Le fonctionnement des sociétés coloniales
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- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre le fonctionnement d’une société issue du système colonial
- Les sociétés coloniales sont des sociétés hiérarchisées, dominées par le colonisateur qui impose sa culture et ses valeurs.
- Le Code de l’Indigénat impose une discrimination juridique entre les Français et les autochtones, sujets de l’empire, et non citoyens.
- Saigon, capitale économique et culturelle de l’Indochine, représente un modèle de ville coloniale.
- La domination française suscite tensions sociales et montée des oppositions à la colonisation.
Les sociétés coloniales sont des sociétés très hiérarchisées, inégalitaires et dominées par le colonisateur.
Ainsi, le Code de l’indigénat distingait les citoyens français des sujets français, c'est-à-dire les populations colonisées. Celles-ci étaient soumises à un certain nombre de règles.
La domination coloniale est aussi une domination économique et culturelle dont témoigne la ville de Saigon, captale de la colonie de Cochinchine.
Cependant, la pacification des populations ne s’effectuent pas sans heurts ni violence : toutes formes d’opposition au projet colonial est fortement réprimé par la métropole.
Le Code de l’Indigénat construit des sociétés coloniales juridiquement très inégalitaires. La mise en valeur des colonies profite aux élites coloniales au détriment des populations locales.
L'Algérie est une colonie de peuplement depuis 1830. En 1870, la IIIe République, par une série de décrets et d'arrêtés, renforce les dispositions du Senatus consulte de 1865 sur l'état des personnes et la naturalisation en Algérie. Puis, le 28 juin 1881, le Code de l'indigénat est promulgué.
Le Code de l’Indigénat construit des sociétés coloniales juridiquement très inégalitaires. La mise en valeur des colonies profite aux élites coloniales au détriment des populations locales.
L'article 1 du Code de l'indigénat précise :
Ainsi, une distinction fondée sur l'appartenance ethnique et religieuse sépare les Algériens musulmans des Européens. Les mêmes dispositions s'appliquent aux « Israélites ». Les Algériens ont un statut juridique dégradé, celui de sujet français.
Le Code fixe des infractions et des peines spéciales pour les Algériens. Les administrateurs condamnent à des peines de prison ou à des amendes spéciales les personnes relevant du statut de l’indigénat qui commettent des infractions. Une liste de 41 infractions est établie.
Parmi les 41 infractions fixée par la loi de 1881, on trouve la réunion de plus de 25 personnes sans autorisation (pour des pèlerinages et repas publics), le départ de la commune sans autorisation, le défaut d'immatriculation d'armes possédées, les propos offensant envers un agent de l'autorité coloniale, etc. Dans les faits, les punitions corporelles tendent à remplacer les peines d'enfermement.
La naturalisation s'obtient à la condition que l'Algérien en fasse la demande à l'État français, et que celui-ci l'accepte après enquête. Pour devenir citoyen français, un musulman doit abandonner sa religion. Peu de naturalisation sont obtenues.
Le Code de l’indigénat se généralise à toutes les colonies en 1887 tout en s’adaptant aux spécificités locales.
En Nouvelle-Calédonie, on interdisait aux populations la fréquentation des débits de boisson, la pratique de la sorcellerie, la pratique du brûlis, etc.
D’une manière générale, le Code institue le travail forcé, assujettit les populations à l’impôt et contrôle leurs déplacements. À partir de 1882, une circulaire exclut des infractions les élites locales.
En métropole, le Code suscite des débats houleux au Sénat et à la Chambre des Députés. De fait, il ne respecte pas les valeurs et principes républicains (droits et libertés de l’homme). Ces débats aboutissent à quelques modifications du code, comme la possibilité pour un condamné de faire appel auprès de la hiérarchie administrative. Cependant, cette procédure complexe est peu utilisée par peur des représailles.
L’État justifie ces dispositions par le besoin d’affirmer son autorité et de sécuriser et pacifier les territoires conquis en contrôlant leurs populations.
Le Code de l’indigénat institue une justice spécifique pour les peuples colonisés. Il renforce la dualité de la société coloniale et le sentiment de supériorité chez l’Européen.
Les élites coloniales sont constituées des fonctionnaires (gouverneur, magistrat, l’instituteur, douanier, etc.) nommés par l'État pour plusieurs années. Les fonctionnaires reçoivent une formation coloniale, d’abord dispensée par l'École Libre des Sciences Politiques (fondée en 1872 à Paris) puis par l'École coloniale (fondée en 1889). Celles-ci forment les magistrats et les administrateurs à la gestion des territoires coloniaux.
Les instituteurs constituent l’élite chargée de l'apprentissage du français. L’enseignement met l’accent sur la culture française et les bienfaits de la colonisation. Elle favorise l’assimilation des populations colonisées.
Les médecins apportent une assistance médicale aux populations. Ce service publique de santé, étendu à toutes les colonies à partir de 1905, permet de lutter contre les épidémies. Des missionnaires de l’institut Pasteur établissent des laboratoires de recherches épidémiologiques dans les principales villes de l’empire.
