La Russie, un État continent eurasiatique en recomposition : un État, une économie et une société en recomposition
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
• Avec son Étranger proche, elle entretient des relations houleuses et complexes
- La Russie entend demeurer influente au sein des pays de son « Étranger proche » (c'est-à-dire ses voisins immédiats, qui sont les États d'Europe, du Sud Caucase et d'Asie centrale, ayant souhaité ou subi son influence et sa « protection » durant des décennies pendant l'ère soviétique et qui sont désormais indépendantes) et cherche à s'imposer comme puissance régionale. Elle tente de leur imposer la force de sa puissance que ce soit sur le plan politique, économique ou culturel.
- Les Russes distinguent deux niveaux dans leur « Étranger proche » . Tout d'abord, un noyau dur, les États slaves (Ukraine, Biélorussie, Transnistrie et Kazakhstan) dont la population compte 25 % de Russes. Ensuite, les États du Sud Caucase et d'Asie centrale qui sont considérés comme des pays amis ou partenaires, mais qui servent également de zone tampon entre la Russie et certains États considérés comme des sanctuaires terroristes (l'Afghanistan, la Chine, l'Iran...). En effet, se sachant affaiblie par rapport au temps de la toute puissance de l'URSS, la Russie est fortement préoccupée par sa sécurité frontalière. Elle offre donc – ou impose si nécessaire – ses services à ces anciennes républiques socialistes trop faibles pour garantir elles-mêmes le contrôle frontalier.
- La Russie a négocié ou imposé une présence militaire russe sur le territoire de certains États de l'étranger proche : certains États, à l'image du Tadjikistan, ont même accepté une présence de l'armée russe sur leur territoire. La Russie entretient des bases armées à Kaliningrad, en Arménie, en Azerbaïdjan, en Biélorussie, en Moldavie, au Kirghiztan, au Kazakhstan et au Tadjikistan ainsi qu'une flotte qui est basée en Ukraine.
- La CEI (Communauté d'États Indépendants), créée en 1991 par le traité de Minsk, est une entité intergouvernementale de coopération qui regroupe 11 des 15 anciennes républiques socialistes soviétiques qui formaient l'URSS. Elle est l'institution qui incarne le mieux la vision de l'Étranger proche aux yeux de la Russie. Elle est inconsistante et nettement dominée par Moscou.
- Un Soft Power limité : si la Russie n'hésite pas à utiliser les leviers commerciaux, financiers et économiques pour soumettre sont Étranger proche (embargo sur les produits géorgiens...), elle est également capable d'employer la force : la « Guerre des 5 jours » en Géorgie (août 2008) a été une importante démonstration de force par Moscou qui voulait démontrer sa faculté à gérer la moindre tension dans les ex-républiques soviétiques. Dans tous les cas, la présence de 25 millions de Russes et de russophones dans l'Étranger proche sert d'argument à toutes ses tentatives d'ingérence.
• Avec son étranger éloigné, elle tente de se protéger et de jouer un rôle à l'international :
- Elle s'identifie à la récente référence des puissances émergentes des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) qui constituent un groupe de cinq États considérés comme les grandes puissances émergentes d'aujourd'hui et les géants (démographiques, économiques...) de demain.
- La Russie, pour l'essentiel de son immense territoire, est un pays d'Asie. Plus par intérêt que par réelle conviction, son président, Vladimir Poutine, revendique clairement son identité « eurasiatique » :
2001 : création de l'Organisation de coopération de Shanghai qui regroupe des États d'Asie centrale, la Russie et la Chine.
2002 : mise en place de l'Organisation du traité de sécurité collective qui regroupe l'Arménie, la Biélorussie et les États d'Asie centrale qui vise à la coopération en terme de sécurité régionale.
Doc. 1. Organisation de coopération de Shangaï |
- Cette Russie aux multiples visages est également un pays musulman, ce qui lui permet de se poser en intermédiaire ou médiateur entre les États-Unis ou l'OTAN et le monde arabo-musulman. Elle est influente en Orient : elle a, par exemple, annulé la dette de la Syrie et livré de l'uranium enrichi à l'Iran.
- Elle revendique auprès de l'ONU un élargissement de sa ZEE dans l'océan glacial Arctique.
