La valeur morale d'une action repose-t-elle sur ses principes ou sur ses conséquences ?
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La conséquence (du latin sequi, « suivre »), à l’inverse, est ce qui suit l’action, ce qui en découle comme un effet possible ou nécessaire.
La valeur morale, c’est-à-dire le caractère soit absolument bon, soit absolument mauvais, de l’action, réside-t-elle alors en ce qui fonde et précède l’action (son principe), ou dans la réalité effective de l’action et de ses conséquences ?
Or si je ne suis pas libre, il faut admettre aussi que je ne suis pas responsable : si je n’ai pas vraiment choisi de fuir face au danger, alors on ne saurait me reprocher d’avoir fui ; je ne pouvais faire autrement. Dans une telle perspective, comment parler d'une valeur morale de l'action ? L'action effectuée étant absolument nécessaire, elle ne peut être dite ni « bonne », ni « mauvaise » ; comme l'écrit Spinoza, les actions humaines, étant nécessaires, peuvent être comprises mais non pas « louées » ni « blâmées ».
C’est parce que nous agissons, non pas seulement selon des causes nécessaires, mais suivant des libres « intentions », terme qui signifie étymologiquement la volonté de « tendre vers » un but, que nos actions nous sont imputables, c’est-à-dire que l’on peut nous en attribuer le mérite ou la faute.
Par exemple : parce que la maxime « j’ai le droit de mentir » ne peut devenir une loi universelle (sans quoi toute parole serait finalement dénuée de sens), alors l’action qui a une telle maxime pour principe peut être dite mauvaise, immorale.
• On peut dire que l’intention morale est insondable, c’est-à-dire qu’on ne peut jamais en juger de façon certaine, puisqu’elle relève de l’intériorité. Comment savoir si cet homme qui a donné de l’argent à un pauvre l’a-t-il fait par générosité, ou par amour propre et pour être admiré ? La difficulté est qu’en fondant la valeur morale d’une action sur ce principe qu’est l’intention morale, on rend finalement impossible tout jugement moral.
Juger une action, comme le veut le droit français, c’est alors juger d’une action visible et réelle, de ses conditions, des moyens employés et de ses conséquences – et non d’une prétendue « intention » intérieure à laquelle on n’a jamais accès.
• Ne pourrait-on dire, par ailleurs, que la tentation de ne se soucier que du principe et de l’intention qui précède l’action, sans s’interroger sur les possibles conséquences, à court ou à long terme, de son action, ne pose-t-il pas également problème ?
On voit ce qui pose ici un problème : agissant pour une « bonne cause » ou dans une « bonne intention », mon action peut finir néanmoins par être nuisible. On peut songer par exemple à ces voyageurs ou colons qui, persuadés d’apporter richesse et culture à des peuples lointains, ont contribué à leur destruction.
Toutefois la valeur accordée au principe de l’action ne doit pas me conduire à abdiquer toute responsabilité quant aux conséquences possibles de mes actes : offrir à un jeune enfant un objet avec lequel il va probablement se blesser, et me contenter ensuite de me dire que mon « intention était bonne » serait certes un peu aisé…
La valeur de l’action doit donc également impliquer la valeur des conséquences éventuelles de cette action, dans la mesure où elles peuvent être calculées et prévues.
Kant, Critique de la raison pure, « Dialectique transcendantale » (Livre II, chap. 2, section III) : sur l’idée d’une causalité libre s’opposant à la causalité naturelle.
« Fondements de la Métaphysique des Mœurs » : sur la volonté bonne et l’intention morale.
Weber Max, Le Savant et le Politique : sur l’éthique de la conviction et de la responsabilité.
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