L'oeuvre d'Abbas Kiarostami
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
Le premier film de Kiarostami est Le Pain et la rue, réalisé en 1970. Il s’agit d’une œuvre fondatrice qui présente quelques-unes des propriétés élémentaires de l’œuvre du cinéaste iranien :
- L’histoire est d’une grande
simplicité (un enfant qui porte un gros pain est
menacé par un chien qui l’empêche de traverser
une ruelle),
- La réalisation est particulièrement bien
maîtrisée, elle donne à
l’histoire une grande intensité
(l’immobilité et les hésitations de
l’enfant sont appuyées par un profond silence, sa
détermination est stimulée au contraire par une
musique
enjouée ; un
plan
unique nous rend compte du parcours de
l’enfant jusqu’à l’obstacle, puis des
champs-contrechamps
soulignent à ce moment-là l’opposition entre
l’enfant et l’animal, c’est-à-dire la
situation de crise).
- Enfin, la dimension allégorique du film
est évidente : le parcours de
l’enfant est initiatique, c’est en
cédant un morceau de pain au chien qu’il
réussit à passer, c’est donc en acceptant un
compromis qu’il réussit à
contourner l’obstacle (son expérience a
été pour lui l’occasion d’un
véritable apprentissage).
L’orientation
pédagogique du film est très
nette (le film a été
réalisé dans le cadre du Kanun),
mais elle n’est en aucun cas une limite à la
créativité de l’auteur.
On retrouve dans les films suivants de Kiarostami la plupart de ces éléments fondateurs de son cinéma :
- Dans La
Récréation
(1972), un enfant ne peut pas rentrer chez lui
car une partie de football lui bloque le passage : il fait
alors une tête, ce qui lui vaut d’être
poursuivi par les joueurs pour avoir participé à
leur match sans y être invité. Quoi qu’il en
soit, c’est une fois encore en donnant une part de
lui-même, en s’impliquant personnellement,
qu’il réussit à passer
l’obstacle.
- Dans L’Expérience
(1972), l’obstacle est mieux ancré
socialement : un garçon qui travaille et vit
humblement chez un photographe tombe amoureux d’une fille
de famille bourgeoise…
- Dans Le
Passager
(1974), Kiarostami inaugure un autre aspect de
son œuvre, celui qui concerne
l’invention et le
mensonge, sans toutefois les dénoncer
l’un et l’autre. Il célèbre
plutôt l’imagination poétique
du jeune protagoniste qui fait partager son expérience aux
autres, bien qu’elle soit inventée. Le film relate
en effet les aventures d’un enfant parti à
Téhéran pour assister à un match de football
et le récit qu’il en fait à ses camarades
alors qu’il s’était endormi et avait
raté la totalité du spectacle.
Les œuvres qui suivent sont plus nettement pédagogiques, plus pragmatiques :
- Dans Deux
solutions pour un
problème
(1975), Kiarostami filme un
enchaînement d’actes violents entre
deux enfants parce que l’un d’entre eux a
déchiré le cahier de l’autre. Il montre ainsi
que l’équilibre perdu à
cause de cette première injustice (et pris en charge par
la mise en scène) ne pourra jamais être
retrouvé par l’accumulation des agressions
(qui conduisent au contraire à tous les excès).
- Dans Les
Couleurs
(1976), il donne à de jeunes enfants les
moyens d’apprendre le nom des couleurs en
les associant à des objets qu’elles
caractérisent.
- Dans Rage de
dents (1980),
il donne des informations élémentaires sur
l’hygiène dentaire.
- Dans Avec ou sans
ordre (1981),
il montre les mêmes événements (sortir de
classe, monter dans un bus, etc.) réalisés une fois
avec ordre, une autre avec
désordre et met ainsi en évidence
les avantages de la première solution.
Suivront encore quelques films plus allégoriques ou plus documentaires avant le premier grand succès du cinéaste, notamment Le Chœur en 1982 sur un vieil homme qui coupe son appareil auditif pour se protéger des agressions sonores du monde extérieur et Les Premiers en 1985 dans lequel Kiarostami avait pour mission de présenter aux écoles iraniennes des moyens de faire respecter l’ordre et la justice.
