La poésie romantique allemande
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Dès le début du XIe siècle, presque un demi-siècle après la fondation de l'Empire romain germanique, la langue se distingue déjà par une forte puissance poétique. La place des mots est par exemple tout à fait symptomatique de l'évolution spontanément esthétique de la langue allemande. Cet espace de liberté syntaxique ne peut qu'être de bon augure pour une expression poétique.
Le vers allemand moderne fait son apparition tandis que la langue suit son évolution formelle : on passe du Stabreim, vers long sans rime finale (mais comportant trois initiales à allitérations à l'intérieur du vers) au vers à rime finale. On rencontre ce vers dans Le Chant de Hildebrand, sorte de chanson de geste héroïque et tragique dans laquelle un père, après une longue absence, tue son fils qu'il n'a pas reconnu.
S'ensuit une période vide de poésie. Il faudra attendre le XIIe siècle et notamment l'adaptation de notre Chanson de Roland (Rolandslied) pour que la production poétique reparte. Ce siècle voit fleurir notamment les épopées chantées, genre plus populaire et hybride où se côtoient tradition allemande et évocation fabuleuse de l'Orient. C'est aussi le siècle du Nibelungenlied, légende nationale qui sera pérennisée par Wagner. Il s'agit ici de longs vers coupés à rimes croisées.
Le XIIIe siècle est celui du cycle arthurien (ou cycle du Graal) où s'imposent les héros qui fondent la tradition littéraire de bien des courants à venir, dans l'Europe entière : Tristan, Erec, Yvain et Perceval naturellement. La poésie courtoise trouve ici sa place, sous le nom de Minnesang. Les vers développent des idéaux : fidélité au souverain, à la femme aimée, aux vertus et qualités chevaleresque. Et la métrique s'en ressent : plus de rigueur encadre la poésie, la syntaxe épouse le mètre.
Avec l'apparition de l'imprimerie, la poésie conquiert de nouveaux espaces, circule entre des mains de milieux différents et se défait de la partition musicale qui en accompagnait la récitation. On se concentre sur les mots, leur agencement, leurs sonorités, leur sens. La poésie devient circonstancielle, elle sert les idéologies et les revanches sociales : on voit apparaître les fables, satires, les farces. Elle décrit les mœurs d'une époque et prend dès lors une teinte quasi ethnologique !
La Renaissance hérite de tous ces changements, de toutes ces informations. La poésie reflète alors les grandes interrogations de l'époque et notamment dans le domaine mystique. Et parallèlement, on découvre Pétrarque, on traduit Boccace et la langue allemande se modernise, se précise, se cisèle.
L'âge baroque vient poser sa fantaisie et sa richesse sur ces mots nouveaux : l'évocation de morts violentes et de pillages côtoie alors les motifs champêtres. Le sonnet, l'épigramme et les formes brèves triomphent. La poésie commence à réfléchir sur elle-même et plus seulement à servir des causes ou des idéologies. L'ode et l'hymne sont peu à peu remis à l'honneur au début du XVIIIe siècle. La poésie est prêt à subir une de ses plus importantes mutations
Klopstock fait évoluer la poésie de la sensiblerie à l'expression de l'intimité personnelle, qui va fonder le lyrisme romantique.
A la fin du XVIIIe siècle, les revues littéraires de Schiller, Die Horen, et des frères Schlegel, l'Atheneum, posent les bases d'une réflexion sur la poésie. Et Schiller précise son projet poétique dans Über Bürgers Gedichte (1791)en affirmant que la poésie doit réunir ce que l'esprit des temps divise. Schlegel lui-même parlait de « poésie universelle ». La poésie a une tâche noble à accomplir : elle doit organiser les savoirs et c'est là sa valeur propre. On voit bien quelle est l'ambition démesurée de la poésie au XIXe siècle : elle doit couvrir toutes les formes, les anciennes, les nouvelles et celles qui restent à inventer.
La poésie romantique est faite d'associations surprenantes : description, sentiments, invocations, réflexions, allusions philosophiques (de Schopenhauer à Nietzsche), entremêlement de subjectif et d'objectif, de personnel et d'universel. Pour répondre à cette richesse thématique, la langue se doit d'être précise, ciselée, soignée et la syntaxe seule offre la liberté nécessaire à l'accomplissement de l'acte poétique.
