Le désengagement de l'Etat
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Depuis les années 1980, on assiste à un retour de politiques libérales ; mais quelle est leur réelle efficacité ?
Pour les libéraux, l’intervention de
l’État est inutile et peut même
être dangereuse. Elle ne fait que
perturber le bon fonctionnement du marché et est
susceptible de générer du chômage,
de l’inflation et de l’endettement. De
plus, la gestion par l’État coûte
cher et elle est peu efficace car l’État
n’est pas soumis à des contraintes de
rentabilité. Ainsi, les déficits
s’accumulent, déficit du budget de
l’État, des organismes de
sécurité sociale…
L’intervention de l’État
déresponsabilise aussi les agents
économiques, les entreprises se satisfaisant
de subventions ou de politiques publiques
généreuses sans se soucier assez de
l’innovation, de la
compétitivité… Les ménages
ne sont pas incités à faire trop
d’efforts car les prestations sociales peuvent
compenser les revenus du travail.
Il faut donc redonner une place
prépondérante au marché qui
doit seul réguler la vie économique
grâce au mécanisme de la loi de
l’offre et de la demande. L’État
doit se contenter de ses fonctions minimales,
c'est-à-dire ses fonctions
régaliennes (la police, la justice et
l’armée voire la production de certains
biens et services collectifs).
Depuis le début des années 1980, dans la
plupart des pays occidentaux des politiques
libérales sont engagées. On distingue
notamment :
• les privatisations : l’État
vend une partie des entreprises qu’il
possède (France Télécom,
Air France…).
• Les dérèglementations :
l’État laisse le marché plus libre.
Par exemple, les banques centrales ont
été rendues indépendantes, les
prix ne sont plus encadrés ni le crédit.
Sur les marchés financiers, les échanges
internationaux sont plus libres. Sur le marché
du travail, il y a plus de liberté
pour avoir recours à la flexibilité des
emplois (emplois précaires, horaires
décalés…).
• La moindre intervention sociale : les
systèmes de protection sociale sont en partie
privatisés notamment en Grande Bretagne et aux
États-Unis. La protection sociale
s’individualise.
• Le passage à une économie de
marchés financiers qui privilégie les
épargnants avec des taux
d’intérêt réels plus
élevés (en limitant
l’inflation).
• L’économie de
l’offre : baisse des
prélèvements obligatoires pour les
entreprises et les ménages les plus
aisés, limitation de la progression des salaires
pour rétablir la compétitivité des
entreprises.
• La limitation des dépenses de
l’État pour baisser le déficit
public.
Ces politiques ont été engagées
avec plus ou moins de force selon les pays ; les
États-Unis et la Grande Bretagne ont
été les économies qui sont
devenues les plus libérales à la fois sur
le plan économique mais aussi social. Certains
pays ont un peu appliqué ces méthodes,
comme les pays nordiques (Suède,
Finlande…).
Les risques et limites économiques d’une
telle politique sont très importants. On note
notamment :
• la forte libéralisation des
marchés conduit à une forte
instabilité notamment financière. Les
crises financières
s’enchaînent de plus en plus rapidement
depuis les années 1980 créant des
faillites, du chômage et la ruine de certains
épargnants. Les marchés manquent de
transparence et de régulation externe et des
bulles spéculatives se forment
rapidement.
• La faible progression des salaires, au
détriment des bénéfices des
entreprises, limite la consommation et la
croissance économique. Cela dissuade aussi les
entreprises d’investir face au manque de
débouchés.
• La croissance n’a pas été au
rendez-vous dans beaucoup de cas et cela n’a pas
permis de réduire l’endettement de
l’État.
Les risques sociaux sont à prendre en compte
aussi car ils sont très visibles dans une
économie libérale. En effet, la
déréglementation du marché
du travail amène une augmentation de la
flexibilité du travail. Cela passe par une
flexibilité des horaires ; par exemple cela
développe le travail de nuit ou dominical. Mais
il y a surtout le développement de
la précarité, c'est-à-dire le
recours à des contrats à durée
déterminée, le travail intérimaire
ou les contrats temporaires en tout genre… Cette
précarité, combinée à des
salaires faibles, entraîne une forte
augmentation des inégalités sociales et
de la pauvreté.
Une nouvelle pauvreté est apparue dans les pays
libéraux depuis les années 80, celle
des travailleurs pauvres. Ce
phénomène né aux États-Unis
se propage en Europe occidentale depuis la
fin des années 1990.
Les inégalités naissent aussi de la
privatisation du système de
sécurité sociale qui prive une partie
de la population d’une assurance chômage,
maladie ou encore d’une retraite.
Aux États-Unis, près d’un
salarié sur quatre ne dispose pas de couverture
maladie et nombre de salariés ne peuvent pas
partir à la retraite faute de revenus
décents.
Enfin le désengagement de l’État de
certaines dépenses essentielles comme
l’éducation ou la santé a
accentué les problèmes sociaux des
personnes les plus fragiles. L’offre
d’éducation et de soins est très
inégale, et profite majoritairement à
la population qui peut se payer des services de
qualité. Aux États-Unis,
l’espérance de vie diminue chez certaines
catégories de la population comme chez les
latino-américains, les plus pauvres des
États du sud.
Pour les libéraux, l’intervention de l’État est néfaste. Il faut laisser le marché réguler la vie économique et sociale. C’est la politique menée depuis les années 1980 dans les pays occidentaux en déréglementant et libéralisant les marchés notamment. Cette politique n’a pas vraiment permis de renouer avec une forte croissance et elle amène une forte instabilité des marchés notamment financiers. De plus, une forte montée des inégalités et de la pauvreté est apparue dans les pays les plus libéraux.
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