La guerre d'Algérie- Terminale techno - Histoire
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Connaître les étapes ayant mené au déclenchement de la guerre d'Algérie.
- L'Algérie est un territoire particulier de l'Empire colonial français.
- Colonie de peuplement au statut de département, la métropole la considère comme un prolongement naturel du territoire métropolitain. Cependant, la colonisation de l'Algérie s'accompagne de profondes inégalités qui alimentent le nationalisme.
- La Toussaint rouge, le 1er novembre 1954, marque le début d'une guerre qui peine à dire son nom. Elle conduit à une crise politique majeure et à la chute de la IVe République.
En 1954, la France doit accorder l'indépendance à l'Indochine, à l'issue d'un conflit terrible et à la défaite de Diên Biên Phu. À peine le sort de cette ex-colonie est-il scellé que la métropole se trouve confrontée aux insurrections en Algérie.
L'enjeu pour la France est tout autre dans ce territoire au statut particulier. Il est inconcevable pour le régime d'envisager la perte de ce joyau de l'empire colonial. Très rapidement, les évènements dégénèrent dans une guerre qui ne dit pas son nom.
Au sein de l'Empire colonial français, l'Algérie constitue un territoire particulier. Il s'agit de la plus ancienne conquête coloniale, le territoire est annexé à la France depuis 1830.
Son statut est unique puisque l'Algérie est divisée en trois départements qui sont gérés par le ministère de l'Intérieur.
Surtout, l'Algérie est, parmi les possessions françaises, la seule colonie de peuplement où vivent plus d'un million de personnes d'origine européenne, les Pieds-noirs. À côté de ceux-ci, on trouve neuf millions d'Arabes et de Kabyles, c'est-à-dire de Berbères algériens (les Berbères sont les premiers habitants de l'Afrique du Nord à l'Antiquité). Cette présence européenne est essentielle pour comprendre l'attachement du régime politique à maintenir sa souveraineté sur la colonie : cette population, ses intérêts doivent être pris en compte et défendus.
Un couple algérien et un couple français
(Pieds-Noirs) se croisent dans une rue d'Alger, vers
1920
La société algérienne est
profondément divisée. Si depuis 1944, le
statut du citoyen a été accordé
à tous, les inégalités
demeurent profondes. La population compte deux
millions d'électeurs et les Européens
n'en représentent que 400 000. Cependant, ils
comptent autant de députés
représentés à l'Assemblée
algérienne.
Les inégalités marquent également
la vie économique et sociale. Les emplois de
fonctionnaires sont avant tout réservés
aux colons. Les meilleures terres, les grandes
propriétés sont entre leurs mains.
L'éducation, un principe pourtant au cœur
de la mission civilisatrice de la métropole, est
réservée aux Pieds-noirs : leurs enfants
sont tous scolarisés dans le primaire à
la différence des jeunes Arabes et Kabyles dont
le taux de scolarisation n'est que de 14 %.
Ces inégalités expliquent la naissance
précoce d'un mouvement nationaliste (voir fiche
L’Empire français au moment de
l’Exposition coloniale de 1931). Celui-ci est
à l'origine d'une montée de la
contestation et de la violence sensibles au
lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, le 8 mai 1945, des émeutes
éclatent à Sétif, dans le
Constantinois. Le bilan, très lourd,
s'élève à plusieurs milliers de
victimes. Dès 1947, une organisation
paramilitaire est créée pour
préparer la lutte armée. Celle-ci est
démantelée par le gouvernement
français mais elle renaît en 1954 : il
s'agit du FLN, le Front de Libération
Nationale, qui va incarner la lutte pour
l'indépendance. Il s'agit d'une formation
politique disposant d'une force armée, l'ALN,
l'Armée de Libération Nationale.
L'insurrection et le début de la guerre datent du 1er novembre 1954. Le jour de la Toussaint, le FLN organise une vaste action marquée par près de 70 attentats et sabotages en plusieurs points du territoire touchant la population civile européenne et indigène. On parle de la Toussaint rouge. Cette action doit marquer, pour ce mouvement, le point de départ d'un mouvement de libération. L'objectif est clairement annoncé : obtenir l'indépendance.
Le FLN est l'auteur d'une série de massacres
à Alger La lutte s'engage également
rapidement contre les Algériens qui
n'adhèrent pas à cette violence, à
la lutte armée. En 1954, les Algériens
sont divisés sur l'attitude à adopter,
certains se rangent du côté de la France,
d'autres encouragent le nationalisme mais condamnent la
stratégie du FLN. C'est le cas par exemple de
Messali Hadj, leader du mouvement national
algérien créé en 1954 et qui entre
en lutte contre le FLN.