Elle cherche à s'approprier une partie de cet océan (et des ressources qu'il semble recéler) dans lequel la fonte des glaces accélérée par le réchauffement climatique laisse espérer de grandes opportunités dans des domaines tels que la pêche, le tourisme et les hydrocarbures. En 2007, elle a y financé une opération de recherche géologique qui s'est concrétisée par le dépôt, à 4 000 m de fond, d'un drapeau russe, symbole de ses revendications territoriales auprès des États voisins (Canada, USA, Norvège et Danemark).
- Une économie en déroute : l'économie planifiée et collectivisée a disparu en Russie en 1991 avec la mort de l'URSS. La brutale ouverture de la Russie à l'économie de marché a, dans un premier temps, eu des conséquences catastrophiques pour son industrie et son agriculture. Les productions et le PIB se sont écroulés. La production industrielle par exemple a diminué de moitié. Seule l'industrie lourde est parvenue tant bien que mal à résister. L'industrie de consommation (textile et confection pour l'essentiel) et le complexe militaro-industriel ont quant à eux vu leur production s'effondrer de 80 %. Dans le même temps, la production agricole du pays a elle aussi été divisée par deux. La Russie a dû recourir à des importations alimentaires massives, ce qui a contribué à augmenter le déséquilibre d'une balance commerciale nettement déficitaire. La situation financière du pays était catastrophique (dévaluation du rouble, inflation galopante...).
- Conséquences de ce choc économique : à la fin des années 90, la société russe était gangrénée par les pratiques mafieuses et devait se débrouiller comme elle le pouvait pour survivre. C'était le règne de la débrouille et du système D. La situation était tellement catastrophique qu'une économie parallèle (qui représentait tout de même 30 % du PIB du pays) put s'affirmer en profitant du désarroi ambiant : blanchiment d'argent, corruption, mise en place de réseaux de prostitution, évasion des capitaux à l'étranger...
• Depuis 1999, un redressement économique spectaculaire
Le pays, avec le président Vladimir Poutine qui tient la Russie d'une main de fer, a retrouvé une stabilité politique. La confiance est revenue, le PIB s'est nettement redressé, tout cela en grande partie grâce au secteur énergétique (puisque la Russie est un grand pays producteur d'hydrocarbures) qui dope le commerce extérieur. On reproche du reste à l'économie russe de trop dépendre de cette manne en hydrocarbures : elle a, forcément, ses limites dans le temps.
Cette brusque bascule entre deux modes économiques n'a eu, pour l'instant, que des résultats limités :
- La Russie est aujourd'hui au 130e rang mondial pour le PNB par habitant.
- Le secteur informel y est toujours très développé, de même que la corruption et la fraude.
• Un pays intégré dans la mondialisation
Si l'économie russe n'est encore pas celle d'une grande puissance, en revanche ce pays a su s'intégrer dans les dynamiques de la mondialisation. Le pays est, depuis le 17 décembre 2011 membre de l'OMC (Organisation mondiale du Commerce).
- La Russie possède des interfaces avec deux pôles de la Triade. Son premier partenaire commercial est l'Union européenne (auprès de qui elle achète la moitié de ses importations et 40 % de ce qu'elle exporte). Cette relation privilégiée ancienne ne l'empêche pas, aujourd'hui, de multiplier les échanges avec l'Asie orientale et notamment avec le Japon et la Chine. La façade Pacifique constitue bel et bien une potentialité d'avenir à exploiter.
- Des zones franches ont été créées sur le territoire russe (essentiellement en Russie de l'Ouest) dans le but d'attirer les IDE (investissements directs étrangers).
- Elle s'est créée un large réseau d'alliances économiques : elle a, par exemple, passé des accords énergétiques avec le Vénézuela, l'Irak, le Nigéria, l'Algérie, la Libye, l'Égypte, la Syrie et la Chine. Elle fait également partie de l'APEC (Coopération Économique Asie Pacifique) qui compte 21 pays membres.
