Le personnage de roman
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De même, les mythes et légendes du Moyen-Age ont créé un genre littéraire où l’esprit chevaleresque, la courtoisie, la foi et le sens de l’honneur prédominent. Qui ne connaît l’audacieux Lancelot du Lac, le preux Perceval le Gallois, le fidèle Roi Arthur ? Qui ne rêverait d’incarner un de ces courageux héros des Romans de la Table Ronde ? Le héros est admirable, fait rêver, mais peut-on aisément de nos jours encore s’identifier à cette catégorie de personnages hors du commun qui sort triomphant de toutes les situations ?
On pourrait parler d’une certaine façon du déclin voir de la mort du héros au sens noble du terme. Et c’est dans une sorte de climat d’incertitudes, d’interrogations sur le pourquoi des choses, sur le sens de la vie que naît l’antihéros. On n’est plus dans une vision caricaturale et manichéenne des choses où le bien triomphe du mal. Le lecteur moderne apprécie la complexité et les doutes, et éprouvent parfois de la compassion à leur égard, parce qu’ils sont à la recherche de sens et parce que leur vie semble à certains moments leur échapper.
Celui de l'épopée, amené par les héros de légendes et de mythes comme dans La chanson de Roland.
• Le héros tragique
Puisque la tragédie, à la différence de l'épopée, va plus loin dans l'exploration psychologique des personnages, les choses sont différentes pour les héros de ce genre. Le héros tragique est encore exemplaire, mais il doit affronter un destin où tout est perdu d'avance. Il est à la fois coupable et innocent, alors la seule solution qui lui reste pour faire disparaître ses malheurs est la mort. Phèdre de la pièce du même titre de Racine représente tout cela. Victime de ses passions incestueuses, mais en même temps jouet des dieux, elle ne trouvera la paix que dans la mort.
• Le héros problématique : le héros de roman
Le sens de sa vie a perdu son côté transparent. C'est un héros qui n'a pas de destin. Il faudrait qu'il tente par lui-même de s'en inventer un, mais il n'a pas de modèles. Il ne sait pas pourquoi il vit et ne connaît aucunement ses valeurs. Son moi est changeant, c'est un être instable. Il prend des formes diverses et transforme par son action le monde qui l’entoure.
Mais si le héros est en quelque sorte exemplaire, existe-t-il un héros pire que nous, auquel on ne veut pas s'identifier ? À cette question, on peut répondre oui. Il existe bien un type de héros dont on se moque et à qui on ne voudrait absolument pas ressembler : le héros de comédie. Ses défauts sont grossis, sa maladresse, amplifiée. Qui voudrait ressembler à Harpagon, à Argan ou à un des personnages des comédies de Molière ? Mais la dichotomie qui va subsister dans le roman est avant tout en terme de valeurs : héros positif ou négatif ?
Il existe une certaine dualité manichéenne dans le statut du héros avec le héros dit positif qui incarne toutes les valeurs de la bonne morale et apparaît donc comme un modèle. À l’origine d’ailleurs, le roman procède de l’épopée, qui met en scène des héros supérieurs, par leurs qualités physiques et morales comme Ulysse dans L’Odyssée d’Homère. C’est le cas également des romans de chevalerie avec un héros qui se doit d’être un modèle selon l’idéologie chrétienne comme Roland. C’est ainsi également que les géants des récits de Rabelais (Gargantua, Pantagruel) affamés de savoir, donnent l’image idéale de l’appétit de culture humaniste. Le lecteur est invité à les imiter à défaut de pouvoir les égaler.
• Le héros négatif
Mais le héros positif évolue ou peut évoluer de manière négative au cours du récit et la dichotomie manichéenne n’existe plus. Nous retrouvons cette caractéristique dans les romans réalistes dans lesquels le héros commet parfois des actes répréhensibles ou éprouve des sentiments condamnables ainsi Emma Bovary dans Madame Bovary, roman condamné pour atteinte aux bonnes mœurs, incarne une femme à la fois mauvaise épouse, adultérine et mauvaise mère. Le roman réaliste par essence travaille à cette dualité permanente qui constitue le propre de l’être humain. Les naturalistes poursuivront cette étude de mœurs et de ses héros seront des gens ordinaires comme Gervaise dans L’Assommoir, héroîne ni positive, ni négative mais une femme luttant contre le déterminisme.
En effet, alors que dans les romans de chevalerie, le héros pour acquérir ce statut doit réussir des épreuves au cours desquelles il démontrera sa valeur et son courage comme Lancelot du Lac, nous découvrons, dans les romans des siècles suivants, un héros ou une héroïne idéalisée.
Ainsi, on peut lire dans La Princesse de Clèves : « Il parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes. » Le statut de héros est déjà tout acquis et l’ensemble de l’intrigue va illustrer par des actions définies ce statut de héros.
