Le centre historique de Paris, un concept ambigü pour une ville en constante évolution
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Quand on évoque le centre historique de Paris, on pense à l’Ile de la Cité, à Notre-Dame, au Louvre, à la Place des Vosges, à la Conciergerie, à la Tour Eiffel et à l’Arc de triomphe. Il apparaît évident à chacun que ces lieux font partie du centre historique de Paris.
Cependant, au-delà des évidences, il faut questionner ce concept de « centre historique » :
Existe-t-il un centre qui ne serait pas historique ? Et en quoi ne serait-il pas historique ? Est-ce que le caractère historique de ce centre lui permet de maintenir sa puissance symbolique ? Existe-t-il une concurrence entre l’usage quotidien et la valeur « historique » du centre de Paris ?
Toutes ces questions appellent une étude prenant en compte l’ambigüité du concept de centre historique pour une ville qui n’a cessé d’évoluer depuis sa création et les conséquences positives ou négatives de la densité patrimoniale de cet espace.
Doc. 1. Carte montrant l'évolution de l'extension de Paris à travers les siècles |
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Doc. 2. Essai de reconstitution de la
Lutèce Gallo-romaine vers la fin du
2e siècle
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Doc. 3. Les arènes de Lutèce
à Paris, 5e arrondissement. |
La ville mérovingienne devient la capitale des Francs après la chute de l’Empire romain. Les églises se développent sur la rive gauche. Paris connaît un nouvel essor à partir de la fin du 10e siècle dont témoigne l’enceinte de Philippe Auguste : la ville comprend désormais les îles centrales et les deux rives.
Doc. 4. Les vestiges de l'enceinte Philippe Auguste à Paris, construction 1190 |
Au Moyen âge, la densité devient beaucoup plus forte dans cette enceinte, ce qui conduit à la repousser et créer un nouveau rempart ente 1365 et 1420 qui comprend le Louvre et la forteresse de la Bastille. Le Paris médiéval est le Paris du pouvoir royal et religieux : Notre-Dame est construite entre 1163 et 1250 ; le collège de la Sorbonne est fondé en 1254. Le commerce et le luxe se développent rive droite tandis que les activités intellectuelles se développent sur la rive gauche.
Paris reste le lieu du pouvoir royal malgré le départ de Louis XIV à Versailles avec la création de la Place des Victoires et la Place Vendôme. L’axe des Champs-Élysées est créé par Le Nôtre jusqu’au rond-point des Champs-Élysées puis prolongé jusqu’à l’Étoile en 1724. Gabriel dessine la place Louis XV (futur place de la Concorde) en 1753-1763. Un nouveau mur est bâti qui témoigne de la croissance du centre historique : le mur des Fermiers généraux construit entre 1785 et 1790.
Sous le premier Empire, la ville connaît ses premiers grands travaux (construction de ponts, grands travaux hydrauliques) avec le numérotage des rues et la création des quais. Ce sont surtout les travaux du second Empire qui transforment le centre historique de Paris et en renouvelle le tissu : Haussmann, préfet de la Seine entre 1853 et 1870, entame de grands travaux de modernisation (eau, égouts, gaz) avec la création de grands axes de circulation, de ponts, de places, de parcs et d’espaces verts. Surtout, le bâti parisien est largement renouvelé avec la généralisation de l’immeuble « haussmannien » tandis que Paris repousse ses limites « hors les murs » avec l’intégration au sein de l’enceinte de Thiers de 1860 de nombreux faubourgs et villages.
Doc. 5. L'usine SUDAC, angle des quais Panhard et Levassor, Paris 75013. L'usine de la Société Urbaine D'Air Comprime (SUDAC), edifiée en 1891 par Joseph Leclaire et Guy Lebris |
La ville se réinvente à l’occasion des grandes expositions : la Tour Eiffel sort de terre en 1889, les Petit et Grand Palais, ainsi que le Pont Alexandre III et la Gare d’Orsay en 1900. Paris est alors considérée comme la capitale du monde, notamment au plan culturel (avec des lieux comme Montparnasse et Montmartre)
Doc. 6. Construction de la Tour Eiffel pour l'Exposition Universelle de Paris 1889. État des travaux en 1888, vue depuis le Trocadéro (seul le premier étage est construit). |
Après la Première Guerre mondiale, la ville change d’échelle et poursuit son ouverture vers la banlieue au détriment du centre historique. En 1919, les fortifications sont détruites ; en 1938, l’autoroute de l’ouest est la première autoroute construite en France. Dans les années 1950 à 1970 se développent les grands ensembles (18e et 15e arrondissement) et le quartier d’affaires de la Défense. Dans les années 1970-80, le centre historique se renouvelle avec l’Opéra Bastille, les colonnes de Buren, la Pyramide du Louvre, Beaubourg et la BNF (Bibliothèque nationale de France).
• Un centre historique « incontestable »
- L’Ile de la Cité et l’Ile Saint-Louis sont le cœur du centre historique de Paris. Reliée par 9 ponts au reste de la ville, elles regroupent un patrimoine exceptionnel (Notre-Dame, Conciergerie) le long de la Seine qui structure son développement et son extension.
- La rive sud face à ces îles (le 5e arrondissement) avec la Sorbonne, le Panthéon et le Jardin des Plantes.
- La rive nord face à ces îles (Les Halles, le Marais, la Place Vendôme, la Comédie Française).