L'une des conséquences directes de l'ouverture de l'économie russe à l'économie de marché et, surtout, à la croissance en hausse qui la caractérise depuis le début des années 2000, c'est une très large extension de sa classe moyenne. Aujourd'hui, 25 % de la population russe (soit 35 millions de personnes) appartient désormais à une classe moyenne qui n'existait pas du temps de l'URSS. Pour vous donner une idée de l'importance de ce phénomène, notons que la classe moyenne concerne 20 % des Brésiliens, 13 % des Chinois et de 5 % des habitants de l'Inde, États qui, tout comme elle font partie des BRICS (acronyme pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud).
• Des flux migratoires qui creusent les déséquilibres spatiaux
Trois flux migratoires principaux caractérisent la Russie actuelle :
- Un fort courant migratoire Est / Ouest qui engendre une véritable déprise humaine sur la Sibérie. Après la chute de l'URSS, les habitants de la Russie ont retrouvé la liberté de circulation. La Sibérie, qui était une terre de peuplement forcé, est une région où les conditions de vie sont très dures. Les flux migratoires internes des régions périphériques de Sibérie orientale et d'Extrême Orient vers la Russie d'Europe, bien plus attractives, sont donc devenus très importants. Des régions entières du Grand Nord et de l'Extrême-Orient se vident de leurs habitants qui laissent derrière eux des villes fantômes.
Doc. 2. Les flux migratoires en Russie |
- Le mouvement de retour des « pieds rouges » au profit de la Russie d'Europe et du bassin de Moscou (il s'agit des Russes qui se sont installés, du temps de l'URSS, dans d'autres Républiques et qui décident de « rentrer » en Russie à force de subir des phénomènes de rejet dans les nouveaux États indépendants dans lesquels ils vivent) est un phénomène qu'il convient de relativiser. Le mouvement de retour est de faible ampleur car peu nombreux sont les pieds rouges tentés par l'émigration vers la Russie, pays bien plus pauvre que ceux dans lesquels ils habitent (États Baltes, par exemple).
- En 1989, l'ouverture de la frontière russo-chinoise a entraîné la mise en place d'un réseau commercial transnational entre les régions frontalières (extrême Est de la Sibérie orientale) entre les deux pays. La région frontalière russe était une région dépeuplée, manquant largement de main-d'œuvre et la région frontalière chinoise, la province du Heilongjiang, souffrait de forts taux de chômage... Aujourd'hui, la forte pression migratoire chinoise dans l'Extrême-Orient russe prend, à certains égards, l'allure d'une véritable colonisation et inquiète le gouvernement.
• La découverte du chômage
Avant 1991, les Russes ne connaissaient pas le chômage. Le système communiste en place avant l'effondrement de l'URSS garantissait un emploi pour tous, même s'il ne correspondait pas toujours aux besoins de l'économie, aux goûts des employés et à leurs compétences. À partir de 1991, ils en firent l'amère expérience. En 1998, les chômeurs représentaient 14 % des actifs. Aujourd'hui, ce taux a nettement diminué puisqu'il est descendu à 6,8 % en 2011. Les personnes les plus touchées sont les jeunes, les femmes et les habitants des marges et des régions périphériques. C'est à Moscou qu'ils sont les moins nombreux.
• Un petit nombre de « nouveaux riches » et un grand nombre de « nouveaux pauvres »
La transition vers une économie de marché n'a profité qu'à certaines tranches de la population. Aujourd'hui, la société russe est très inégalitaire. On parle d'une « société à deux vitesses ». Si certains, comme les oligarques, ces hommes d'affaires extrêmement puissants, ont su tirer leur épingle du jeu et font sans complexe étalage de leur immense richesse, si de la population russe appartient aujourd'hui à la classe moyenne, il n'en reste pas moins que 35 % des Russes vivent sous le seuil de pauvreté. L'IDH (Indice de Développement Humain) russe (qui est de 0,779, c'est-à-dire à peu près celui du Brésil) n'est qu'au 60e rang mondial. On dit que la Russie est le pays du monde où il se vend le plus de Rolls Royce, mais elle est également un pays qui compte plus d'un million de personnes atteintes du virus du sida. Les laissés-pour-compte sont si nombreux que l'alcoolisme et la drogue sont devenus de véritables fléaux que ne parvient pas à prendre en charge un service de santé nettement impuissant.
