La preuve éthique dans l'argumentation
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Quelle est l’importance de l’orateur dans le
discours qu’il prononce ?
Comment se servir de la preuve éthique dans un
discours ?
- La preuve éthique est une manière pour l'orateur de donner du poids à son argumentation. C'est une mise en scène de lui-même à travers le discours.
- L'auditeur ou le lecteur doit prendre conscience de l’image que l’orateur cherche à donner de sa personne et rester attentif aux éventuelles manipulations qui pourraient en résulter.
- La persuasion possède une composante subjective (et parfois illusoire) dont il faut se méfier.
Le rhéteur ou l’orateur selon Aristote dispose de trois « preuves » pour convaincre son auditoire : la preuve éthique (ethos en grec), la preuve logique (logos) et la preuve par l’émotion ou les passions (pathos). Nous allons nous intéresser plus particulièrement à la preuve éthique qui concerne la personne même de l’orateur.
L’ethos désigne l’image morale (son caractère, sa manière d’être) de l’orateur et l’impression que cette image produit sur l’auditoire, à travers la façon dont la personne qui parle construit cette projection ou ce reflet. Il s’agit donc d'une stratégie de présentation de soi dans le discours. Ce ne sont pas les qualités morales de l’orateur qui sont prises en compte par l’ethos, mais l’impression qui est produite par le texte lui-même et certains éléments extratextuels relatifs à l’image renvoyée (posture, prestige, regard, gestes, ton de la voix…). Certains éléments peuvent être soigneusement travaillés (c’est le rôle de l’actio dans les divisions de l’art oratoire, c’est-à-dire la réalisation physique du discours) ou d’autres plus difficilement maitrisés comme la réputation ou la position sociale.
Il faut distinguer l’ethos de l’argument d’autorité, qui consiste à citer en exemple un grand homme ou une grande femme, car cet argument est ponctuel et concerne d’autres personnes que l’orateur. À l’inverse, l’ethos est une composante permanente du discours, il donne du poids à une argumentation ou il lui nuit, et ce n’est pas une proposition qu’on peut isoler dans un discours.
Selon Aristote, il y a persuasion par le caractère quand le discours est ainsi fait qu’il rend celui qui parle digne de foi. La persuasion par le caractère produit la confiance. Cette persuasion a lieu lorsque l’orateur donne de lui une impression d’honnêteté dans ses propos, de bienveillance vis-à-vis de l’auditoire, et de prudence dans sa façon d’avancer ses conclusions.
On peut distinguer des éléments extratextuels comme le prestige, le vêtement (et surtout l’uniforme), la position d’autorité ou de pouvoir de l’orateur, la réputation ou le charisme. Certains éléments extratextuels relèvent explicitement de la rhétorique comme le ton de la voix, le débit des paroles, les gestes, les mimiques, les regards et la posture. Il s’agit de l’actio, c’est-à-dire le travail physique de préparation d’un discours oral devant une assemblée ou un jury par exemple.
L’ethos peut aussi être intratextuel comme le choix des mots et de certains arguments (éléments explicites), ou le style général qui se dégage du texte lui-même (éléments implicites). On peut chercher à établir par le style une impression de sincérité ou solennité, d’austérité ou d’amabilité, de modernité ou de conservatisme, de familiarité ou de formalisme, de naturel ou de solennité, etc. L’étude de l’ethos implicite d’un discours se rapproche ainsi de l’étude du style.
Cette impression produite peut être l’objet d’un travail réalisé par des experts en communication notamment politique. Ainsi, lors de son discours au Louvre le soir de sa victoire aux présidentielles (7 mai 2017), Emmanuel Macron manie les symboles pour créer son ethos présidentiel, c’est-à-dire solennel, au-dessus de la mêlée, autoritaire : sa longue marche en solitaire, le choix de la musique qui précède son discours, l’arrière-plan de la pyramide du Louvre (le choix du Louvre, édifice mondialement célèbre et moderne, est plus neutre politiquement que la Concorde ou la Bastille), concourent à créer l’image du futur président.
Dans le texte du discours, si l’on se penche sur les éléments intratextuels explicites et notamment le choix des arguments, l’ethos est surtout travaillé au niveau de l’exorde, c’est-à-dire la première partie du discours où l’orateur, tout en introduisant le sujet et l’enjeu du discours, cherche à capter la bienveillance et l’attention de l’auditoire.
L’orateur peut par exemple annoncer qu’il n’a ni le talent ni l’habitude de parler, pour donner une impression de sincérité ou de spontanéité que n’aurait pas un orateur plus expérimenté. Il ou elle peut choisir de vanter les qualités de son adversaire et souligner son habileté, pour donner l’impression qu’il ou elle est fair play (bon joueur) et de bonne foi. L’orateur peut prétendre parler dans l’intérêt de tous (et non du sien en particulier), au nom d’une valeur qui lui est chère et qui le dépasse (la vérité, la liberté…). Lors d’un procès, il peut faire l’éloge des juges et de leur sagesse, en se rangeant par avance à leur sentence qui sera nécessairement juste et bienveillante. Enfin, pour donner une impression de modestie, l’orateur peut déclarer qu’il n’a pas l’expérience, l’habileté ou les connaissances de ses adversaires. En se dévalorisant ainsi par un chleuasme (figure de style qui consiste à se rabaisser), l’orateur cherche à attirer la sympathie de l’auditoire.
L’ethos est-il un élément fallacieux et trompeur du discours ? En effet, on pourrait faire la critique de cette preuve en montrant qu’elle est subjective et superficielle. Dans ses Pensées, Pascal souligne par exemple l’aspect imaginaire de cette preuve en assurant qu’on persuade parfois plus « par sa mine et par son allure que par les grandes vérités ». Il renchérit en soulignant le fait que les habits de prestige des juges et des docteurs de l’époque leur permettent de « duper le monde ». À l’inverse, souligne-t-il aussi, une voix enrouée, une barbe mal rasée, un tour de visage bizarre peuvent faire perdre toute gravité à un sénateur et nuire à sa capacité de persuasion. Malgré l’aspect inconstant et capricieux de la persuasion, ces éléments sont incontournables pour réussir à persuader. La prise en compte de l’ethos consiste à faire en sorte que celui qui est compétent et sincère le paraisse aussi, et non pas à donner les moyens de tromper l’auditoire.
On pourrait aussi reprocher à l’ethos de s’apparenter à une forme d’emprise, d’intimidation, voire de joug que l’orateur imposerait à son auditoire. D’autant plus si le discours est prononcé par une personne en position dominante (un ou une scientifique, un homme ou une femme politique, une autorité religieuse comme un prêtre ou un guide spirituel). En effet, il faut faire attention à ce que le nom (et la réputation positive qui l’accompagne) et le titre (écrivain ou écrivaine, philosophe, universitaire, expert ou experte…) de l’orateur ou de l’oratrice n’imposent pas un respect crédule voire aveugle de ses paroles. C’est faire preuve d’esprit critique que de garder en tête que, quelle que soit l’autorité de la personne, elle est susceptible de fausseté, voire de manipulation.
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