Les élites économiques sont constituées de chefs d'entreprises commerciales (Par exemple, la Compagnie des Caoutchoucs de Casamance) ou financières. Ils sont des privilégiés qui exploitent les colonies.
En Algérie, des concessions sont accordées aux colons sur simple demande à l'État. Ceux-ci spolient ainsi leurs terres aux Algériens.
Ces élites économiques détiennent des fonctions de commandement et sont membres d'organisations professionnelles influentes.
L'esclavage, aboli dans les colonies depuis 1848, est remplacé par le travail forcé, imposé à des hommes et des femmes qui n'ont commis aucun délit.
Une partie de la population colonisée est employée dans des exploitations agricoles ou sur des chantiers de construction d'infrastructures (ponts, routes, bâtiments publics, etc.), tandis que d'autres travaillent au service de familles de notables en tant que domestiques.
Les populations sont soumises au Code de l’Indigénat. Pour faciliter la mise en valeur des colonies, des sociétés de recrutement de main d'œuvre organisent des transferts de population d'une colonie à l’autre. Ainsi, des Annamites (originaires du Vietnam), des Marocains et des Kabyles sont par exemple envoyés en Nouvelle-Calédonie pour travailler dans les mines de nickel.
Certains colonisés connaissent une ascension sociale en devenant soldat dans l’armée française ou instituteurs : ils sont cependant peu nombreux.
Il existe aussi une élite colonisée, sur laquelle la France s'appuie pour mieux contrôler les territoires conquis :
Le sultan Moulay, au Maroc, règne avec le général Lyautey sur le protectorat marocain.
Blaise Diagne, au Sénégal, devient fonctionnaire en 1914. Élu député du Sénégal à la Chambre des Députés, il est partisan de l'assimilation par octroi de la citoyenneté française, en échange de la conscription.
Ces « évolués » sont intégrés au système colonial et adoptent la culture européenne. C’est ce qu’on appelle le phénomène d'acculturation. Ils sont considérés comme des traitres à leur patrie par le reste de la population.
Les métissages de populations sont nombreux. Des unions mixtes donnent naissance à des enfants métis qui ne sont pas reconnus citoyens français : ils sont des indigènes.
Souvent rejetés, ils sont parfois employés dans la fonction publique à des postes subalternes, considérés comme soumis à l’autorité coloniale et qualifiés, eux aussi, de traîtres par le reste de la population.
Ainsi, la mise en valeur des territoires coloniaux profite aux colons français. Le système colonial, soutenu par l’idée de la supériorité de la race blanche, engendre de fortes inégalités sociales qui remettent en cause les idéaux républicains. Ces inégalités sociales génèrent des tensions et des violences.
Tous les territoires coloniaux connaissent des formes de rébellion contre la métropole une fois la conquête achevée. Elles sont partout fortement réprimées par le colonisateur.
Des formes passives de résistances existent (refus de payer l’impôt ou de suivre l’école) mais la rébellion armée est fréquente.
Les motifs de rébellion sont :
- la spoliation des meilleures terres par les colons ;
- la défense des cultures locales (contre l’imposition du français) ;
- la fiscalité trop lourde.
En 1878, en Nouvelle-Calédonie, les Kanaks (peuple de Nouvelle-Calédonie) menés par leur chef Ataï, se rebellent contre l’autorité coloniale. Forcés de vivre dans des réserves, ils protestent contre l’octroi de leurs terres aux colons et aux bagnards affranchis. La rébellion est matée par l’armée française, qui a recruté des Calédoniens. Les victimes kanaks se comptent par centaines. Leur chef est décapité et son crâne est transféré au Musée du Trocadéro à Paris pour y être examiné par les anthropologues de l'époque. Il ne sera rendu par la France aux autorités Kanaks qu’en 2013.
En Algérie, après la reddition de la Kabylie en 1857, la région reste insurrectionnelle. En 1881, des incendies volontaires sont allumés dans les campagnes pour dénoncer l’accaparement des terres fertiles par les colons. En quinze jours, 84 000 hectares de forêts partent en fumée et 171 morts sont comptabilisés.
À Madagascar, une rébellion éclate en 1897 et est violemment réprimée par le général Gallieni. La dernière reine malgache, Ranavalona, opposée à la colonisation, est exilée à la Réunion puis en Algérie pour stopper la rébellion.
En Afrique occidentale, Samory Touré (1830-1900) qui contrôle un vaste empire en Afrique occidentale livre bataille pendant dix-sept ans à l’armée française. Fort d'une armée d’environ trente mille soldats et de centaines de cavaliers, il tient en échec la France. Mais il est finalement capturé en 1898 et exilé au Gabon.
L’échec de ces rébellions s’expliquent par la supériorité militaire des Français. Ces rébellions sont la manifestation d’une conquête, d'une pacification inachevée et d'une remise en cause de l’idéal colonial.
