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L'évolution du marché des capitaux depuis les années 1990

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Acquis de première : asymétrie d'information, risque de crédit, bilan

Notions à retenir pour cette fiche : Actifs financiers, devises, intermédiation financière
Les transformations inhérentes au fonctionnement des marchés financiers constituent sans nul doute une véritable révolution économique depuis la fin des années 1970. Elles ont concerné en premier lieu les pays occidentaux et touchent aujourd’hui quasiment l’ensemble des pays du monde. Ces transformations ont engendré une formidable accumulation de richesses et de circulation des capitaux. Le processus de libéralisation et de globalisation financière ainsi que les innovations financières demeure un trait majeur de l’histoire économique de ces 30 dernières années.
1. Les transformations institutionnelles des marchés financiers
a. Désintermédiation, déréglementation et décloisonnement
Dès le début des années 1970, les pouvoirs publics aux États-Unis et en Grande-Bretagne, sous l’impulsion de dirigeants convaincus de l’importance du libre marché, mettent en œuvre une profonde réforme des marchés financiers. Le système de contrôle des capitaux et de l’étalon dollar-or instauré par Bretton Woods s’est écroulé, et le dollar n’est plus convertible en or depuis 1971. Ce processus de libéralisation des marchés financiers conduit à transformer le mode de régulation du financement de l’économie.

L’analyse économique met en évidence le passage d’une économie d’endettement à une économie de marchés financiers. Par ailleurs, c’est le rôle des banques centrales qui s’est transformé. Dans une logique monétariste, elles se doivent de lutter principalement contre le processus d’inflation car toute politique monétaire expansive est jugée comme contre-productive (chômage et inflation). Elles n’assurent plus un financement direct des banques de second rang mais passe par le marché monétaire en alimentant ou en achetant des liquidités monétaires (politique d’open market) contre des créances. Les banques de second rang pour se refinancer vont avoir davantage recours au marché monétaire et au marché interbancaire.

L’économiste français Henri Bourguinat propose d’analyser cette transformation selon la théorie des trois D : désintermédiation, déréglementation, décloisonnement. En France, c’est la loi bancaire de 1984 qui met en œuvre ces transformations.

- La désintermédiation conduit les banques à ne plus être la source principale de financement des différents agents économiques (ménages, entreprises, États), les acteurs se passent de leur intermédiaire pour s'adresser directement aux épargnants en quête de placements. Les marchés financiers vont se charger de mettre en relation directe les prêteurs et emprunteurs de capitaux sans passer par le système bancaire.
Ce processus de désintermédiation transforme le rôle des banques, elles jouent de moins en moins le rôle d’intermédiaire entre les épargnants et les entreprises pour financer leurs besoins d’investissement, mais leur proposent des services et produits financiers innovants.

- La déréglementation financière consiste à éliminer toute forme de règles qui limitent le bon fonctionnement des marchés financiers. Les pays occidentaux, afin d’attirer l’épargne nécessaire au financement de leur déficit budgétaire croissant à partir de la fin des années 1970, abolissent les règles contraignantes qui découlaient du système de Bretton Woods. Les taux d’intérêt sont ainsi libéralisés et fixés par le marché, et non plus déterminés par les pouvoirs publics à travers l’encadrement des crédits par exemple. Sont ainsi supprimés les règlements et contrôles sur les prix des services financiers, sur les opérations de changes et le contrôle des flux financiers.

- Le processus de décloisonnement concerne plusieurs aspects des marchés financiers. Il a premièrement pour objectif de supprimer la séparation entre banques d’affaires et de dépôt, ce qui permet aux banques de collecter l’épargne et d’octroyer en même temps des prêts. Mais le décloisonnement concerne aussi la possibilité de fusionner les activités bancaires et les activités d’assurance. Le décloisonnement ne concerne pas seulement les banques mais aussi les marchés financiers. Les pouvoirs publics décident d’instaurer un marché unifié des capitaux de court à très long terme, accessible à tous les agents économiques, réunissant l’ensemble des instruments et outils financiers afin d’assurer un financement optimal de l’économie.
b. Les innovations financières
Avec la libéralisation des marchés financiers, se développent une véritable ingénierie financière qui offre aux acteurs des marchés financiers les outils et instruments nécessaires pour optimiser soit leurs placements (épargne), soit les emprunts (crédits) et dans l’objectif d’optimiser les risques. Avec la libéralisation et la globalisation financière, il est possible d’observer une diversité croissante des instruments financiers. Les banques proposent de nouveaux instruments financiers à court terme (certificats de dépôts, billets de trésorerie, bons du trésor négociables). Les nouveaux instruments financiers concernent aussi le marché des actions (certificats d'investissement, titres participatifs, etc.) et les obligations (obligations convertibles, à taux variables, à taux révisables).

Les innovations financières concernent aussi les produits proposés aux épargnants. Les contrats d’assurance-vie, les fonds commun de placements, les différents plans d’épargne (plan d’épargne en actions…), constituent autant d’instruments possibles proposés par les banques, compagnies d’assurance et institutions financières aux épargnants.
Se développent aussi une multitude d’instruments de couverture face aux risques (produits dérivés) de fluctuations des taux d’intérêts et de la valeur des actifs. En France est ainsi créé au milieu des années 1980 le Marché à terme des instruments financiers (MATIF qui deviendra plus tard le marché à terme international de France) ainsi que le marché d'options négociables sur actions de Paris (MONEP). Les contrats à terme permettent de se protéger face au risque de défaut d’un emprunteur, au risque d’évolution des taux d’intérêts, de moins-value ou plus-value et au risque de change. Ainsi une entreprise, qui doit acheter à un fournisseur des biens intermédiaires dans l’avenir et devra donc se procurer des devises pour régler son achat, peut décider d’acheter un contrat à terme sur une certaine quantité de devises étrangères afin de se protéger face au risque de change. Il en est de même des instruments financiers qui permettent de se protéger par rapport à un risque de défaut d’un emprunteur (entreprises, État, ménages) ; c’est le cas des « credit default swaps » (CDS) qui sont des contrats de protection financière permettant de couvrir la défaillance de l’emprunteur.