Les premiers films du Kanun ont offert une base solide à l’œuvre de Kiarostami. Ils lui ont permis en effet de travailler ses thèmes de prédilection (l’enfance, la quête initiatique, le récit comme expérience du partage, etc.), mais aussi de trouver son style, remarquable par sa simplicité apparente, par sa concision et son efficacité (des moyens cinématographiques élémentaires mais parfaitement maîtrisés produisent des effets incomparables). Les films de la fin des années 80 jusqu’aux plus récents s’imposent comme la confirmation de ces démarches fondatrices dans des œuvres encore plus abouties (et moins explicitement pédagogiques).
Où est la maison de mon ami ? (1987) raconte le parcours d’un enfant, Ahmad, qui passe toute la soirée à la recherche d’un camarade, Nematzade, qui habite un village voisin pour lui rendre un cahier pris par mégarde et sans lequel l’autre ne pourra faire ses devoirs correctement et risquera d’être renvoyé de sa classe. Après de nombreuses difficultés (sa mère lui interdit de sortir sans avoir fait ses devoirs, son grand-père l’envoie chercher des cigarettes dont il n’a pas besoin, etc.), il arrive devant la maison de Nematzade mais rebrousse chemin et rentre chez lui. Il rendra le cahier le lendemain matin, avec les devoirs faits, juste avant la vérification du maître. Le thème de la quête initiatique, du don de soi, du partage sont essentiels dans ce film qui transpose la structure du film Le Pain et la rue (un objectif, insignifiant pour certains mais essentiel pour le personnage, atteint en contournant quelques difficultés) dans un long-métrage particulièrement attachant.
Dans Close-up (1990), Kiarostami insiste sur un autre aspect essentiel de son cinéma, sa faculté de dépasser et transcender les limites du documentaire et de la fiction. Le film est inspiré d’un fait divers réel survenu quelques temps avant le tournage : le procès d’un homme (Sabzian) qui s’est fait passer pour le cinéaste Mohsen Makhmalbaf pour profiter de certains avantages au sein d’une famille qui l’a reçu (les Ahankhak). Kiarostami a filmé le vrai procès de cet homme (après en avoir demandé l’autorisation) et a reconstitué, avec sa contribution et celle de la famille, les scènes déterminantes qui témoignent à posteriori de la supercherie (la rencontre dans un bus, la réception dans la maison, l’interpellation par la police accompagnée d’un journaliste, etc.). Kiarostami montre que l’entreprise n’était pas préméditée et qu’elle a été encouragée par le désir de Sabzian de devenir quelqu’un d’autre (davantage par jeu que par volonté d’escroquerie).
Dans Et la vie continue (1992), Kiarostami interroge encore la distinction entre le vrai et le faux, le réel et la fiction, mais d’une façon très différente. Il montre un homme et son fils partis en voiture pour voir si les enfants qui jouaient dans Où est la maison de mon ami ? ont survécu au tremblement de terre qui a frappé l’Iran un an plus tôt. Les acteurs du premier film deviennent donc les personnages (même secondaires) de celui-ci, au sein même du réel (ce sont les vrais villages en ruine qui sont parcourus et leurs vrais habitants qui sont interrogés par les personnages). La frontière entre réel et fiction est particulièrement floue…
Elle ne sera pas plus claire dans le film suivant, Au travers des oliviers, réalisé en 1994, qui commence par les hésitations d’un cinéaste qui cherche un couple pour rejouer une scène de Et la vie continue. Le jeune homme choisi se révèle incompétent, il est remplacé par un assistant qui profite de l’occasion pour déclarer sa flamme à le jeune fille qui joue sa femme et dont il est vraiment amoureux depuis longtemps.
Le Goût de la cerise (1997) sort de cette série de jeux de miroir entre plusieurs films. Il raconte l’histoire d’un homme qui veut mettre fin à ses jours et qui cherche un complice pour mettre un peu de terre sur son corps quand il sera mort. Le film est récompensé par une palme d’or au festival de Cannes.
Le cinéaste tourne ensuite, en 2000, juste après Le Vent nous emportera, un film-documentaire sur les ravages du sida en Ouganda (ABC Africa). Cette œuvre marque un tournant dans son parcours artistique, confirmé peu après par Ten, réalisé en 2002.