Sa vocation de poète est liée à sa volonté de guérir les âmes. Cette volonté thérapeutique se retrouve dans ses célèbres Hymnes à la nuit (1800), sorte d'antidote à la triste réalité . Il y mélange vers et prose, et privilégie par-dessus tout la musicalité :
« Je m'en détourne et descends vers la sainte, l'inexprimable nuit. Le monde est loin – enfoui dans un profond abîme - sa place est lugubre et solitaire. Une mélancolie profonde souffle dans les cordes de ma poitrine. Je veux tomber en gouttes de rosée et me mélanger à la cendre (...) Faut-il que le matin revienne toujours ? La violence du terrestre n'aura-t-elle jamais de fin ? L'affairement malheureux dévore l'effleurement céleste de la nuit. »
On distingue 3 périodes dans sa création poétique : les poèmes de jeunesse, jusqu'en 1786 ; le Divan occidental – oriental, publié en 1814 – 1815 ; et le reste qui s'échelonne de manière irrégulière jusqu'à un âge très avancé. La poésie de jeunesse reste la partie la plus intéressante de cette création. Elle est marquée par un véritable renouvellement des pratiques poétiques antérieures, dans l'empreinte de ce qu'avait initié Klopstock.
Les conventions y apparaissent bousculées : la langue sollicite aussi le parler populaire, les vers se dissolvent jusqu'à la forme la plus libre possible, les figures et métaphores sont très novatrices et audacieuses et gagnent en force expressive. Il a réussi à créer une forme hybride à partir des modèles antiques (notamment la poésie héroïque), de la chanson populaire, de la technique baroque et de la grande subjectivité qui caractérise alors la modernité. C'est donc lui qui amorce concrètement la mutation vers le lyrisme romantique.
On lira pour exemple Bienvenu et Adieu (1771), poème d'amour inspiré par Frédérique Brion qu'il aima intensément mais peu de temps. Il ressort surtout de ce poème l'ambiguïté entre la volupté des moments passés ensemble et la brutalité de la séparation.
De tes doux yeux m'a inondé ;
Tout mon cœur était près du tien,
Et tous mes souffles étaient pour toi.
Une aurore rose de printemps
Nimbait le visage charmant,
Et la tendresse – ô Dieu – pour moi,
Je l'espérais, mais sans la mériter ! »...
De même, on lira Chant de tempête du voyageur (1772), premier hymne en vers libres de Goethe, témoin d'une période de réflexion sur le sens de sa vie. On a appliqué à ce poème la notion de « somnambulisme poétique » : s'y côtoient une volonté apparente de spontanéité ludique et la rigueur de l'esthétique poétique.
Dans les tourbillons de neige,
Tu l'envelopperas de chaleur,
C'est vers la chaleur que vont les Muses,
Vers la chaleur que vont les Charites.
Ô Muses, entourez-moi,
Ô Charites !
Voici l'eau, voici la terre,
Et voici le fils de l'eau et de la terre
Sur laquelle je vais,
Pareil aux Dieux. »
Fervent lecteur de Shakespeare, de Klopstock, de Lessing, il devient l'ami le plus intime de Goethe. Sa production est, à l'inverse de ce dernier, plutôt tardive mais il a sans doute été encouragé par l'intense productivité de son aîné. Il laissera cependant une empreinte importante et inspirera Hölderlin et même le jeune Karl Marx qui essaiera « d'écrire comme Schiller » !
Ses thématiques sont variées et il semble avoir porté un regard sur tout ce que sa courte vie a côtoyé chez l'homme. On a toujours loué chez Schiller l'adéquation de la langue avec « le face à face souvent solennel de l'idéal et de la vie » (Jean-Pierre Lefebvre). L'Arrivée du siècle nouveau (1801) annonce le désenchantement de La Confession d'un enfant du siècle de Musset ou encore « Ce siècle avait deux ans... » de Victor Hugo (Les feuilles d'automne, 1802). Le XVIIIe siècle s'est achevé dans les conflits, et les guerres ne semblent pas devoir s'arrêter avec le changement de siècle (avec l'allusion notamment à la guerre d'Egypte).
Un asile où la liberté pourrait trouver refuge ?
Le siècle a pris congé de nous dans la tempête,
Et le nouveau commence par des crimes.
Et le lien qui tenait les pays est ôté,
Et les formes anciennes s'effondrent,
Rien ne réfrène la fureur guerrière, ni
océan,
Ni Dieu du Nil, ni le Rhin ancestral. »
L'Allemagne est incontestablement le berceau du Romantisme, comme le pressentit en son temps Mme de Staël. La poésie surtout y connut les innovations et les audaces nécessaires à l'émergence d'une forme d'expression nouvelle qui allait marquer toute une génération d'écrivains européens : le lyrisme.
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