La Chine, nouvelle puissance mondiale
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Jusqu’au début des années 80, la Chine impressionne par son poids démographique et inquiète par sa puissance militaire. Aujourd’hui, c’est par sa puissance économique qu’elle inquiète.
Au lendemain de la mort de Mao Zedong, Le parti communiste chinois, tout en maintenant une emprise politique sur le pays a opté sur le plan économique pour le libéralisme et l’ouverture aux échanges mondiaux.
Cette politique de réformes, voulue et contrôlée par l’Etat, constitue un modèle de développement original.
Comment la Chine est-elle devenue en trente ans la
troisième puissance mondiale ? Quelle est sa place
dans la mondialisation et quels sont les aspects
négatifs de ce mode de développement ?
Depuis trois décennies, la Chine connaît une croissance économique de l’ordre de 9 à 10 % par an, ce qui est considérable. Elle produit une grande partie des produits de consommation courante bon marché : vêtements, chaussures, jouets… Mais elle produit aussi des tracteurs, des téléphones portables, des lecteurs MP3, des ordinateurs portables et des téléviseurs.
Des « villes ateliers », spécialisées pour la plupart, sont réparties sur tout le littoral. Ainsi Suzhou produit 65 % des souris d’ordinateurs commercialisées dans le monde. Dans le secteur recherche et développement la Chine se situe au troisième rang derrière les Etats-Unis et le Japon.
Les infrastructures nécessaires à cette croissance ont fait l’objet de programmes ambitieux dans le domaine des télécommunications (Internet et téléphonie mobile), des équipements de transports (ports, aéroports et réseau ferré) sans oublier les réalisations gigantesques comme le barrage des trois gorges.
Dans l’enseignement supérieur, près
de mille trois cents universités forment chaque
année un demi-million
d’ingénieurs.
Les accords qu’elle a signé pour la gestion des ressources en mer de Chine, sa participation au sommet de l’ASEAN en décembre 2005 en font une puissance locale incontournable.
Mais c’est aussi une puissance internationale : elle est l’un des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU et dispose à ce titre d’un droit de veto. Elle pèse également sur la scène internationale par son poids démographique, sa puissance militaire (elle dispose de l’arme nucléaire) et ses succès dans la conquête spatiale (le premier vol spatial habité date d’octobre 2OO3).
La participation des troupes chinoises aux
opérations de maintien de la paix sous
l’égide de l’ONU (Haïti, Timor
oriental, Liban, Soudan, Libéria et
République démocratique du Congo) assoit
son rôle international. L’organisation des
jeux olympiques en 2008 conforte son poids grandissant
de troisième puissance mondiale (depuis
2007).
De 1949 à la fin des années 70, le maoïsme, régime marxiste-léniniste dogmatique, a mené plusieurs fois la Chine au bord du désastre, notamment entre 1958 et 1961, période du « Grand bond en avant » qui est accompagnée d’une terrible famine.
A la fin des années 70, Deng Xiaoping engage son pays dans une politique d’ouverture au monde, de modernisation de l’économie et encourage l’initiative individuelle. A la fin des années 80, les entreprises privées, chinoises ou étrangères, sont invitées à jouer un rôle essentiel dans le développement économique. Et dans ce nouveau contexte, ce sont les classes moyennes et non prolétariennes qui constituent la priorité du régime.
Jiang Zemin puis Hu Jintao renforcent cette orientation nouvelle. Ainsi, c’est le parti communiste chinois, seul autorisé, qui a engagé le pays dans la voie du libéralisme économique.
La bande côtière de la mer de Chine, de Shenyang à Guangzhou est la façade maritime la plus active du monde. Shanghai est devenu en 2005 le premier port du monde et six autres ports chinois figurent dans les dix premiers du monde pour un total de 1650 millions de tonnes en 2006. Ces ports disposent d’équipements ultramodernes notamment pour la gestion des conteneurs et les aménagements industrialo-portuaires sont particulièrement importants.
Cette façade concentre 6o % de la production
industrielle, reçoit 85 % des investissements
étrangers et assure 90 % des échanges
extérieurs. Trois aires
métropolitaines particulièrement
importantes émergent de cet ensemble :
Beijing-Tianjin, Shanghaï-Hangzhou et
Guangzhou-Hong kong. Shanghai apparaît de plus en
plus comme une ville-monde avec le quartier nouveau de
Pudong, véritable centre
décisionnel ou le port en eau profonde en
construction sur les îles Yangshan reliées
à la côte (à Guoyan) par un pont
maritime de trente-deux kilomètres.
La Chine est devenue en trente ans l’atelier
du monde, ce phénomène
s’explique par plusieurs facteurs :
- la présence d’une
main-d’œuvre nombreuse, qualifiée,
travailleuse et peu coûteuse ;
- l’existence de ZES (Zones Economiques
Spéciales) répandues surtout au sud du
littoral mais qui s’étendent
aujourd’hui vers l’intérieur, ces
zones offrent une fiscalité
particulièrement attractive dont ont
cherché à profiter de nombreuses
entreprises étrangères ;
- la présence d’un marché
énorme intérieur : avec 1,3 milliard
d’individus, il est le plus important de la
planète.