L'offensive du FLN se poursuit après ces
évènements du 1er novembre.
C'est surtout la moitié orientale de
l'Algérie qui est touchée. Le 20
août 1955, un massacre d’Européens
et de notables algériens modérés a
lieu à El Halia. Il entraîne une
répression violente de l'armée
française. Celle-ci s'engage rapidement dans ce
que le pouvoir nomme des « opérations
de maintien de l'ordre » mais la
répression encourage la résistance et
l'audience du FLN ne cesse de croître.
En 1958, le potentiel militaire de l'ALN devient
considérable : il atteint environ 50 000 hommes
à l'intérieur de l'Algérie et
10 000 hommes à l'extérieur. Ses
combattants compensent leur infériorité
militaire par une connaissance du terrain et par les
complicités croissantes au sein de la
population.
L'échec indochinois, l'obligation de
défendre une population européenne et ses
intérêts encouragent la métropole
à s'engager dans une lutte sans merci contre
l'ALN. « L'Algérie c'est la France »
déclare Pierre Mendès France. Il est
impossible de l'abandonner.
Cependant, les opérations militaires demeurent
difficiles à organiser face à un ennemi
qui combat en menant des actions de guérilla, en
se cachant dans les zones montagneuses. La France doit
accroître ses effectifs militaires sur place :
ils passent de plus de 56 000 soldats en 1954 à
120 000 en 1956.
C'est à cette date que le président du
conseil de la IVe République, Guy
Mollet, décide de faire appel au
contingent pour obtenir la victoire :
désormais les jeunes Français effectuant
leur service militaire sont amenés à
combattre en Algérie. Au total, ce seront
près de deux millions de jeunes appelés
qui seront concernés par le conflit entre 1956
et 1962.
Le pouvoir, incapable de trouver de solution politique
à la situation, décide également
de laisser carte blanche à l'armée pour
décider des stratégies à adopter.
Dès lors, l'engrenage de la violence est
inévitable. L'armée entend en premier
lieu sécuriser les villes où
résident très majoritairement les
occidentaux. De janvier à octobre 1957 se livre
la bataille d'Alger qui permet aux
Français de remporter une victoire sur le FLN.
Cependant, le contrôle des campagnes est beaucoup
plus difficile. Il convient d'obtenir un maximum de
renseignements permettant d'identifier les opposants et
les lieux où ils se cachent. Pour cela, toutes
les méthodes sont employées, y compris
le recours à la torture. Celle-ci devient
générale et est organisée par
l'État-major.
L'appel du contingent suscite l'hostilité
croissante des Français à la guerre. On
prend conscience d’une violence
révélée par la presse et par les
intellectuels qui s'investissent de plus en plus contre
l'engagement militaire.
La crise culmine en 1958. Des manifestations ont
lieu à Alger et un comité de Salut
public est créé par les Pieds-noirs
pour s'opposer à l'idée des
négociations avec le FLN.
Affiche
de propagande éditée par le Mouvement de
Salut Public créé pour faire pression en
faveur de l'Algérie française, 22 mai
1958 Ces manifestations sont soutenues par certains
cadres de l'armée française. La situation
insurrectionnelle fait chanceler le régime
politique. Le président René Coty
décide de nommer le Général de
Gaulle président du Conseil. Celui-ci pose
en condition de sa prise de fonction, le 1er
juin 1958, le changement de constitution et de
régime.
La Ve République de De Gaulle oriente
rapidement sa politique vers la négociation avec
le FLN. Le plan Constantine est proposé
le 3 octobre 1958. Il s'agit d'améliorer la
situation des Musulmans en leur réservant
1/10e des emplois publics, en assurant la
scolarité à la jeunesse et en distribuant
les terres. Ce plan ne satisfait pas les nationalistes
qui réclament désormais
l'indépendance.
Dès 1959, De Gaulle propose la voie de l'autodétermination aux Algériens. Un référendum est organisé le 8 janvier 1961 et est soutenu par une majorité de Français. Mais les partisans de l'Algérie française se radicalisent : l'OAS, l'Organisation de l'Armée Secrète, est créée cette même année.
Affiche
de propagande de l'OAS contre l'indépendance de
l'Algérie française Elle regroupe les
partisans irréductibles de l'Algérie
française et souhaite empêcher, par la
violence et les attentats, cette indépendance.
Le 22 avril 1961, quatre généraux
prennent le contrôle d'Alger et organisent un
véritable putsch qui échoue car
l'armée reste fidèle au pouvoir
gaulliste. Le pouvoir est rétabli à Alger
trois jours plus tard.
Les Accords d'Évian organisant
l'indépendance de l'Algérie sont
finalement signés le 18 mars 1962. Elle devient
officielle le 5 juillet.
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