La religion civique
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Comprendre la notion de religion civique
- Comprendre les liens entre vie politique et vie religieuse à Athènes
- Vie politique et vie religieuse sont intimement liées à Athènes, et la religion n'est pas seulement une affaire privée ou personnelle.
- De grandes cérémonies permettent de mettre en scène le respect dû aux dieux.
- Cette dévotion publique que l'on retrouve lors de processions ou de prières officielles garantie l'ordre social et politique ainsi que la réussite militaire ou économique de la Cité.
La religion grecque est polythéiste.
Elle est donc composée d'un panthéon de
dieux nombreux et de héros comme
Thésée ou Hercule. Ces divinités
interviennent dans la vie des hommes, comme le
rapportent les récits mythologiques. C'est ainsi
que, selon la légende, la ville d'Athènes
doit son nom à un choix des Athéniens
entre Poséidon, dieu de la mer et Athéna,
déesse des arts et de l'industrie.
Les dieux interviennent donc dans la vie des hommes et
il faut les remercier pour leur protection et leurs
bienfaits ou subir leur courroux.
Cela crée une relation à la fois individuelle entre le dieu et les hommes, mais aussi des obligations collectives qui concernent l'ensemble des citoyens d'une cité, et qui sont à l'origine de ce que l'on nomme religion civique. Leur « intervention » peut être aussi très concrète.
La cité d'Athènes privilégie le tirage au sort pour désigner la plupart de ses magistrats, remettant ainsi entre les mains des dieux le choix de ceux-ci.
Que cela soit au niveau de la phratrie (c'est-à-dire une association de citoyens appartenant à la même tribu), des associations religieuses ou de la cité toute entière, les Athéniens ne conçoivent pas l'accomplissement de quelque activité politique ou militaire, quelque entreprise commerciale sans prier ou offrir un sacrifice.
Au quotidien, les moments importants de la vie civique
comme les séances de l'Assemblée
(Ecclésia) sont ouvertes par des prières,
des libations et des sacrifices dont
le but est de placer sous la protection des dieux les
paroles et les choix réalisés.
On prie alors un dieu et son incarnation
spécifique : Poséidon pour les
affaires maritimes, Héphaïstos pour
l'artisanat. Les affaires importantes de la cité
sont souvent placées sous le patronage
d'Athéna, qui est surnommée, selon les
cas, Promachos (« combattant au premier
rang ») ou Nikè
(« victoire ») en
référence à la guerre,
Ergané (« laborieuse »),
Polias (« protectrice de la
cité ») ou Boulaia lors des
sacrifices marquants l'entrée en fonction de la
nouvelle Boulè.
De nombreuses fêtes et cérémonies jalonnent également l'année : Dionysos (dieu du vin, de l'ivresse et de l'inspiration) est invoqué lors des représentations théâtrales (les Dionysies), Athéna lors des Panathénées annuelles, qui rendent hommage à son action en faveur de la Cité.
À part dans des cas bien précis, en particulier dans le cas de la divination (comme la pythie de Delphes) ou les cultes à mystères, il n'y a pas de clergé dans la Grèce antique.
À Athènes, des magistrats désignés par la Boulè sont chargés de procéder aux sacrifices et d'organiser les processions. Les prières sont accompagnées de libations et de sacrifices qui peuvent être composés de graines, de miel ou d'animaux dont les os et la graisse sont brûlés. Lors des plus grandes fêtes, des hécatombes (sacrifices rituels de cent animaux) peuvent être réalisées. La viande est ensuite consommée par les participants au cérémonial lors de banquets.
L'importance des rites communs, auxquels participent tous les citoyens et toutes les personnes libres de la cité, marque bien le lien étroit entre vie civique et vie religieuse. Ils participent à la cohésion de la cité. Ainsi, il n'est pas permis de remettre en cause ou de menacer l'ordre ainsi réalisé.
Socrate, considéré comme impie, fut obligé en 399 de boire la ciguë, un poison mortel, et en 415, des accusations de sacrilège furent portées contre les amis d'Alcibiade, qui furent exécutés.