La résistance à la colonisation a donné naissance à des récits d’aventure qui vantent les mérites et la gloire des opposants. Malgré ces résistances, le projet colonial se met en place.
La ville de Saïgon en est un exemple.
La ville de Saïgon est conquise par les Français en 1859. Capitale de l’Indochine de 1887 à 1901, elle est surnommée la « Perle de l’Extrême Orient ».
Elle représente un modèle de ville coloniale, où s’exprime la dualité de la société coloniale.
À partir de 1862, les Français réalisent de grands travaux pour moderniser Saïgon et en faire une capitale coloniale. Ainsi transformée, la ville porte l'empreinte de la civilisation occidentale.
La ville compte 50 000 habitants en 1900, et 67 000 en 1903.
Sa population est cosmopolite. Les Européens, en grande majorité français, y sont minoritaires. Ils sont pour la plupart originaires des régions métropolitaines en crise, comme la Corse, la Bretagne et l'Auvergne.
Située au bord de la rivière du même nom, la ville est insalubre : les gouverneurs font assainir les rives marécageuses et aménager des voies fluviales et des canaux pour faciliter la circulation. Le plan de la ville est entièrement remanié. Un quartier européen, au plan en damier, est bâti. On trace des boulevards qui portent le nom d'officiers militaires colons et l'axe principal, la rue Catinat, est bordée de bâtiments publics.
L'administration française est représentée par le Palais de Justice, le siège de l'État-major, le Palais du gouverneur et la prison.
L'hôpital militaire de Saïgon traite des maladies mortelles comme la dysentrie ou le choléra (lors des épidémies de 1881-1882, puis de façon sporadique jusqu’en 1902), mais aussi le paludisme et l’alcoolisme. En 1891, Louis Pasteur y fait installer un laboratoire de microbiologie et de chimie dirigé par Albert Calmette de 1891-1899. Celui-ci fabrique des sérums antivenimeux (à base de venin de cobras) et des vaccins vendus dans tout l’empire colonial et en Asie. Des campagnes de vaccinations contre la rage et la variole sont organisées. On vient alors de tout l'extrême Orient pour se faire vacciner.
En 1880, la cathédrale Notre-Dame de Saïgon, construite en brique rouge de Toulouse, est inaugurée et donne ainsi un lieu de culte aux missionnaires et aux colons. Dans son discours inaugural, Monseigneur Colombert insiste sur la grandeur de la civilisation chrétienne.
La Cathédrale Notre-Dame de Saïgon ǀ © iStock – Preto_perola
La ville est dotée de moyens de transports modernes. Une ligne de tramways de cinq kilomètres exploitée par la Compagnie Française de Tramway est établie à Saïgon.
Saïgon est reliée à la métropole par le service des Postes, dont la structure métallique est signée Gustave Eiffel. Sur la façade figurent le noms des grands inventeurs des télécommunications.
Le port de voyageurs relie Saïgon à la métropole : en 28 jours, les cargos effectuent le trajet jusqu’à Marseille. Le débarcadère se situe sur la rivière, face au bâtiment de la compagnie maritime (Les Messageries Maritimes).
Saïgon est aussi une capitale économique et financière. On y trouve un port de commerce et une chambre de commerce, ainsi que la Banque d'Indochine. Fondée en 1875, elle a le privilège d'émettre de la monnaie dans toutes les colonies d'Asie et ouvre des comptoirs dans toute l'Indochine et en Chine à partir de 1888.
Le port fait l’objet d’un trafic commercial intense : riz et caoutchouc sont exportés vers la métropole, tandis que des produits manufacturés et des matières premières sont importés de la métropole.
Plusieurs travaux d’agrandissement et d'amélioration de la zone portuaire font de Saïgon une plaque tournante du commerce de toute l‘Indochine vers la métropole.
À Saïgon, les Européens vivent dans des quartiers différents de ceux des Asiatiques, situés en périphérie.
Planteurs, administrateurs et officiers résident dans de grandes et luxueuses villas à colonnades. Ces privilégiés ont à leur service de nombreux domestiques. Les notables pratiquent de nombreuses activités de loisirs qui leur sont réservées : ces loisirs sont l’expression d’une sociabilité européenne.
Tous les Français n'appartiennent pas à l’élite coloniale. Les moins aisés résident dans des quartiers mixtes et côtoient quotidiennement Chinois et Indochinois.
Le sort des populations locales est moins enviable. À Saigon, leurs habitations se composent bien souvent d’un rez-de-chaussée qui sert de boutiques et d'un étage où se trouvent chambre et cuisine. Petites et mal éclairées, elles sont peu salubres.
Le Conseil municipal n’est élu que par les citoyens français. Le Code de l’Indigénat n’accorde pas le droit de vote aux colonisés. Le budget de Saigon est alimenté en partie par des taxes collectées par l’Administration, sur l’opium, le sel et l’alcool de riz . Or cette fiscalité lourde et indirecte repose surtout sur les Indochinois.
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