La réfutation ad hominem : une réfutation fallacieuse ou nécessaire ?
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- Découvrir une catégorie importante d’arguments et les questions soulevées par l’emploi de ces arguments.
- Les arguments ad hominem et ad personam relèvent de l’inventio (choix des arguments dans une argumentation).
- L’argument ad hominem cherche à confronter les positions de quelqu’un avec ses actes, ses propos antérieurs ou ses convictions affichées.
- L'argument ad hominem peut être perçu comme un prétexte qui permet de détourner l’attention du fond du débat, mais il peut aussi se révéler utile contre les orateurs malhonnêtes.
Une catégorie très importante d’argument dans le discours de réfutation (lorsqu’on cherche à s’opposer au discours d’un ou d'une opposante) est l’argument ad hominem (ad hominem, « contre l’être humain », de homo, hominis, « être humain »), par opposition à d’autres arguments qui réfutent le contenu même du discours opposé. Ce type d’arguments peut être perçu comme fallacieux ou de mauvaise foi, dans la mesure où il s’attaque à un discours sans tenir compte de sa valeur de vérité absolue, mais en se concentrant sur la personne qui tient ce discours.
Il faut distinguer l’argument ad hominem de l’argument ad personam qui lui ressemble, puisqu’il s’agit dans les deux cas de passer du sujet de la dispute à la personne avec laquelle on débat.
Un exemple actuel d’argument ad personam concerne Greta Thunberg, cette jeune militante née en 2003 qui s’est fait l’ambassadrice de l’urgence écologique en initiant la grève de l’école pour le climat en Suède. Pour la disqualifier, certains lui reprochent son jeune âge et la soupçonne d’être manipulée. Voilà comment elle répond à ces critiques :
« D’une certaine façon c’est triste de voir ces gens… Si je pointe du doigt le feu, si je dis attention ça brûle, nous devons faire quelque chose... ces gens ne devraient pas se focaliser sur moi, mais ils devraient se concentrer sur le feu. C’est une sorte de prétexte pour détourner l’attention de la crise climatique, mais il n’y a rien d’étonnant parce qu’ils ne sont pas conscients de la crise en cours. »
Greta Thunberg, RTS, 11 aout 2019
L’attaque sur l’âge d’une personne fait partie des attaques ad personam. En répondant à ses détracteurs, Greta Thunberg recentre le débat sur la crise climatique et souligne le type de procédé qu’ils utilisent : « ils ne devraient pas se focaliser sur moi ». Elle montre aussi qu’il s’agit d’un argument attendu : « C’est une sorte de prétexte » qui vise juste à détourner l’attention de ce qui lui semble essentiel.
Cependant, Greta Thunberg essuie également des attaques qui visent à la décrédibiliser en pointant des incohérences entre ses actes et son discours. Par exemple, son voyage vers New York en voilier aurait un impact carbone finalement plus élevé qu’un aller simple en avion. Il s’agit d’une attaque ad hominem, puisqu’on cherche à mettre en évidence des incohérences entre le discours écologique de la jeune fille et un bilan carbone finalement plus lourd qu’escompté. La maire de Paris, Anne Hidalgo, essuie les mêmes critiques lorsqu’elle profite d’un vol en Falcon pour se rendre, à l’invitation de la société organisatrice du Tour, à l’arrivée d’une étape du Tour de France en juillet 2019. En effet, la Maire de Paris est connue pour ses positions écologiques et notamment pour sa promotion de moyens de transport moins polluants comme le vélo. Cet incident pourrait être utilisé dans le cadre d’une argumentation ad hominem contre la maire de Paris pour lui montrer qu’il y a une incohérence entre ses actes (prendre l’avion pour faire un aller-retour dans la journée pour assister à un évènement sportif, donc pas nécessairement en lien avec ses activités) et ses convictions écologiques.
L’attaque ad hominem fait partie de ce que certains philosophes et dialecticiens, comme John Locke, appellent une argumentation fallacieuse. Il s’agit d’une argumentation trompeuse, incorrecte, qui menace la qualité de l’échange argumentatif entre deux personnes d’opinions divergentes et la possible résolution de cette différence. En effet, au lieu d’attaquer la position de l’adversaire et le fond de son propos (son contenu de vérité), on attaque l’adversaire lui-même, en tant qu’il aurait dit le contraire par le passé, ou que son comportement et ses actions auraient été en contradiction avec ses propos dans l’argumentation. On s’écarte du sujet de la discussion pour considérer l’individu lui-même. Il est ainsi possible de discréditer une idée tout à fait juste sous prétexte qu’elle est portée par une personne faisant preuve d’incohérence. On peut se demander si cette stratégie ne permet pas d’éviter de répondre sur le fond aux arguments adverses (cf. plus haut, Greta Thunberg).
Cependant, il ne faut pas oublier l’importance du locuteur ou de la locutrice (la personne qui parle) dans la rhétorique. Un discours est toujours porté par quelqu’un et l’analyse du discours nous invite à toujours nous demander « qui parle ? ». Cela peut sembler soupçonneux à l’extrême, mais ignorer l’origine d’un discours reviendrait à croire que les pensées circulent en dehors des mots, du langage et donc des individus, alors qu’une argumentation est toujours portée par une personne avec des valeurs propres, des intérêts, un point de vue particulier. C’est pour cela qu’en France, les chercheurs et chercheuses qui s’expriment publiquement sont invitées à faire état des liens qu’ils pourraient entretenir avec d’éventuelles parties prenantes du débat dans une « déclaration d’intérêts ».
Considérer la personne qui parle et pas seulement ce qu’elle dit, c’est aussi se protéger d’une rhétorique vide de sens, dans laquelle n’importe qui pourrait argumenter sur tout et son contraire, comme le prétendaient les sophistes qui enseignaient la rhétorique à l’époque de Socrate. Socrate les réfute en montrant qu’ils suivent avant tout leurs intérêts personnels et l’intérêt de ceux qui les paient, c’est-à-dire que leur art est une pure pratique du langage, dégagé de toute implication pratique. Par cet argument, Socrate ne cherche pas seulement des preuves ; il met à l’épreuve les propos des sophistes en les confrontant à leurs propres arguments et conclusions.
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