La mort de Socrate de Jacques-Louis David (1787)
Chaque année, des fêtes rappellent l'attachement de la cité à des dieux particuliers
- Dionysos, dont on célèbre le culte lors des Dionysies rurales en décembre et des Grandes Dionysies en mars ;
- Athéna, que l'on célèbre lors des Panathénées en juillet.
Athéna du Varvakeion, de PhidiasTous les
quatre ans, les Panathénées prennent un
relief plus important. Les Grandes
Panathénées permettent de souder
la population libre d'Athènes. Y participent en
effet les citoyens guidés par les magistrats,
les métèques mais aussi les femmes, en
particulier des jeunes filles, les ergastines, qui
tissent un voile (le Péplos) destiné
à recouvrir la statue de la déesse qui se
trouvait dans l'Érechtéion sur
l'Acropole. Le tissage du Péplos est
surveillé par la Boulè, ce qui montre
l'importance politique de la religion. La
cérémonie commence par une procession
à travers la cité, des portes du
Nord-Ouest au Parthénon, en passant par l'Agora
et en suivant la Voie sacrée. Elle se termine
dans l'un des temples dédiés à
Athéna, l'Érechtéion. Des
sacrifices et des jeux sont également
organisés.
Érechthéion, temple situé sur l'Acropole d'Athènes. © Jérémy Bentham ǀ iStock
Les Grandes Dionysies sont elles aussi précédées de sacrifices, de prières mais elles comportent également des pièces de théâtre jouées dans le théâtre, sous l'Acropole. Un magistrat désigné par l'Ecclésia, le chorège, choisi parmi les familles riches, doit payer l'auteur, le chœur et les acteurs. Cette lourde charge donne cependant à son titulaire une renommée importante.
Les Athéniens participent aussi à des manifestations panhelléniques (regroupant tous les Grecs) lors des jeux d'Olympie par exemple. Les délégations sont alors considérées comme sacrées et les conflits s'interrompent. Les personnes désignées par leur cité ont à cœur de représenter le mieux celle-ci.
Les espaces publics comme l'Agora, où se réunissent les citoyens avant d'aller délibérer sur la Pnyx (colline qui se situe au centre d'Athènes, où siégait l'Ecclésia) et où l'on trouve également des bâtiments civiques, comme le bouleutérion (lieu où se déroulait le Boulè) ou la tholos (qui servait de lieu de réunion pour les magistrats), sont aussi marqués par la présence de nombreux temples comme l'Autel des douze dieux, le temple d'Apollon, celui d'Héphaïstos, etc. Le théâtre sous l'Acropole est aussi dédié à Dionysos.
L'Attique elle-même est marquée par la présence de temples et de sanctuaires ruraux qui lient la cité à son territoire. Chaque année, le temple de Déméter et Perséphone à Eleusis au nord-ouest de la cité est relié par une grande procession partant de l'Eleusinion d'Athènes.
Dans ces temples, des statues de dieux permettent d'établir le contact entre monde divin et humains. Les sacrifices rituels sont ainsi placés entre les mains des statues ou sur leurs genoux. Par exemple sur l'Acropole, la statue en bois d'Athéna dans l'Erechteion était revêtue du peplos lors des Panathénées.
La colline de l'Acropole qui domine la ville devient un vaste complexe religieux sous l'impulsion de Périclès. Ces constructions sont réalisées par l'argent public appartenant à la Ligue de Délos grâce à un décret inspiré par Périclès et les travaux sont surveillés par un collège de magistrats.
Les architectes Callicratès, Ichinos, Mnésiclès et surtout Phidias, désignés par l'Assemblée, réalisent un ensemble monumental imposant entre 447 et 432 dédié à la déesse éponyme de la cité : Parthénon décoré de la frise des Panathénées, statue d'Athéna Parthénos (vierge), Propylées ouvrant cet espace, complétant ainsi un ensemble plus ancien (Erechteion).
Le Parthénon
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