La Danse « Barnes »
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
Il fait cependant des provisions de sensations et de couleurs vives et franches (« des poissons mirobolants », écrit-il à Bonnard) dont il se souviendra une douzaine d'années plus tard avec ses gouaches découpées. Cette même année 1930, à l'automne, Matisse repart aux Etats-Unis. D'abord à Pittsburg pour participer au jury du prix Carnegie, qu'il a reçu trois ans auparavant et qui cette fois-ci récompensera Picasso.
Matisse en profite pour rendre visite à des collectionneurs new-yorkais mais aussi pour rencontrer, à Merion, l'énigmatique Docteur Albert C. Barnes. Ce dernier, qui a fait fortune dans l'industrie pharmaceutique, vient de s'y faire construire un musée privé pour y abriter sa fabuleuse collection, qui contient notamment des chefs-d'oeuvre de Renoir, de Cézanne (des Baigneuses), de Seurat (Poseuses) ; lors de sa rencontre avec Matisse, Barnes lui demande d'en décorer la grande salle. Pour le peintre, il s'agit d'un nouveau défi, qu'il s'empresse de relever.
Matisse prend tout de suite le parti de soumettre ses panneaux aux formes de la structure, leur conférant ainsi une fonction architecturale. En 1934, il déclarera à Dorothy Dudley : « C'est une salle pour des peintures : traiter ma décoration comme un tableau aurait été déplacé. Mon but a été de traduire la peinture en architecture, de faire de la fresque l'équivalent du ciment ou de la pierre. »
La méthode la plus simple aurait été de mettre ses esquisses au carreau, comme cela se fait en décoration murale. Mais Matisse va opter pour sa manière personnelle, qui sera de se mesurer directement au monumental en faisant ses croquis en grandeur nature, à la taille prévue pour le décor. Il dira à ce propos à Gaston Dielh : « Je pris trois toiles de cinq mètres, aux dimensions mêmes de la paroi, et un jour, armé d'un fusain au bout d'un long bambou, je me mis à dessiner le tout d'un seul coup. »
Pour lui, formes et compositions doivent être adaptées à la taille des panneaux pour conserver leur force expressive. Pour ce travail, il a donc loué un vaste studio de cinéma désaffecté dont il a fait son atelier, et ce pour de longs mois de travail acharné entièrement dédié au projet Barnes qui, comme au palais de Stchoukine, sera une Danse.
Mais si Matisse choisit à nouveau le thème
de la danse, plus de vingt ans après La Danse
de Stchoukine, il lui réserve un traitement
très différent. Les premières
études témoignent de tentatives de
reprendre la ronde de danseurs, mais cette construction
est peu à peu abandonnée pour une
composition qui doit transcender le cadre peu
ordinaire auquel elle est destinée.
Plutôt que d'adapter la composition à la
division en trois surfaces distinctes, Matisse va la
traiter comme si la surface était ininterrompue.
Cela se traduira par des formes
s'élançant en un mouvement
continu d'une lunette à l'autre, se
jouant des séparations, certaines figures se
trouvant même aux points de retombée des
arcs, contribuant ainsi à faire oublier ces
derniers. Comme dans La Danse de 1910, les
danseuses débordent du cadre, ce qui permet de
suggérer un espace encore plus
vaste, au delà des limites de la grande
salle. Une fois la composition arrêtée et
les formes choisies, Matisse doit s'attaquer à la
couleur.
Là encore, le cadre ne se prête pas aux
solutions de facilité, en premier lieu parce qu'il
faut s'adapter au contre-jour qui ne manquera pas
d'affecter l'appréhension des couleurs. Il est
probable que c'est en pensant à cela que Matisse
choisit des couleurs en aplat, plus
directement visibles que les couleurs modulées ou
dégradées que l'on trouve dans trois
grandes esquisses, aujourd'hui au Musée Matisse de
Nice : La Danse, harmonie ocre et La
Danse, harmonie bleue. Il peindra finalement ses
panneaux avec du noir, du bleu
pour les corps, du rose et du
gris pour les larges bandes dynamiques du
fond, sur lesquelles se découpent les
silhouettes.
Matisse s'en expliquera auprès de P.