Dans ce cadre, les banques, pour répondre à leur besoin de liquidité et à leur certaine aversion pour le risque, ont entrepris de titriser les créances qu’elles possèdent. La titrisation consiste à pouvoir revendre à d’autres institutions financières leurs créances (prêts accordés à leurs clients) qui sont regroupées dans un nouveau produit financier. Les banques émettent des produits structurés regroupant ces créances titrisées, c’est-à-dire des titres dont la valeur et le rendement sont indexés sur les prêts qu’elles ont accordés et qui dépendent du risque de défaillance des emprunteurs. Les banques se procurent ainsi des liquidités qui leur permettent de se refinancer, et transmettent aux acheteurs la prise de risque. Les subprimes aux États-Unis, responsables d’avoir participé au déclenchement de la crise de 2008, en sont un excellent exemple.
2. Les nouveaux acteurs des marchés financiers et la construction de la finance globalisée
a. Les nouveaux acteurs des marchés financiers
Avec le développement des marchés financiers, de nombreux nouveaux acteurs sont apparus sur la scène financière. Traders, places offshore, « gourous » de la finance et fonds spéculatifs ont marqué l'actualité financière de ces 30 dernières années. La forte croissance de la capitalisation boursière au détriment de la finance intermédiée n'a pas seulement attiré de nouveaux acteurs, mais a aussi transformé le rôle des acteurs traditionnels de la finance, les banques particulièrement, et a favorisé l'importance déterminante des investisseurs institutionnels (compagnies d'assurance, fonds de pension). Les investisseurs institutionnels ont ainsi pris le contrôle d'un grand nombre de sociétés anonymes et leurs exigences de rentabilité financière sont devenues la priorité des dirigeants de ces entreprises. Les acteurs de la finance ont pris une place prépondérante dans l'économie, et le pouvoir qu'ils détiennent sur le fonctionnement de l'économie réelle suscitent de nombreuses appréhensions.
b. La construction de la finance globalisée
Le développement de la finance globalisée, à partir de la fin des années 1970, serait le deuxième épisode d’internationalisation des capitaux après celui de la fin du 19e siècle. Le développement de la finance globalisée actuelle doit sans doute sa naissance à la création en 1957 du marché des eurodollars qui cherchait à se soustraire au contrôle des capitaux instauré par le système de Bretton Woods afin d’empêcher l’évasion fiscale et la spéculation. Les transactions sur ce marché utilisent des dollars américains détenus et utilisés hors des États-Unis. Ce marché devient un espace libéré de toute contrainte publique et constitue le tout premier marché offshore.
À partir des années 1970 s’ajoute au marché des eurodollars celui des pétrodollars avec la hausse importante des cours du pétrole qui procure aux pays producteurs une épargne importante qu’ils placent sur les marchés financiers et prêtent aux pays endettés. Dans ce contexte, avec un taux d’inflation élevé et la faiblesse des taux d’intérêts nominaux, les emprunteurs profitent de l’abondance de capitaux et de taux d’intérêt réels parfois négatifs. Les pays en développement confrontés à des déficits empruntent massivement des pétrodollars.

Face à cette internationalisation des capitaux, les acteurs de cette finance adoptent des comportements et des stratégies mondialisés. Les banques développent leurs activités internationales et des processus de rachats et de concentrations construisent des groupes financiers mondiaux. Se développent des places financières offshore dont le principal avantage réside dans la possibilité d’échapper à la fiscalité sur les opérations économiques et financières. Les marchés financiers décloisonnés sont de plus en plus liés les uns aux autres. Il devient possible de faire circuler 24 heures sur 24 les capitaux sur les différentes places financières de la planète. Les interdépendances deviennent de plus en plus fortes entre les marchés financiers, les marchés des matières premières et l’économie réelle. L'utilisation des technologies de l'information et de la communication (informatique, Internet) ont largement participé à cette globalisation financière en interconnectant les marchés financiers, et en assurant un flux d'informations continu 24 heures sur 24 à l'échelle de la planète.
L'essentiel
Considérées comme une véritable révolution économique, la libéralisation, la globalisation financière et les innovations financières ont bouleversé le fonctionnement de l'économie depuis la fin des années 1970. Nées de la volonté de libéraliser le fonctionnement des marchés financiers, l'économie a changé de mode régulation de son financement. Cette révolution repose sur le passage d'une économie intermédiée à une économie de marchés financiers. Dans ce cadre, le rôle des banques centrales s'est transformé. Il a été par ailleurs nécessaire de désintermédier le financement de l'économie, déréglementer les activités financières, et décloisonner les marchés et les institutions financières. Ces transformations ont engendré une véritable explosion des activités financières liées au développement des innovations financières. La multiplication des instruments financiers en est la manifestation la plus probante. Dans ce cadre, de nouveaux acteurs ont occupé la scène financière et le rôle des acteurs traditionnels de la finance s'est transformé.

La globalisation financière née de la construction du marché des eurodollars et des pétrodollars s'est accentuée par l'adoption par les acteurs de la finance des stratégies et comportements mondialisés. La montée des interdépendances s'est par ailleurs accentuée avec le recours massif aux technologies de l'information et de la communication appliquées au monde de la finance.
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