasi nécessité de passer par Paris, quel que soit le trajet réalisé. Il est par exemple plus rapide de passer par Paris pour aller de Marseille à Bordeaux que de faire le trajet directement.
Cette caractéristique est particulièrement marquée sur le réseau ferré dit en « étoile de Legrand ». Legrand était l'ingénieur qui, au XIXe siècle, a créé ce réseau d'axes convergeant vers Paris.
- Une explication historique et politique
Cette disposition ne doit rien au hasard. Elle est le fruit
d'une tradition qui remonte à la Révolution
française et qui consiste à tout centraliser
à Paris, capitale autour de laquelle vit tout le
territoire. On parle de centralisme politique ou
jacobinisme. Ce centralisme existe depuis 1790 et ne fait
que se renforcer au fil du temps. Phénomène
politique au XVIIIe siècle, le
centralisme devient économique au
XIXe siècle.
- Les principaux axes
On peut actuellement distinguer 4 axes principaux qui
structurent le territoire français :
- l'axe Paris-Lyon-Marseille qui, avec plus de
100 000 usagers par jour est de loin le plus
fréquenté ;
- l'axe Paris-Lille est un axe majeur depuis
l'industrialisation de la France. Son importance tend à
croître avec son raccordement au nord de
l'Europe ;
- l'axe Paris-Le Havre (le long de la vallée de la
Seine) est depuis longtemps une voie fluviale d'importance.
Aujourd'hui, le trafic se fait essentiellement par le rail et
la route ;
- l'axe Paris-Toulouse via Bordeaux.
Actuellement, l'essentiel des investissements dans le domaine des transports a été réalisé afin de développer les modes de transport rapides. La plupart des investissements routiers vont à la construction d'autoroutes (dont la longueur a été multipliée par 10 depuis les années 1960). Il en va de même pour le chemin de fer où le gros des dépenses depuis 1981, date de l'ouverture de la liaison TGV Paris-Lyon, est consacré à la création de voies à grande vitesse. Les 1 200 kilomètres de voies TGV transportent aujourd'hui plus de monde que les 32 000 kilomètres de voies classiques. L'avion reste marginal dans la place qu'il occupe. Seules les liaisons Paris-le grand Sud (Nice, Marseille, Toulouse et Bordeaux) sont rentables dans la mesure où le gain de temps est sensible.
Globalement les axes à haut débit ont tendance à capter l'essentiel (70 %) des déplacements inter-urbains.
- Un développement d'axes transversaux encore
imparfait
Les aménageurs ont pris conscience dans les
années 1980 que la configuration en étoile
centrée sur Paris des infrastructures de transports ne
pouvait que renforcer le poids et l'attraction de Paris. Aussi
un des volets de la politique d'aménagement du
territoire est de développer les axes
« transversaux » c'est-à-dire ne
passant pas par Paris.
Cela se traduit par l'ouverture de liaisons
autoroutières du type
Orléans-Clermont-Ferrand-Toulouse qui traverse le
Massif central, autrefois contourné en passant par
Paris. Les nationales transversales sont
améliorées (agrandies, sécurisées
et mieux signalées). Mais ces axes demeurent beaucoup
moins empruntés. Les liaisons transversales les plus
importantes (Bordeaux-Toulouse, Strasbourg-Beaune et
Metz-Dijon) sont 10 fois moins fréquentées
que l'axe Paris-Lyon.
Les réseaux rapides captent l'essentiel du trafic mais représentent à peine 10 % des infrastructures. Cela signifie que leur densité est beaucoup plus faible. Cela se traduit par une desserte très sélective du territoire où les régions les moins urbanisées et industrialisées sont laissées pour compte. Le TGV ne dessert aucune gare du Massif central par exemple.
Seules les liaisons rentables sont équipées. Les géographes parlent d'un réseau à grande vitesse au maillage plus lâche que le réseau traditionnel.
- Un renforcement de la métropolisation
Ces réseaux rapides ont comme point commun d'être
beaucoup plus sélectifs que les anciennes
infrastructures. Il existe moins de gares TGV que de trains
classiques, on compte moins de sorties autoroutière
que sur une nationale. Les sorties ou les gares TGV ne
desservent que les grandes métropoles françaises
qui sont un point de passage obligé. Pour effectuer le
trajet Privas (Ardèche)-Paris en train, il faut
désormais prendre deux trains : un TER
Privas-Valence puis un TGV Valence-Paris alors qu'en 1980,
la liaison était directe. Ces petites villes voient
désormais leur population décliner lentement au
profit des métropoles qui ont de plus en plus
d'importance . Ce qui est vrai pour la population l'est aussi
pour les activités économiques : une ville
sans sortie autoroutière est aujourd'hui
condamnée (ce qui explique que tous les maires de
communes urbaines se battent pour obtenir une bretelle
autoroutière). Les géographes parlent d'un
renforcement de la métropolisation.
Ces réseaux à grande vitesse doivent s'appréhender également à l'échelle européenne. Celle-ci est indispensable pour comprendre leur logique qui dépasse souvent le strict cadre national et joue un rôle de plus en plus important dans les décisions. Les liaisons TGV type Eurostar ou Thalys sont avant tout destinées à « raccrocher » la France au coeur économique européen qui court depuis Londres jusqu'à Milan et auquel la France est périphérique. La futur liaison TGV Paris-Strasbourg doit être vue comme une liaison Paris-Francfort avant tout.
- La France, lieu de passage obligé entre le Nord et
le Sud de l'Europe
Grâce au réseau ferré à grande
vitesse, la France essaie d'améliorer sa situation en
Europe. D'Etat périphérique, elle veut devenir un
lieu de passage obligé où Paris jouerait un
rôle essentiel. Pour aller d'Allemagne en Italie, il est
en effet plus rapide de passer par Paris que de traverser la
Suisse.
Mais l'élargissement vers l'est de l'Europe ne
risque-t-il pas de contrecarrer ce projet ?
Le trafic de biens et de personnes a été
multiplié par 2 depuis 1970. Cela a
nécessité une adaptation des différents
réseaux de transports. Les 3/4 des déplacements
se font par la route. L'organisation des réseaux de
transport est un héritage des XVIIIe et
XIXe siècles. L'essentiel des
améliorations depuis une trentaine d'années a
consisté à en augmenter le débit afin
qu'ils puissent absorber l'accroissement du trafic sans
engorgement majeur.
Cela s'est traduit par la création de réseaux
à grande vitesse (autoroutes et TGV par exemple). Mais
les conséquences sur l'espace sont notables : en
desservant moins de villes, ces nouveaux réseaux ont
renforcé l'attraction et l'influence des
métropoles. A l'échelle européenne, ces
nouveaux axes permettent à la France de se raccrocher au
coeur économique de l'Europe et en font un lieu de
passage obligé.
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