Le continent africain face au développement
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En 2016, le rapport de suivi mondial publié par la Banque mondiale faisait état de 347 millions de personnes vivant dans une situation de pauvreté extrême en Afrique subsaharienne, où se situent les États d'Afrique les plus en difficulté. En effet, L'Afrique du Nord et l'Afrique du Sud tirent mieux leur épingle du jeu.
L'un des premiers objectifs du Millénaire pour le Développement de l'ONU était de réduire de moitié la pauvreté en Afrique d'ici à 2015. Cet objectif n'a pas été atteint. Depuis, l'ONU a relancé un programme, pour l'après-2015 : Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l'horizon 2030.
En 1960, 39 % des enfants d'Afrique francophone étaient scolarisés en primaire. Entre 1999 et 2008, les États africains ont réussi à faire passer à 77 % le taux de scolarisation dans le primaire. Les changements les plus impressionnants ont été constatés au Burundi, en Éthiopie, à Madagascar, au Mali et en Tanzanie. En faisant le choix de la gratuité, des pays comme le Bénin, le Sénégal, la Tanzanie, le Kenya ont réussi à accroître fortement leurs taux de scolarisation des petits.
Cependant, même si la scolarisation progresse, les défis liés à l'éducation, fondamentaux pour le développement des États du continent, demeurent immenses. Les classes sont surchargées (60 élèves en moyenne en ville et jusqu'à 100 en milieu rural). Les établissements scolaires manquent cruellement de matériel (manuels, bibliothèques, etc.) et les filles restent sous représentées à toutes les étapes de la scolarité.
Doc. 1. Bibliothèque à l'École Gbonvie, Togo |
Les apprentissages, toujours selon l'UNESCO, demeurent « d'une faiblesse désespérante » dans beaucoup de pays. Le nombre d'adultes analphabètes continue d'augmenter, la parité entre les sexes recule dans l'enseignement secondaire, l'enseignement supérieur reste inaccessible à la majorité des jeunes. En Afrique subsaharienne, le taux de scolarisation dans le supérieur s'élevait à 6% en 2008 alors que la moyenne mondiale était à 26%.
Prenons l'exemple du Sahel (région au sud du Sahara comprenant le Niger, le Tchad, la Mauritanie, le Burkina Fasso, le Mali, le Sénégal) qui fait face, en moyenne, à une sècheresse importante tous les 4 ou 5 ans : 1,4 millions d'enfants de moins de 5 ans y souffrent de malnutrition. Cette dernière est responsable de 60% de la mortalité des enfants de moins de 5 ans. Dans la Corne de l'Afrique (Éthiopie, Somalie, Kenya), qui subit la pire sécheresse qu'elle ait connu depuis 60 ans, des millions de personnes, dont 2 millions d'enfants, traversent une crise nutritionnelle aigüe. En plus des enfants, les adolescents, les femmes enceintes ou qui allaitent, les personnes âgées et les malades chroniques (notamment ceux atteints du VIH/sida et de la tuberculose) sont également vulnérables.
Doc. 2. Centre d'alimentation de Matola à la périphérie de la Cité Maputo, Mozambique |
En République Démocratique du Congo, un enfant sur 5 meurt avant d'avoir atteint l'âge de 5 ans. Un africain vit 30 à 40 ans de moins qu'un européen. Mais que peut faire un seul médecin chargé de veiller à la santé de plusieurs milliers de personnes sans réels moyens ? Le nombre de médecins pour 10 000 habitants est inférieur à 1 au Mali, à 7 en Tunisie et en Afrique du Sud (il est de 30 en France). La population doit acheter des médicaments vendus sans prescriptions d'un médecin sur les marchés, médicaments qui sont sans aucune garantie de qualité et d'efficacité.
Doc. 3. Le nombre de médecins pour 100 000 habitants dans le monde en 2001 |
En 15 ans, la population ayant accès à l'électricité est passée de 20 à 30% seulement. Ce qui signifie que 70% de la population vit actuellement sans électricité en Afrique. L'accès à d'autres services de base comme l'eau et les sanitaires n'a pratiquement pas progressé. L'accès à Internet reste très marginal (moins de 2% en moyenne).
