La socialisation vue comme un mécanisme de reproduction sociale- Première- SES
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- Connaitre la socialisation comme mécanisme de reproduction sociale.
- Pour de nombreux auteurs, la socialisation qui consiste à inculquer aux individus les normes et les valeurs de la société dans laquelle ils vivent se passe de façon différenciée entre les différents groupes sociaux.
- Ainsi, le processus de socialisation conduit à une situation de reproduction de la structure sociale. De façon schématique, les enfants d’ouvriers deviennent, à l’issue du processus de socialisation, des ouvriers ; les garçons, des pères ; les filles, des mères.
Le processus de socialisation aboutit à une socialisation différenciée ; il est donc intéressant d’étudier les variations de la socialisation en fonction d’un certain nombre de caractéristiques telles que le milieu social ou le sexe.
De nombreuses études sociologiques ont montré que les valeurs et les normes transmises au cours des processus de socialisation variaient considérablement d’un milieu social à l’autre. L’individu, lors de son parcours, peut ainsi se trouver confronté à certains types de valeurs et de normes qui ne correspondent pas à celles intériorisées lors de sa socialisation primaire.
Les sociétés
occidentales développées
partagent des valeurs
égalitaires (l’école pour
tous) et méritocratiques
(fondées sur le mérite, la
réussite passant par le travail).
Pendant longtemps,
l’école a
été considérée comme un
lieu donnant leurs chances à tous :
les plus travailleurs, ou les plus
« doués », ayant les
meilleurs résultats et accédant aux
positions sociales les plus prestigieuses.
Dès les années 60,
de nombreux travaux sociologiques montrent que
l’échec et la réussite
scolaire sont socialement déterminés.
Dés le début des
années 60, B. Bernstein,
sociologue anglais, a établi une
relation entre milieu social, mode de
socialisation et compétence
linguistique. La simplicité des
relations verbales dans les familles ouvrières
favoriserait la pratique d’un code linguistique
restreint, plus adapté pour exprimer le contenu
d’expériences vécues que pour
exposer des idées abstraites. La plus
grande complexité des communications dans les
classes supérieures favoriserait le maniement
d’un code linguistique élaboré,
moins lié à des contextes particuliers,
plus susceptibles de développer la
capacité d’abstraction.
Ainsi, l’école contribue à
reproduire les inégalités sociales parce
qu’elle attend des enfants qu’ils
maîtrisent certains codes
linguistiques (niveau de langage,
maîtrise de vocabulaire et de grammaire,...) qui
sont surtout véhiculés au sein de la
classe bourgeoise lors de la socialisation primaire.
Ainsi, les variations dans la maîtrise du
langage expliqueraient, en partie, la
réussite différente des enfants en
fonction de leur milieu social d’origine.
En 1964, P. Bourdieu et J.-C.
Passeron publient « Les
héritiers » dans lequel ils montrent
que le système scolaire contribue
à reproduire les inégalités
sociales. En 1971, ils
complètent cette analyse par « La
reproduction » en insistant sur le fait que les
attentes du système scolaire sont en
adéquation avec l’habitus de la classe
bourgeoise : ce phénomène
s’explique en partie par une composante
linguistique de l’habitus et en partie par une
composante culturelle.
Le langage châtié de l’aristocratie et le franc-parler populaire sont des habitus linguistiques de classe.
Le développement d’une culture de
masse a pu conduire certains auteurs à
considérer que celle-ci affectait
uniformément l’ensemble de la population.
Or, la plupart des études contemporaines sur
cette question montrent que
l’uniformisation des modèles
culturels proposés par les
mass média ne conduit
pas les groupes sociaux à intégrer ces
modèles de façon
identique.
En 1957, dans « La culture du pauvre », le sociologue britannique R. Hoggart propose une étude ethnographique sur les pratiques culturelles de la classe ouvrière anglaise durant la première moitié du XXe siècle. Il montre comment les pratiques culturelles issues de la culture de masse naissante (départs en vacances par exemple) ainsi que les produits délivrés par les nouveaux moyens de communication (télévision) sont bien incorporés au modèle culturel populaire mais subissent de nombreuses transformations.
R. Hoggart veut rompre avec l’idée
reçue selon laquelle les classes populaires
seraient « une gigantesque masse anonyme
dotée de réponses
conditionnées » permettant
à la culture de masse de se diffuser
uniformément parmi elles. La
« culture du pauvre » peut
être interprétée comme le
résultat d’un processus
d’acculturation.
Si les individus sont socialisés différemment en fonction de leur milieu social d’appartenance, ils le sont également selon leur sexe. Chaque contexte social contribue à créer un ensemble de normes qui font en sorte que l’homme et la femme se doivent de remplir des rôles sociaux différents. De nombreuses études sociologiques ont cherché à expliciter (sens caché) ces différents rôles.
La société définit des rôles aux parents dans le couple ; ces rôles sont reproduits d’une génération à l’autre par le processus de socialisation primaire ; ainsi, chaque membre de la famille obéit à des modèles qui définissent son action, conformément à la position qu’il occupe. Entre le père et la mère, la division des tâches n’est pas libre ; dans une société donnée, ou dans telle classe sociale à l’intérieur d’une société, on attend du père qu’il accomplisse un certain nombre de tâches tandis que d’autres sont dévolues à la mère.
Les décisions financières importantes peuvent relever de l’autorité paternelle alors que la mère prend des décisions quotidiennes liées à l’administration courante du budget familial. De la même façon, les corrections qu’exige une indiscipline grave de la part de l’enfant sont réservées au père, la mère ayant en revanche l’entière responsabilité de la discipline quotidienne des enfants.
De nombreuses études tendent à montrer
que la réussite scolaire est sexuellement
déterminée, de la même
manière qu’elle peut être
socialement déterminée.
Ainsi, on retrouve au niveau de l’école
primaire une socialisation
différentielle. Selon
C. Baudelot
et R. Establet, durant leurs
études, les filles ont un avantage notable sur
les garçons : on attend d’elles
un comportement exemplaire (idéal-type de
l’élève), ou une esthétique
de l’ordre par exemple. Ce comportement sera
valorisé par l’institution scolaire
et sera en outre propice au travail scolaire.
Par opposition, les garçons sont
encouragés de manière latente à
construire leur personnalité de manière
autonome, cette caractéristique
n’étant scolairement utile que beaucoup
plus tardivement.
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