La Russie est au 8e rang mondial pour sa population. Cette dernière est estimée à plus de 143 millions d'habitants. Mais ce qui la caractérise, c'est que cette population diminue de façon inquiétante. En effet, en 1989 (soit juste avant l'effondrement de l'URSS) la Russie comptait 150 millions d'habitants et 148 millions en 1992.
- Des indices démographiques qui dénotent les traumatismes subis
À l'instar de tous les pays développés, la fécondité russe baisse depuis les années 60 (indice de fécondité : 1,3 enfants par femme). Pourtant, à côté de cette similitude, le pays présente des caractéristiques démographiques toutes particulières :
- Son taux de natalité (qui est de 8,4 pour 1 000) est en baisse constante depuis la chute de l'URSS ;
- Son taux de mortalité (qui est de 14,8 pour 1 000) est en augmentation constante depuis la même époque ;
- L'espérance de vie des Russes ne cesse pas non plus de diminuer. Elle est passée, pour les hommes, de 64 ans en 1990 à 59 ans en 2010 et, pour les femmes, de 74,3 ans à 72,3 ans au cours de la même période.
- Une société post-traumatique
La baisse du niveau de vie pour des millions d'individus, l'alcoolisme, la violence d'une société qui assiste à une montée sans précédent de la criminalité, le nombre record d'accidents de la route (35 000 par an environ) avec un parc automobile par habitant trois fois moins important qu'en France, la disparition de la protection sociale et des infrastructures sanitaires que l'État ne finance plus sont sans doutes les principales causes du grand problème démographique dont souffre la Russie.
Depuis 2003, le revenu moyen russe ne cesse d'augmenter. La classe moyenne, essentiellement localisée à Moscou et en grande partie constituée de jeunes diplômés, s'est lancée dans une course à la consommation frénétique, comme si elle éprouvait le besoin de rattraper le « temps perdu » durant la période soviétique où les biens de consommation courante étaient quasi-inexistants. Le crédit à la consommation est un bon indice de ce bouleversement : entre 2001 et 2006, il a augmenté de 86 %. Le crédit immobilier, lui, a subi une hausse de 450 %.
- La perte de repères
Les Russes ont perdu leur identité soviétique. S'ils ont découvert avec bonheur la liberté d'entreprendre, de se déplacer et de voyager, ils n'ont pas encore tous fait le deuil d'une société qui les encadrait – très fortement – et décidait de beaucoup de choses à leur place. L'économie de marché, la recherche de l'enrichissement à tout prix, ont disloqué certains liens sociaux jadis très forts et érodé une partie des solidarités traditionnelles.
- La montée de la xénophobie
Le marché du travail russe, officiel ou non, attire de nombreux ressortissants des pays membres de la CEI (Communauté des États Indépendants), de l'Ukraine à l'Asie centrale. Ces migrants plus ou moins temporaires, qui franchissent la frontière à la recherche d'un travail saisonnier, seraient, selon les périodes de l'année, entre 3 et 5 millions à vivre sur le territoire russe. Principalement concentrés à Moscou et dans sa région, ils sont regardés par la population la plus pauvre comme des « voleurs d'emplois ». La Russie doit régulièrement faire face à des émeutes raciales (incendies, violences, pillages...) particulièrement violentes.
La Fédération de Russie, au moment de sa naissance, a dû affronter un double choc : la découverte de la démocratie et la libéralisation économique. Le pays a subi une crise économique profonde. Le passage brutal à l'économie de marché s'est révélé extrêmement difficile et ses transitions, politiques et économiques, ont eu de graves répercussions sur la société russe. Avec la dislocation de l'URSS, les structures sociales qui étaient offertes à tous les Russes ont disparu alors que dans le même temps chômage et misère se développaient dans de fortes proportions. La société russe est encore profondément traumatisée par tous ces bouleversements et cela se traduit par une démographie déficitaire, une espérance de vie en baisse et des taux d'alcoolisme et de dépressions parmi les plus inquiétants d'Europe.
Pourtant, la Russie entend retrouver sa place de grande puissance dans le concert des Nations et, malgré ses difficultés, est parvenue à s'intégrer dans les réseaux de la mondialisation. Elle fait partie, depuis décembre 2011, des membres de l'OMC.
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