En Afrique, les techniques agricoles sont demeurées simples et la productivité est faible. Aux cultures vivrières de base, on associe souvent une monoculture de rente (cacao, coton, etc.). Mais les prix sont fixés par les autorités gouvernementales à un niveau très bas au profit des populations urbaines. Les ruraux ont donc le plus souvent des revenus misérables. À cela s'ajoute le fait que les prix des produits manufacturés dont ils ont besoin, augmentent régulièrement. Dans ce contexte, on assiste à une paupérisation (= appauvrissement) continue du monde rural. C'est pourquoi, ces 15 dernières années, l’exode rural qui n’est pas un phénomène nouveau en Afrique, a pris de l’ampleur.
• L'espoir d'une meilleure éducation
Bien d’autres facteurs poussent les ruraux à partir. On constate par exemple que l'effort éducatif est surtout concentré dans les villes, la population des campagnes est défavorisée. Le plus souvent, les zones rurales ne bénéficient que de structures assurant l’enseignement de niveau primaire. Les établissements d’enseignement secondaire, supérieur, technique et professionnel sont concentrés en milieu urbain. Or, l’enseignement joue un rôle important par l’accès aux connaissances qu’il procure et les possibilités d'évolution sociale qu'il génère. Les ruraux en sont conscients, eux qui envoient leurs enfants poursuivre des études supérieures dans les centres urbains.
• Autres facteurs qui expliquent cette ruée vers le milieu urbain
D'autres facteurs font qu'une bonne partie des habitants de la campagne décident de partir vivre en ville :
- La proportion de la population rurale ayant accès aux services de santé est inférieure à 50%.
- Dans de nombreuses régions, des sècheresses récurrentes privent les populations rurales de récoltes et donc de nourriture.
- Les conflits armés ravagent les campagnes.
- Impactée par la crise mondiale depuis 2008, l'Aide au développement a considérablement diminué. Les transferts d'argent vers l'Afrique de la diaspora africaine, pour la même raison, se sont amenuisés. Quand le pouvoir d'achat diminue en Europe, les émigrés envoient moins d'argent dans leurs pays pour soutenir leurs familles. De plus, les prix des aliments de première nécessité ont très fortement augmenté. De nombreuses familles africaines se sont donc retrouvées, du jour au lendemain, en situation d'extrême précarité. Les transferts d'argent de la diaspora constituaient des soutiens importants pour des secteurs tels que le bâtiment et les micro-entreprise qui ont basculé dans le marasme. Cependant, l'Afrique n'a pas attendu 2008 pour souffrir d'un réel retard de développement.
- Longtemps, le continent a souffert d'une importante faiblesse de la démocratie. Pays à parti unique, les dictatures ont laissé en héritage des dettes étrangères colossales (qui n'ont jamais profité aux populations locales au nom desquelles elles étaient contractées). Nombre d'États connaissent aujourd'hui encore des tensions politiques ou ethniques graves. Cependant, ces dernières années, la démocratie a progressé en Afrique dans de nombreux pays. Les syndicats, les médias, la presse y ont retrouvé une liberté qui leur permet de contribuer au progrès et aux débats.
- De très nombreuses guerres freinent le développement. Depuis 1989, 20 États africains ont été touchés par des conflits, ce qui constitue un frein considérable au développement.
- La corruption y a été érigée en système. L'aide internationale a longtemps été détournée. Une partie des élites s'approprie l'argent des États pour leurs propres « nécessités ». Cet argent n'est donc pas réinjecté dans l'économie nationale ou dans l'amélioration des conditions de vie des populations. Il est déposé dans des banques, hors du territoire national.
- une Afrique qui se développe assez rapidement, proche des pays émergents (Afrique du Nord et Afrique du Sud) ;
- une Afrique « en panne », en crise profonde, qui cumule les difficultés (l'Afrique subsaharienne). Dans cette partie du monde, l'accès aux soins de santé et à l'éducation sont lacunaires. Des millions de personnes ne mangent pas à leur faim. En 2012, les pays du Sahel souffrent d'une grave sècheresse et des millions de personnes vont être gravement sous-alimentées.
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