Ce dernier film témoigne d’abord de l’intérêt du cinéaste pour la nouvelle technologie (il utilise des caméras numériques), mais aussi de sa volonté de faire disparaître la mise en scène derrière le dispositif (ce qui donne presque au film le caractère d’une installation artistique) : les deux caméras sont fixés de façon à cadrer la conductrice et les passagers qui se succèdent à côté d’elle. L’équipe technique disparaît donc une fois que tout est prêt : les décisions se font avant et après le tournage (au montage par exemple), mais pendant que les caméras tournent, les acteurs sont en principe abandonnés à eux-mêmes (ils ne peuvent être intimidés, ni leur jeu affecté par les professionnels).
Kiarostami a réalisé en 2004 un film sur Ten intitulé 10 on Ten. Il donne à cette occasion une espèce de leçon de cinéma en dix chapitres (sur la question de l’acteur, de la caméra, etc.), n’hésitant pas à faire du film-objet (Ten) un véritable espace de jeu (des champs-contrechamps nous font croire que la conductrice du film précédent et Kiarostami, ici, figurent dans la même voiture au même moment). Il a présenté ce film au festival de Cannes, ainsi que Five, expérience cinématographique composée de cinq longs plans, cinq courts-métrages qui seraient presque des tableaux sonores saisis dans une durée propre qui nous les rend particulièrement sensibles.
On pourrait distinguer deux périodes au
sein de l’œuvre cinématographique
d’Abbas Kiarostami : une première
époque marquée essentiellement (mais pas
exclusivement) par une série de
courts-métrages pédagogiques de commande
très intéressants, une seconde composée de
longs-métrages qui comptent parmi les
plus inventifs de la fin du XXe siècle.
Si cette distinction est très pratique d’un point
de vue historique, elle ne rend pas tout à fait compte
du mouvement général, logique, que
décrivent tous les films du cinéaste iranien. En
effet, les préoccupations artistiques de Kiarostami
essentielles aujourd’hui (la question de la quête
initiatique, du réel, la transgression des limites du
documentaire et de la fiction, etc.) étaient
déjà au centre des premiers travaux
réalisés au sein du Kanun. Et même les
œuvres actuelles qui reposent sur l’utilisation des
nouvelles technologies du cinéma poursuivent la
même recherche. La plupart des films de Kiarostami posent
donc les mêmes questions, mais de façons
très différentes (selon les technologies
ou les formats concernés).
Des quiz et exercices pour mieux assimiler sa leçon
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des quiz et exercices en accompagnement de chaque fiche de cours. Les exercices permettent de vérifier si la leçon est bien comprise ou s’il reste encore des notions à revoir.
Des exercices variés pour ne pas s’ennuyer
Les exercices se déclinent sous toutes leurs formes sur myMaxicours ! Selon la matière et la classe étudiées, retrouvez des dictées, des mots à relier ou encore des phrases à compléter, mais aussi des textes à trous et bien d’autres formats !
Dans les classes de primaire, l’accent est mis sur des exercices illustrés très ludiques pour motiver les plus jeunes.
Des quiz pour une évaluation en direct
Les quiz et exercices permettent d’avoir un retour immédiat sur la bonne compréhension du cours. Une fois toutes les réponses communiquées, le résultat s’affiche à l’écran et permet à l’élève de se situer immédiatement.
myMaxicours offre des solutions efficaces de révision grâce aux fiches de cours et aux exercices associés. L’élève se rassure pour le prochain examen en testant ses connaissances au préalable.
Des vidéos et des podcasts pour apprendre différemment
Certains élèves ont une mémoire visuelle quand d’autres ont plutôt une mémoire auditive. myMaxicours s’adapte à tous les enfants et adolescents pour leur proposer un apprentissage serein et efficace.
Découvrez de nombreuses vidéos et podcasts en complément des fiches de cours et des exercices pour une année scolaire au top !
Des podcasts pour les révisions
La plateforme de soutien scolaire en ligne myMaxicours propose des podcasts de révision pour toutes les classes à examen : troisième, première et terminale.
Les ados peuvent écouter les différents cours afin de mieux les mémoriser en préparation de leurs examens. Des fiches de cours de différentes matières sont disponibles en podcasts ainsi qu’une préparation au grand oral avec de nombreux conseils pratiques.
Des vidéos de cours pour comprendre en image
Des vidéos de cours illustrent les notions principales à retenir et complètent les fiches de cours. De quoi réviser sa prochaine évaluation ou son prochain examen en toute confiance !