La mainmise du parti communiste sur le fonctionnement de l’Etat et sur les orientations économiques garantit une grande stabilité dans les objectifs de développement et une totale paix sociale. Enfin la présence de la grande place bancaire et boursière que constitue Hong Kong place les entreprises implantées en Chine au cœur de la mondialisation financière.
En 2001, la Chine est devenue membre de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce). Cette adhésion a multiplié presque par trois ses échanges avec le reste du monde. Ses principaux partenaires commerciaux sont les autres Etats d’Asie, les Etats-Unis et l’Union Européenne. Le volume total des exportations s’établit à 683 milliards de dollars et les importations à 597 milliards de dollars (chiffres 2005). La balance commerciale est donc excédentaire de 86 milliards de dollars.
Aux exportations on trouve toute la gamme des produits manufacturés, notamment de haute technologie mais aussi un volume important de contrefaçons. Aux importations des matières premières, des produits énergétiques, en particulier du pétrole et des produits alimentaires.
La Chine est aussi un récepteur
privilégié d’IDE mais
inversement les investissements chinois à
l’étranger ont été
multipliés par 10 entre 1990 et 2003. Les pays
en voie de développement, en particulier
d’Afrique sont la cible privilégiée
des capitaux chinois.
C’est le cœur économique de la Chine. Le salaire horaire y est de 30 à 50 % supérieur aux autres régions et la croissance du PIB deux fois plus importante. Cette Chine maritime abrite près d’un tiers de la population chinoise, c’est là que se développe une bourgeoisie entreprenariale et une classe moyenne aisée avide de consommation et en quête d’occidentalisation : entreprises de restauration rapide et night clubs séduisent de plus en plus une jeunesse en rupture avec la culture traditionnelle.
Avide de voyages à l’étranger (20
millions de touristes sortants en 2004), ces classes
moyennes représentent entre 130 et 200 millions
d’individus.
Shaanxi, Sichuan, Hunan et Yunnan représentent la Chine de l’intérieur, peuplée, largement agricole mais avec des pôles industriels en rapide développement (Chengdu et Chongqing) car la main-d’œuvre y est encore moins coûteuse que sur la façade maritime.
Wuhan, ancien gros centre sidérurgique a été choisi par le groupe français PSA pour y installer son usine, accompagné de ses équipementiers. C’est de cette Chine de l’intérieur que proviennent les migrants qui s’emploient sur les chantiers des grandes métropoles dans des conditions de travail, de salaires et de logement bien éloignées de l’idéal socialiste, soumis à la précarité et exploités.
La fracture sociale se creuse de jour en jour
entre ceux qui profitent du miracle économique
et les laissés-pour-compte. L’indice de
Gini, qui mesure les écarts de revenus,
s’établit à 0,47 ce qui fait de la
Chine un pays particulièrement
inégalitaire.
Elle cumule tous les handicaps et reste à l’écart du processus de développement. Le PIB par habitant y est quatre à cinq fois inférieur à celui de la façade littorale. Peu peuplée, la région autonome du Xingjiang constitue un réservoir d’espace et de matières premières, du pétrole principalement.
Mais peuplée à 50 % de peuples musulmans, Ouïgours, Kazakhs, Ouzbeks et animée de mouvements séparatistes elle fait l’objet de la part du pouvoir central d’une attention particulière.
Cette région accueille les camps de travaux forcés et depuis 1961, elle est le théâtre (LopNor), des quarante-six essais atomiques recensés. La pollution nucléaire y est massive, c’est un véritable désastre écologique.
Le Tibet est également une région
autonome mais le gouvernement régional, auquel
s’oppose le gouvernement tibétain
exilé en Inde depuis 1959, est totalement
inféodé à Beijing. Le gouvernement
central considère cette région comme
nécessaire à sa sécurité et
met en avant les avantages dont bénéficie
ce territoire : santé et éducation
gratuites, désenclavement (depuis 2007, liaison
ferroviaire en wagon pressurisés de Golmud,
seconde ville du Qinghai, à Lhassa).
En 2007, la Chine devient la troisième puissance mondiale. Elle assoit sa puissance économique sur une main-d’œuvre peu coûteuse et une production de masse de produits industriels et manufacturés en tous genres, acier, textiles, électroménager, produits de haute technologie, machines outils et véhicules. La plus grande partie de cette production est exportée et la balance commerciale est largement excédentaire.
Ses principaux partenaires commerciaux sont les autres pays
d’Asie, les Etats-Unis et l’Union
européenne. Ce développement
économique associe dirigisme étatique et
libéralisme. Pour autant, la Chine n’est
pas une démocratie et les droits de l’homme
n’y sont pas respectés.
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