Le régime de Vichy- Terminale- Histoire
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Connaitre le régime de Vichy et son rôle dans la Seconde Guerre mondiale.
- Connaitre la révolution nationale.
- Le régime de Vichy est incontestablement l'un des moments les plus noirs de l'histoire de France.
- Régime réactionnaire, Vichy va également développer une idéologie anti-républicaine : la révolution nationale. Mais c'est aussi un régime qui va faire de la France, un État satellite de l'Allemagne.
L'effondrement de la France en juin 1940 suscite
dans le pays nombre d'interrogations et de tensions
autour de la responsabilité de la
défaite. Très vite, c'est le
régime lui-même qui est
désigné par certains comme responsable.
Pour l'armée, qui a perdu
100 000 hommes en six semaines de combat, il
ne saurait être question d'assumer seule la
défaite. Son général en chef,
Weygand, refuse ainsi de déclarer la
capitulation pour ne pas « faillir à
l'honneur militaire ». Par ailleurs, une
partie de la classe politique s'accorde depuis le
milieu des années 1930 à rejeter
le régime républicain.
Ces deux courants trouvent en la personne de
Philippe Pétain (84 ans en 1940) une
personnalité susceptible d'incarner leurs
espoirs. Celui-ci bénéficie d'une
réelle aura dans le pays pour son rôle
durant la Première Guerre mondiale.
Rentré au gouvernement dans les heures
difficiles de mai 1940 à l'appel du
président du Conseil, Paul Reynaud, qui compte
sur lui pour galvaniser l'armée et la nation,
Pétain se déclare - moins d'un mois
plus tard -, le 16 juin en faveur de
l'armistice. Reynaud - partisan de la
poursuite de la lutte - est mis en minorité
et démissionne. Le président de la
République, Albert Lebrun, demande
aussitôt à Pétain de former le
gouvernement. Pétain reçoit le soutien de
Pierre Laval, convaincu que seul un changement de
régime peut permettre la
régénération de la France.
Le 1er juillet, à l'initiative
de Laval, le gouvernement, replié à
Bordeaux, s'installe à Vichy. Il fait convoquer
le parlement pour procéder à une
révision de la Constitution. Sur
932 parlementaires, 670 peuvent se rendre
disponibles (les autres étant soit déchus
- comme les communistes -, soit en Afrique du
Nord, soit dans l'incapacité, compte-tenu de
l'exode, de se rendre à Vichy).
Le 10 juillet, le Parlement approuve
finalement par 569 voix contre 80 un texte
présenté par Laval confiant les pleins
pouvoirs constitutionnels au maréchal
Pétain. Le lendemain, en vertu de ce texte,
Pétain s'octroie des larges pouvoirs
exécutifs et législatifs, y compris celui
de désigner son propre successeur. C'en est fini
de la République. Pétain et son entourage
hétéroclite peuvent se consacrer à
la mise en place d'un ordre nouveau.
« Travail, Famille,
Patrie »
Telle est la devise du nouveau régime, qui
remplace celle de la République
(« Liberté, Égalité,
fraternité ») et résume
à elle seule la révolution
nationale. Celle-ci trouve son inspiration dans les
idées de Charles Maurras, avec une
certaine nostalgie de la grandeur passée de la
France. Il s'agit par un retour aux valeurs du
passé, d'un passé très lointain
puisque parfois antérieur à la
révolution française, de
régénérer la
« race » française.
Directement mise en œuvre par Pétain, la
révolution nationale entend fonder l'État
et la société sur les valeurs
chrétiennes les plus conservatrices, en
marquant, sur le plan économique, une
préférence pour les activités
pré-industrielles telles que l'artisanat
et surtout l'agriculture. La révolution
nationale rejette tout à la fois le capitalisme
et le socialisme. Il s'agit aussi d'encadrer la
société afin de mieux la contrôler
idéologiquement.
La mise en pratique de cette idéologie dessine
un État autoritaire. Dans le domaine
économique et social, les syndicats sont
interdits au profit de l'organisation en
corporations. Le droit de grève est
supprimé. L'État s'arroge le droit de
réglementer la production de façon
très étroite, aussi bien par
nécessité que par idéologie. Mais,
c'est dans le domaine politique que les pratiques de la
révolution nationale sont les plus autoritaires.
Les fonctionnaires sont obligés de
prêter serment de fidélité
à la personne du maréchal Pétain.
Ceux qui refusent sont révoqués. Il en
est de même des fonctionnaires
soupçonnés d'affinités avec le
communisme ou le socialisme, ou d'appartenir à
la franc-maçonnerie (dissoute). Les partis
politiques sont dissous.
Plus grave : désireux de plaire à
l'occupant allemand et dans une certaine tradition
antisémite, Vichy promulgue dès
octobre 1940 un statut restreignant les droits
des juifs (statut aggravé en
juin 1941). Ceux-ci sont notamment chassés
de la fonction publique et interdits d'exercice de
certains métiers. Plus tard, ils sont
recensés et la France participe à la
déportation.
Au départ, Vichy n'est pas un régime
fasciste : il n'a pas d'idéologie
exclusive, pas de parti unique et pas de réelle
pratique totalitaire. Certes, on y pratique le culte de
la personnalité du maréchal
Pétain. Mais c'est un régime
faible, car ses dirigeants entendent rester
à l'écart de la guerre et de son
déroulement. Pétain et ses proches font
ainsi comme si la guerre s'était
arrêtée en 1940. Or, le conflit et
ses conséquences sont la principale
préoccupation des Français, qui
contestent de plus en plus le régime. Celui-ci
est donc amené à se durcir
progressivement. Des mesures répressives sont
prises contre les adversaires de Vichy.
En février 1942, s'ouvre le
procès de Riom, on y juge les principaux
hommes d'État (dont Blum et Daladier) de la
IIIe République, accusés
d'être responsables de la défaite. Mais,
le procès tourne court : d'accusés,
Blum et Daladier deviennent accusateurs et
dénoncent Vichy. Les Allemands ordonnent, en
avril 1942, l'arrêt du procès.
Vichy devient un satellite de l'Allemagne nazie.
Jusqu'en 1942, le régime de Vichy conserve
les apparences d'une indépendance à
l'égard des Allemands. Certes, une partie du
territoire est zone occupée, sous administration
militaire allemande. Mais, on entretient la fiction
d'une autorité de Vichy sur cette zone
occupée notamment en subordonnant
l'administration de la zone occupée aux
ministres de Vichy.
En décembre 1940, Pétain, qui
méprise Laval et se méfie de lui, le
renvoie - lui, qui l'a pourtant porté au pouvoir
en juillet 1940 - et le remplace par
Flandin. Laval est même assigné
à résidence, mais, signe de son
importance pour les Allemands et du peu de cas qu'ils
font de Pétain et du régime vichyssois,
il est délivré de cette assignation sur
ordre personnel d'Otto Abetz (représentant
d'Hitler en France), qui envoie un groupe d'hommes arme
au poing le récupérer à Vichy.
En février 1941, l'étau politique
allemand se resserre encore : l'Allemagne
exige le renvoi de Flandin. Pétain accepte et le
remplace par Darlan qu'il nomme son
« dauphin ». Un an plus
tard, en avril 1942, les Allemands exigent le
retour de Laval. Pétain cède une nouvelle
fois. La même année, en novembre, les
troupes allemandes envahissent la zone libre à
la suite du débarquement allié en Afrique
du Nord.
Dès lors, les principaux hommes forts de Vichy
sont des collaborationnistes les plus
zélés qui, à l'instar de Pierre
Laval, souhaitent la victoire de l'Allemagne et
entendent la faciliter.
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