Par la suite, le héros dans le schéma actanciel comme dans le schéma narratif occupe dans le roman du 19e siècle la place centrale, car il est moteur de l’action principale et tous les autres personnages gravitent autour de lui. Il est au cœur de l’intrigue, à la fois la cause et les conséquences et rien ne se fait sans lui, avec souvent l’utilisation d’une focalisation interne où le lecteur suit l’intrigue à travers les yeux de ce héros.
La figure de l’antihéros est certes omniprésente dans la littérature moderne, mais on trouve aussi des antihéros dès le début du 17e siècle avec la création de Don quichotte de Cervantes. Le personnage est un Hidalgo, personne de naissance noble, obsédé par les livres de chevalerie. Il décide de devenir à son tour un chevalier errant et de parcourir l’Espagne sur son cheval, Rossinante, en combattant le mal et protégeant les opprimés. Mais qui donc est ce personnage ? Un rêveur idéaliste et absurde ? Un fou dont tout le monde se moque ? Comment prendre au sérieux un personnage qui prend des moulins à vent pour des tyrans géants envoyés par de méchants magiciens et qui croit que les auberges ordinaires sont des châteaux enchantés ? Il semble un peu réducteur d’enfermer la figure de l’antihéros dans une définition stricte. Il existe, en effet, des antihéros. Il peut comme Don Quichotte apparaître aux yeux des autres comme un personnage en marge, rêveur, et qui suscite des moqueries.
• L’Étranger de Camus dont le personnage principal Meursault, jeune employé de bureau habitant Alger, mène une vie des plus banales et sera impliqué dans un crime sans le vouloir. Une impression de passivité et de dégoût de la vie se dégagent de ce personnage.
• Bardamu dans Voyage au bout de la nuit de Céline est un médecin pris dans la tourmente de la première guerre mondiale. Le choix de l’auteur est de faire parler son personnage dans un langage très familier voire vulgaire. Il se cristallise également dans ce personnage quelques défauts de l’homme comme la lâcheté et l’égoïsme.
« Il est temps de le dire : le romancier n'est point dieu. Rappelez-vous plutôt les précautions que prend Conrad pour nous suggérer que Lord Jim est peut-être « un romanesque ». Il se garde bien de l'affirmer lui-même; il place le mot dans la bouche d'une de ses créatures, d'un être faillible, qui le prononce en hésitant. Ce terme si clair de « romanesque » y gagne du relief, du pathétique, je ne sais quel mystère. Avec M. Mauriac, rien de tel : « désespérée prudente » n'est pas une hypothèse, c'est une clarté qui nous vient d'en haut. L'auteur, impatient de nous faire saisir le caractère de son héroïne, nous en livre soudain la clé. Mais, précisément, je soutiens qu'il n'a pas le droit de porter ces jugements absolus. Un roman est une action racontée de différents points de vue.»
• Quant à Mauriac, l’auteur de Thérèse Desqueyroux, il propose dans Le romancier et ses personnages, un renversement intéressant du personnage classique :
« On ne pense pas assez que le roman qui serre la réalité du plus près possible est déjà tout de même menteur par cela seulement que les héros s'expliquent et se racontent. Car dans les vies les plus tourmentées, les paroles comptent peu. Le drame d'un être vivant se poursuit presque toujours et se dénoue dans le silence. L'essentiel, dans la vie, n'est jamais exprimé. Dans la vie, Tristan et Yseult parlent du temps qu'il fait, de la dame qu'ils ont rencontrée le matin, et Yseult s'inquiète de savoir si Tristan trouve le café assez fort. (…) Et cependant, grâce à tout ce trucage, de grandes vérités partielles ont été atteintes. Ces personnages fictifs et irréels nous aident à nous mieux connaître et à prendre conscience de nous-mêmes. Ce ne sont pas les héros de roman qui doivent servilement être comme dans la vie, ce sont, au contraire, les êtres vivants qui doivent peu à peu se conformer aux leçons que dégagent les analyses des grands romanciers.»
Pour Sartre, le romancier emprunte aux être réels des éléments qu’il va ensuite élaborer dans ses fictions. Il réunit les éléments épars dans une expérience de laboratoire qui ensuite nous instruira. Mauriac inverse lui aussi le projet balzacien de concurrence à l’état civil : le personnage est une créature arbitraire dans un monde lui aussi imaginaire. Et en ce sens, il y a une modernité de Mauriac qui affirme (implicitement) que ses personnages sont des créatures de papier.
Force est de constater que ce n’est pas un hasard si ces contestations ont eu un impact sur l’histoire littéraire. Certaines œuvres du Nouveau Roman montrent le héros comme non nécessaire à l'histoire, ce pourquoi les personnages de ce courant littéraire semblent souvent transparents, c'est la « mort » du personnage.
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