La conscience morale
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Comprendre la notion de conscience morale
- Pour Platon, la conscience morale équivaut à une juste connaissance du bien et du mal.
- Pour Rousseau, le sens moral est inné.
- La conscience morale est forgée par la société mais elle implique une responsabilité individuelle.
- La conscience morale est rationnelle et se réalise dans l'action.
Le bien et le mal sont des notions familières. Elles
orientent nos actions et nos jugements, faisant la part de ce
qui mérite d'être poursuivi et
réalisé et de ce qui mérite d'être
condamné et empêché. La morale,
considérée sous cet aspect, peut donc
être définie comme « science du bien
et du mal ».
On rapporte cette capacité de distinction du bien et
du mal à une faculté présente en
tous : la conscience morale. Elle ne se
détermine pas en fonction de ce qui est mais en
fonction de ce qui doit être et dès lors elle
implique dans l'existence de tout homme un certain nombre de
devoirs.
Mais quelle est l'origine de la conscience morale ? Est-elle cet « instinct divin », cette « voix céleste », ce « guide assuré » de l'individu « intelligent et libre » évoqué par Rousseau dans L'Émile (« Profession du vicaire savoyard », 1762) ?
Platon écrit que « nul n'est méchant volontairement » (Protagoras). Si nous faisons le mal, c'est par ignorance. Nous pensons que cela nous est profitable or nous nous trompons : le mal que nous commettons induit des conséquences néfastes pour son auteur. La conscience morale équivaut donc à une juste connaissance du bien et du mal.
Cependant, cette connaissance est malaisée dans la mesure où l'idée que nous nous faisons de ce qui est mal et de ce qui est bien dépend en grande partie d'appréciations subjectives, de jugements de valeur qui demeurent relatifs. Il est en effet plus simple, comme l'a fait Rousseau, de supposer l'existence d'un sens moral inné que le sentiment de pitié, selon lui, incarne. « Vertu naturelle », selon Rousseau, elle est antérieure à la raison et à toute réflexion :
(Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, 1755)
Il reste que l'on peut expliquer cette répugnance devant la souffrance de l'autre moins par un sens moral aigu que par la crainte égoïste de devoir l'endurer à son tour. Lorsque la menace ne se fait pas précise et pressante, on peut constater tous les jours que chacun s'accommode finalement sans trop de difficultés de cette souffrance des autres.
La conscience morale paraît dépendre d'une éducation qui la constitue. Le sociologue Durkheim a ainsi montré que les idées de bien et de mal sont liées aux valeurs morales que nous a transmises notre milieu social. La conscience morale serait donc impersonnelle. Elle n'a de réalité que parce qu'elle repose sur une conscience sociale enracinée dans des traditions, dans une histoire, et entretenue par des institutions et des acteurs sociaux tels que la famille ou les professeurs (L'Éducation morale, 1902-1903).
Cette dimension sociale de la conscience morale est une réalité. Mais elle ne suffit pas à la définir entièrement car elle néglige la part de responsabilité et de liberté qui incombe aux individus lorsqu'ils agissent. On ne saurait, sans nier la réalité de la conscience morale, la réduire aux règles que certaines normes sociales nous ont inculquées. Si c'était le cas, il n'y aurait plus de conscience, comprise comme instance de réflexion et de choix, mais seulement obéissance à un ordre social particulier.
La conscience morale ne s'éveille qu'à la faveur d'une inquiétude. C'est lorsque nous ne savons pas ce que nous devons faire que nous entrons dans le domaine de la morale. Certaines valeurs entrent en conflit, et se veulent chacune légitimes. Comment choisir ? On ne peut guère, lorsque certaines valeurs morales s'opposent, se référer à l'« instinct divin » qu'évoquait Rousseau. La conscience morale ne donne alors pas de réponse, mais ouvre un espace de liberté qui peut être celui du dialogue et de la discussion, et donc davantage celui de la communication et de l'échange rationnel d'arguments.
L'« inquiétude morale » s'est toujours exprimée, depuis l'Antiquité, en questionnements apparemment simples : Que pouvons-nous faire ? Quelles sont les limites de nos actions ? Pouvons-nous justifier nos actes ? Savons-nous exactement ce que nous faisons ? Pouvons-nous apprécier tout ce qui en découlera ? (Monique Canto-Sperber, L'Inquiétude morale et la vie humaine, 2001).
Kant définit l'acte moral comme un acte qui ne repose sur aucun mobile égoïste. La conscience morale est cette aptitude rationnelle à universaliser notre action, que Kant traduit sous la forme d'un impératif : « Agis toujours de telle sorte que tu puisses ériger la maxime de ton action en loi universelle. » (Critique de la raison pratique)
Une action est morale dans la mesure où le principe dont elle dépend pourrait valoir pour tous, ce pourquoi Kant condamne le mensonge. Cette condamnation ne supporte en outre aucune exception :
(Sur un prétendu droit de mentir par humanité, 1797)
Kant va jusqu'à réfuter, dans cet
opuscule, l'argument de Benjamin Constant, selon lequel
le devoir absolu de dire la vérité
« rendrait toute société
impossible » : « nul
homme », explique Constant, « n'a
droit à la vérité qui nuit
à autrui ». L'argument de Constant
paraît, à première vue, plus
réaliste : nous n'allons pas dire la
vérité à l'assassin qui nous
demanderait si notre ami qu'il poursuit ne s'est pas
réfugié dans notre maison.
Mais selon Kant, on ne peut vouloir que le mensonge,
que je m'autoriserais à titre exceptionnel,
devienne un principe universel. Kant explique, de
manière plus générale, que ce qui
doit être jugé d'un point de vue moral,
c'est la bonne volonté : c'est pourquoi
la morale kantienne est qualifiée de
« morale de l'intention ». L'acte
est moral si l'intention est bonne, c'est-à-dire
« désintéressée ».
On a reproché à Kant de précipiter la conscience morale dans l'abstraction de l'universel et de l'extraire des nécessités pratiques de l'action. On peut rappeler ici la célèbre formule de Charles Péguy (1873-1914) :
Hegel ne pense pas que la loi morale soit formelle et abstraite. Au contraire, notre conscience se réalise dans l'action. Toute décision morale est concrète : c'est seulement à partir d'une situation particulière que je peux savoir ce que je dois faire. Le devoir n'est qu'une universalité abstraite, un simple formalisme, un discours sur le devoir pour le devoir (Principes de la philosophie du droit, 1821). Donc, pour Hegel, l'impératif catégorique est vide.
La conscience morale échappe à une définition dogmatique qui en ferait un « juge infaillible du bien et du mal », selon la formule de Rousseau. Qu'elle soit fondée sur la raison autonome du sujet (Kant) ou sur l'action effective du sujet (Hegel), elle engage dans toute nouvelle décision et toute nouvelle action la responsabilité et la liberté de l'individu. Sartre, en refusant toute fuite de l'individu derrière une forme de nécessité (y compris rationnelle ou historique), a exprimé, à sa manière, l'impossibilité dans laquelle l'homme se trouve de renoncer à cette responsabilité, et donc à sa liberté :
(L'Être et le Néant, 1943)
La conscience morale est donc pour lui une conscience « engagée », et l'homme est toujours ce qu'il fait.
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