Le culte du maréchal Pétain

En juin 1940, quand Pétain arrive au pouvoir, il bénéficie de deux atouts :

- il est toujours auréolé de sa victoire à Verdun en 1916 et de son rôle dans la Grande Guerre (qui lui assure une réelle et inébranlable popularité auprès des anciens combattants, nombreux en France à l'époque) ;

- il se présente aussi comme l'homme providentiel, celui auquel la France peut se raccrocher dans la défaite. Ses discours vont dans ce sens quand il déclare : « je fais don de ma personne à la France ».

Du fait de son âge élevé, on ne le soupçonne pas (à tort) d'ambition ou d'arrivisme.

Dès 1940, Pétain réalise la nécessité de contrôler et de mettre en valeur son image. Il s'entoure d'un photographe officiel et prend soin de retirer ses lunettes pour souligner sur les photos ses yeux bleus. Il y apparaît presque toujours en uniforme, afin de souligner la gravité des temps et d'insister sur le côté réconfortant du « bon maréchal » expérimenté.

Les titres des affiches utilisent une rhétorique culpabilisante et glorifient son attachement patriotique (une des plus célèbres légendes de ses portraits dit ainsi en s'adressant à la population : « Etes-vous plus français que lui ? » ; un des slogans du régime affirme aussi : « Pétain c'est la France et la France c'est Pétain »).

Doc. Image de propagande, 1941

Une intense propagande est organisée par le secrétariat à l'information : diffusion d'affiches, de cartes postales (dix millions sont imprimées avec son portrait en 1940), de calendriers et d'almanachs, de timbres, de chansons (la plus célèbre est « maréchal, nous voilà »), etc.

Maréchal, nous voilà !

Les enfants constituent une cible privilégiée. Des livres ou des jeux glorifiant Pétain sont réalisés à leur intention et dans les écoles, on les incite à écrire au maréchal. Celui-ci reçoit jusqu'à 2000 lettres par jour.

La francisque, emblème personnel du maréchal, devient celui du régime et accompagne la plupart de ses représentations.

Enfin, ses voyages en zone libre attirent les foules.

On peut ainsi parler d'un véritable maréchalisme en 1940. Spontanément, des manifestations à sa gloire sont organisées : on baptise une aiguille des Alpes ou des rues de son nom, un chêne Pétain est planté en forêt de Tronçais (dans l'Allier) etc.

Toutefois, cet attachement réel s'émousse avec le tournant collaborationniste et répressif du régime.