La coopération économique menacée (de 1971 jusqu'au milieu des années 1990)
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Connaître l'impact des chocs pétroliers sur les économies à l'échelle mondiale.
- Connaître les conséquences de l'effondrement du système de Bretton Woods.
- Les chocs pétroliers de 1973 et 1979 sont les révélateurs de la fin du cycle économique des Trente Glorieuses.
- Le système monétaire mis en place lors de la conférence de Bretton Woods prend fin en 1976.
- Dans les années 1980, la pensée néolibérale devient majoritaire en Occident.
Les deux chocs pétroliers de 1973 et 1979 se manifestent par la brutale augmentation du prix du baril de pétrole. Ils résultent de tensions géopolitiques au Proche-Orient.
En 1973, les pays arabes lancent une offensive surprise sur Israël, le jour de la fête du Kippour. Mais l’armée israélienne tient le choc. Comprenant qu’ils n’atteindront pas leur objectif par la force, les pays arabes, pour la plupart membres de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) se servent du pétrole comme moyen de pression, pour couper le lien entre les puissances occidentales et Israël.
La baisse de la production et la hausse brutale du prix du pétrole provoque un choc sur l’économie occidentale, qui reposait en grande partie sur un pétrole bon marché pendant les Trente Glorieuses.
La révolution iranienne de 1979 provoque un nouveau choc pétrolier. Elle sera suivie par la guerre Irak-Iran.
Les deux chocs pétroliers sont cependant davantage le révélateur que la cause de la fin du cycle économique des Trente Glorieuses. Le cycle de croissance arrivait déjà à sa fin.
Dès la fin des années 1960, le fordisme montrait déjà des signes d'essoufflement. De plus, le système économique international né à Bretton Woods à la fin de la Seconde guerre mondiale, en 1944, qui servait de cadre aux Trente Glorieuses en stabilisant la valeur des monnaies et en limitant les dévaluations, s’effondre dans les années 1970.
Les accords de Bretton Woods, signés en 1944, instituent une unité de change, l’or. Le dollar devient la monnaie de référence et sa valeur est fixée sur la valeur de l’or. C’est lors de la conférence de Bretton Woods que fut créé le Fonds monétaire international (FMI).
En 1971, Richard Nixon, président des États-Unis, met fin à la convertibilité du dollar en or.
Jusque là, le dollar était la seule monnaie convertible en or et les pays qui exportaient le plus vers les États-Unis avaient accumulé d’immenses réserves de dollars. Nixon, craignant que ces pays veuillent échanger ces dollars en or épuisent le stock d’or états-unien, met fin à la parité or-dollar. Dans la foulée, les États-Unis dévaluent le dollar pour retrouver de la compétitivité.
En 1976, le principe des taux de change fixes entre les monnaies est abandonné, ce qui achève définitivement le système de Bretton Woods.
Depuis, les taux de change entre monnaies sont dits « flottants ». La valeur des monnaies les unes par rapport aux autres fluctue en bourse, comme celle de n’importe quelle action. Ce système crée beaucoup d’instabilité et encourage les États à jouer sur la valeur de leur monnaie en fonction de leurs intérêts économiques et commerciaux : c’est un coup d’arrêt à la coopération internationale sur le sujet.
Ces décisions politiques et les chocs pétroliers ont lieu dans le contexte d’une nouvelle accélération de la mondialisation, qui entraîne l’émergence de nouveaux concurrents pour l’Occident, en particulier en Asie.
L’Occident ne s’effondre pas comme en 1929, mais entre dans une phase de croissance molle (+ 2 % en moyenne, contre 4 à 5 % durant les Trente Glorieuses). C’est la fin du plein emploi : l’Occident redécouvre le chômage de masse à partir de la fin des années 1970.
Face à l’émergence des Dragons asiatiques, qui produisent à moindre coût, l’Occident entame sa désindustrialisation dans les secteurs industriels traditionnels (extraction minière, industrie textile, etc.). Au chômage s’ajoute une forte inflation due aux chocs pétroliers : on parle de stagflation.
Le grand basculement de l’économie mondiale des années 1970 s’accompagne d’un basculement dans la pensée économique. Les Keynésiens, sur le devant de la scène durant les Trente Glorieuses, sont de plus en plus critiqués : les politiques keynésiennes appliquées par les États en difficultés n’enrayent pas le chômage et ne permettent pas le retour d’une croissance rapide.
Leurs adversaires, les économistes néolibéraux, menés par l’économiste Milton Friedman, de l’université de Chicago, proposent une méthode opposée du keynésianisme. Ils prônent un désengagement total de l’État et une dérégulation financière. Selon eux, les marchés se corrigent tous seuls.
L’intervention de l’État est non seulement inutile, mais nocive pour l’économie. Dans les années 1980, la pensée néolibérale devient majoritaire en Occident, et le reste jusqu’au milieu des années 1990 au moins, en particulier dans les États-Unis de Ronald Reagan et dans le Royaume-Uni de Margaret Thatcher.
On dérégule, on privatise, on met en place des dispositifs de défiscalisation, on facilite les délocalisations.
Progressivement, dans les années 1970 et 1980, les pays industrialisés participent activement à la libéralisation des flux financiers en abandonnant le contrôle sur les flux de capitaux.
Cet abandon permet la création de fait d’un marché financier mondial dès les années 1980. Les États entrent alors en concurrence pour attirer ces flux financiers. Les IDE (Investissements Directs à l’Étranger) sont recherchés par les États qui, pour les attirer, prennent des mesures de privatisation des services publics et de réduction des impôts.
Mais si les flux de capitaux explosent, l’économie mondiale devient aussi beaucoup plus instable. Des crises éclatent à répétition, environ tous les dix ans :
- en 1987, le krach boursier à Wall Street ;
- en 1997, la crise de l’Asie du Sud-Est, partie d’une crise monétaire ;
- en 2007, le nouveau krach boursier de Wall Street dû à la crise des subprimes, suivi d’un nouveau choc pétrolier en 2008.
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