Courthion : « J'ai placé dans
mes panneaux juste au-dessus des entre-fenêtres, un
ton plus foncé que tout le reste, une surface en
noir pur qui est le plus noir dans l'ensemble. Ainsi j'ai
créé une sympathie de défense entre
toutes les parties du grand mur :
entre-fenêtre et panneaux. Si bien qu'en voyant la
lumière des fenêtres, on voyait les noirs et
les autres couleurs. »
Pour en arriver là, Matisse aura donc batailler
ferme, tâtonnant pendant de long mois dans son
grand atelier, modifiant sans relâche les
concordances de tons avant de trouver
l'accord parfait. C'est lors de ces essais que s'est
imposée à lui la technique des papiers
colorés et découpés aux ciseaux
à la forme voulue, qu'il est ensuite
possible d'agencer de différentes manière
jusqu'à trouver la bonne. Plus tard, Matisse en
fera une moyen d'expression à part entière.
Pour l'heure, il s'en sert pour créer ses grands
panneaux de La Danse, mais déjà la
technique du découpage,
même cantonnée aux esquisses, influe sur la
forme finale de l'oeuvre : couleurs
véritablement en aplat et dont la gamme est
restreinte, contours nets, espace symbolique dans lequel
se meuvent des silhouettes, tout cela annonce les
gouaches découpées des années 40 et
50.
L'accord entre la composition et le cadre est à ce
point important pour Matisse que lorsqu'en 1932, alors
que les panneaux sont achevés, il apprend qu'une
erreur survenue lors de la prise initiale des mesures
rend ces derniers inutilisables, il décide de tout
reprendre à zéro : à nouvelles
dimensions, nouvelle composition.
Pour Matisse, depuis toujours, chaque détail
compte, qui plus est lorsqu'il s'agit d'une erreur
portant sur près de cinquante centimètres.
Il consacrera plusieurs mois à une
complète transformation de la
composition, changeant les attitudes, la
disposition et le nombre des figures (de six à
huit). Elles sont plus animées, certaines
paraissant lutter. Cette deuxième version sera
bien installée dans la grande salle de la
fondation Barnes, où Matisse la verra en mai 1933.
La première version sera achetée en 1937
par Raymond Escholier pour la Ville de Paris (elle se
trouve aujourd'hui au Musée d'art moderne de la
Ville de Paris).
Matisse relève le défi, qui présente de nombreuses contraintes : emplacement, dimensions, et même une grossière erreur d'appréciation dans la prise des mesures qui l'obligera à recommencer son travail après qu'il l'eut achevé.
Pourtant Matisse ira jusqu'au bout, trouvant une réponse à chaque difficulté. La Danse de 1932 présente de grandes figures de danseuses nues et stylisées, occupant l'immense espace de leurs amples mouvements, se jouant du contre-jour grâce à des couleurs en aplat strict et contrasté, dont la netteté des contours et le symbolisme des formes et de l'espace annoncent ses gouaches découpées des années 40 et 50.
Des quiz et exercices pour mieux assimiler sa leçon
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des quiz et exercices en accompagnement de chaque fiche de cours. Les exercices permettent de vérifier si la leçon est bien comprise ou s’il reste encore des notions à revoir.
Des exercices variés pour ne pas s’ennuyer
Les exercices se déclinent sous toutes leurs formes sur myMaxicours ! Selon la matière et la classe étudiées, retrouvez des dictées, des mots à relier ou encore des phrases à compléter, mais aussi des textes à trous et bien d’autres formats !
Dans les classes de primaire, l’accent est mis sur des exercices illustrés très ludiques pour motiver les plus jeunes.
Des quiz pour une évaluation en direct
Les quiz et exercices permettent d’avoir un retour immédiat sur la bonne compréhension du cours. Une fois toutes les réponses communiquées, le résultat s’affiche à l’écran et permet à l’élève de se situer immédiatement.
myMaxicours offre des solutions efficaces de révision grâce aux fiches de cours et aux exercices associés. L’élève se rassure pour le prochain examen en testant ses connaissances au préalable.
Des vidéos et des podcasts pour apprendre différemment
Certains élèves ont une mémoire visuelle quand d’autres ont plutôt une mémoire auditive. myMaxicours s’adapte à tous les enfants et adolescents pour leur proposer un apprentissage serein et efficace.
Découvrez de nombreuses vidéos et podcasts en complément des fiches de cours et des exercices pour une année scolaire au top !
Des podcasts pour les révisions
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des podcasts de révision pour toutes les classes à examen : troisième, première et terminale.
Les ados peuvent écouter les différents cours afin de mieux les mémoriser en préparation de leurs examens. Des fiches de cours de différentes matières sont disponibles en podcasts ainsi qu’une préparation au grand oral avec de nombreux conseils pratiques.
Des vidéos de cours pour comprendre en image
Des vidéos de cours illustrent les notions principales à retenir et complètent les fiches de cours. De quoi réviser sa prochaine évaluation ou son prochain examen en toute confiance !