Le conte philosophique- Première- Français
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Définir la forme du conte philosophique
- Connaitre les principales caractéristiques du conte philosophique
- Découvrir certains contes les plus célèbres
- Le conte philosophique apparait au XVIIIe siècle, en lien étroit avec la philosophie des Lumières.
- Voltaire a écrit de nombreux contes philosophiques, en lien avec les idéaux défendus par les philosophes.
- Le conte philosophique est un apologue : il est constitué d’un récit et d’un enseignement philosophique.
- La littérature d’idées au XVIIIe siècle
- L’argumentation indirecte
Le conte philosophique est un genre narratif qui apparait au XVIIIe siècle, en réponse à la censure que subissent les philosophes. L’auteur à qui l’on doit l’émergence du genre est incontestablement Voltaire.
Le conte philosophique a en commun avec le conte traditionnel :
- sa structure narrative qui suit le schéma narratif traditionnel (situation initiale, élément perturbateur, péripéties, élément de résolution et situation finale) avec plus ou moins de liberté dans le traitement chronologique du déroulement de l’intrigue ;
- son contenu imaginaire qui introduit le lecteur dans un univers fictif. De fait, il utilise les mêmes formules d’entrée que les contes traditionnels : « Il était une fois / Au temps de … / Il y avait... ».
Le conte philosophique a en commun avec la démarche philosophique des Lumières :
- l’esprit satirique du combat car il s’agit de critiquer la société et de montrer son dysfonctionnement (les humains et leurs comportements, leurs mœurs ou leurs relations), le pouvoir en place avec ses abus et ses inégalités, les autorités religieuses et toute marque d’intolérance ;
- la réflexion sur la vie, la rencontre entre la conscience, la raison et le monde : l’imaginaire permet une réflexion sur l'humain, les aspects de la condition humaine. Les concepts abordés relèvent d’une réflexion philosophique ;
- la morale : le conte philosophique étant un apologue, les récits aboutissent à une leçon qui montre souvent le danger de l’ignorance, de tout fanatisme ou tout abus de pouvoir.
Les personnages sont des êtres fictifs, de papier : des héros d’apprentissage qui se forment au fil des épreuves rencontrées.
Le personnage éponyme Candide, de Voltaire, n’est jamais décrit physiquement ; on sait seulement qu’il « avait le jugement assez droit, avec l’esprit le plus simple » (chapitre 1). Son nom suggère l’innocence mais c’est un personnage qui est voué par nature à évoluer grâce à son voyage qui va lui permettre de découvrir les réalités les plus cruelles du monde, mais aussi de conquérir son autonomie et de découvrir une certaine forme de sagesse.
Le lieu est imaginaire ou lointain.
Zadig commence dans l’atmosphère des Mille et une nuits : « au temps du roi Moabdar, il y avait à Babylone un jeune homme nommé Zadig ».
Les noms orientaux et l’indication de lieu « Babylone », à savoir le nom sumérien d’une ville antique de la Mésopotamie (aujourd'hui l'Irak), introduisent une distance fictive. Le conte oriental permet à Voltaire de ne pas être atteint par la censure.
En apparence, le récit s’ancre dans un univers sans contact avec le réel de Voltaire ; mais les liens et les rapprochements sont implicites.
Micromégas inaugure la science-fiction. Le personnage évolue à travers les espaces intersidéraux, avec un respect mathématique des données. Le personnage, à la taille démesurée et presque immortel, relate ses voyages en exposant son rapport sur le genre humain et en développant une philosophie qui est celle de l’auteur sur le relativisme physique et moral, qui définit le bonheur comme un équilibre entre le désir et la nature.
Le thème primordial est l’imperfection des hommes et l’omniprésence du mal, duquel il convient de se préserver par une forme de sagesse. Le conte est une suite d’aventures mouvementées qui se succèdent à une allure infernale et improbable. L’histoire est un prétexte qui permet d'instruire et d'opter pour une réflexion philosophique.
Zadig présente un avertissement au lecteur de la dimension philosophique du récit.
Voltaire définit son conte comme « moral, philosophique, digne de plaire à ceux qui haïssent les romans » ; « un ouvrage qui dit plus qu’il ne semble dire ».
Le conte participe de la philosophie : grâce à l’argumentation indirecte, l’auteur livre sa pensée philosophique sous le couvert du récit et condamne les différents maux qui touchent le monde : le fanatisme, l’intolérance, la guerre et l’esclavage.
Dans Candide, Voltaire lutte contre l’optimisme de Leibniz. Il dénonce la théorie du « tout est bien dans le meilleur des mondes » défendue par le philosophe et mathématicien allemand.
Pour Candide, cette « rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » est une aberration au vu du tremblement de terre de Lisbonne ou de la guerre de Sept Ans, des crimes symptomatiques du fanatisme et de l'intolérance.
Voltaire s’insurge également contre le fanatisme et l'intolérance religieuse. La critique de l’église passe surtout par une satire du monde ecclésiastique. Il en va de même avec la guerre dont il stigmatise l’absurdité et la cruauté. C’est pour lui le triomphe de l’inhumanité.
Enfin, il y dénonce l'esclavage à plusieurs reprises. L’aliénation de l’homme par l’homme lui dicte des passages terribles qui montrent l’horreur de la condition des esclaves et l’inhumanité des responsables de ce commerce, les sociétés occidentales.
Candide répond ainsi à la définition de l’apologue. C’est un récit qui comporte une leçon, mais cette leçon n’est pas seulement morale : elle invite à une réflexion sur le monde et sur l’humain.
Le dernier chapitre s’intitule « conclusion » parce qu’il livre une leçon finale (« il faut cultiver notre jardin ») qui invite à privilégier le travail et la simplicité de la vie.
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