• Un centre historique étendu
- La Tour Eiffel, le Champ-de-Mars et les Invalides au sud-ouest.
- Les Champs-Élysées et l’Arc de Triomphe au nord-ouest.
- Le quartier Saint-Germain-Montparnasse au sud.
- L’Opéra et les grands magasins au nord.
- Le quartier Bastille à l’est.
• Des périphéries centrale
- Montmartre au nord (10,5 millions de visiteurs au Sacré Cœur chaque année).
- Montparnasse et Place d’Italie au sud ; Belleville et Nation au nord et à l’est.
- La Villette ou le nouveau quartier Bercy.
- La densité d’un bâti ancien (bâtiments du 13e au 18e siècle, immeubles haussmanniens) est un élément important mais pas suffisant : il existe de l’Haussmannien à Pantin et des maisons médiévales dans des quartiers périphériques.
- La configuration des rues (les vieilles rues pavées comme la rue Mouffetard, la rue Montorgueuil, les rues du Marais, etc.) même si de grands boulevards traversent le centre historique de Paris, mais aussi une voie rapide comme les voies sur berges.
Doc. 7. Vue de la rue Mouffetard, Paris 5e arrondissement |
- La présence de théâtres, de musées et de lieux historiques (la Comédie Française, le Louvre, le Panthéon) est un indicateur important mais pas suffisant.
- La présence du luxe (magasins, lieux de défilés), de la gastronomie (Le Grand Véfour, La Tour d’Argent, La Coupole, Guy Savoy), de la vie intellectuelle (Les universités, les éditeurs, le café de Flore, etc.) et des lieux de plaisirs (brasseries, salles de concert) est encore un bon indicateur même si les équipements culturels et les lieux de vie nocturnes se développent de plus en plus hors du centre historique.
Doc. 8. Vue intérieure du restaurant Le Grand Véfour dans les jardins du Palais Royal, réalisé au 18e siècle, Paris |
- La Seine structure le centre historique de Paris depuis les origines et organise nombre de grands travaux récents (ZAC rive gauche, BNF, POPB, Front de Seine, Hôpital Georges Pompidou)
- Le déroulement de l’Histoire (la prise de la Bastille, l’assassinat d’Henri IV, la Libération de Paris, les lieux de vie des artistes et écrivains).
Avec les nouveaux aménagements des années 1970-2000, le concept de centre historique de Paris est-il aussi pertinent ? Le désenclavement de l’est parisien par de grands aménagements (BNF, Bercy-Village, ZAC rive gauche, Parc André Citroën, Opéra Bastille, Cité de la Musique, Cité des sciences de La Villette) a déplacé une partie des touristes vers ces nouveaux lieux.
Les nouveaux quartiers qui se sont développés ou ont été rénovés en marge de ces équipements sont aussi devenus des lieux de vie nocturne au cœur de ce qui fait la vie parisienne (Pigalle, Belleville, Oberkampf, Bastille, Marais) : plusieurs centres coexistent à Paris.
• Jusqu’où le centre ?
- Symboliquement, le centre historique dépasse de loin ses limites géographiques actuelles. Le château de Versailles est davantage considéré comme faisant partie du centre historique de Paris pour un touriste aussi bien que la porte de Bercy ou la place des fêtes.
- Économiquement, la destination Paris est désormais proposée aux touristes comme un tout et prend en compte l’évolution de la demande (notamment anglo-saxonne), ce qui explique l’intégration d’espaces hors Paris au circuit du centre historique (Disneyland Paris est le site le plus fréquenté de la région parisienne avec 15,3 millions de visiteurs par an).
Dans la perspective du Grand Paris, le centre historique va-t-il devenir un îlot d’historicité, évacuant les grands équipements (hôpitaux, gares, universités) en dehors de la ville ou ce centre va-t-il être étendu et mieux intégré à un vaste espace francilien dont il serait le cœur ? C’est un des enjeux du Grand Paris.
De même, il apparaît difficile de donner un contour unique à cette notion : certains quartiers ont fait l'Histoire ancienne et l'Histoire récente de Paris. Ainsi, le quartier de la Sorbonne était déjà occupé par les Romains au 1er siècle et il a été le théâtre d'une partie des événements de 1968 auxquels on l'associe.
Pourtant, une partie du mouvement de 68 se joue dans des lieux périphériques, à commencer par Nanterre. Cela signifie aussi que le centre historique de Paris agrège plus facilement les mémoires et que son patrimoine donne un cadre plus visible aux événements. D'une certaine façon, l'« historicité » du centre historique de Paris serait créatrice d'Histoire.
On peut se demander si cette historicité n'est pas créatrice de pouvoir et de richesse : concentrant les pouvoirs et les marqueurs de puissance de la République, le centre historique de Paris concentre un patrimoine qui attire les touristes, les marques, les tournages et les stars internationales. D'où un double enjeu dans la stratégie de développement de la ville de Paris : axer son « marketing territorial » sur le centre historique ou agrandir ce centre vers des périphéries porteuses de futurs centres historiques du Grand Paris. Vivre de l'Histoire ou vivre dans l'Histoire, c'est pour la ville tout l'enjeu du futur.
- Paris, une géohistoire, Youri Carbonnier, La Documentation Française, avril 2009
- Le Grand Paris, Consultation Internationale, AMC, 2010.
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