L'État providence
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Connaître les concepts de welfare state et workfare state.
- Le welfare state (État providence) est un concept polysémique. Il recoupe des degrés de solidarité et de redistribution différents.
- Les systèmes de redistribution horizontale ou verticale sont des conceptions complémentaires mais assez éloignées.
- Le système horizontale consiste à cotiser pour les principales caisses d'assurance, à savoir le chômage, la maladie et la retraite.
- Le système verticale consiste à prendre aux riches pour donner aux pauvres (impôts et taxes).
- Le workfare state est un concept selon lequel les bénéficiaires d’aides sociales seraient astreints à un travail d’intérêt général pour « compenser » l’aide touchée par la collectivité.
Depuis le XIXe siècle, l’État intervient plus fortement dans le domaine économique mais aussi social. Cette intervention peut prendre des formes différentes et peut être sujette à controverse aujourd’hui.
Dans l’Allemagne du XIXe siècle, le chancelier Bismarck met en place un système de protection sociale collectif. Les salariés peuvent cotiser pour s’assurer contre des risques sociaux (la maladie notamment à l’époque).
Ce système s’est
généralisé après la Seconde
guerre mondiale dans les pays occidentaux. Le financement
est basé sur des cotisations
sociales qui sont prélevées sur les
salaires (bruts). Les principales caisses
d’assurances sociales sont la maladie, le
chômage et la retraite (depuis les
années 60). Cette redistribution est dite
horizontale car même si les cotisations et
les revenus redistribués dépendent en
partie du niveau de salaire, toute la population y a
droit. Les remboursements maladie ne dépendent pas
des cotisations versées.
C’est en Grande Bretagne, à la fin de la
seconde guerre mondiale, que naît le concept de
Welfare state (État providence).
Cette conception est plutôt basée sur
l’assistance aux populations les plus
démunies, il y a donc une redistribution
verticale (des plus riches vers les plus pauvres).
Les revenus ainsi redistribués sont
financés par les impôts et les
taxes. En France, le RSA (Revenu de
Solidarité Active), les bourses
d’études ou encore le minimum vieillesse
sont des revenus d’assistance.
Ces deux types de redistribution (horizontale et verticale) coexistent dans la majeure partie des pays développés mais sous des degrés divers ce qui donne la typologie suivante :
Modèle résiduel ou minimal | Modèle assurantiel ou corporatiste | Modèle universaliste |
Ce type d’État providence est
basé sur des principes
libéraux. La protection sociale doit
y être minimale pour ne pas
désinciter les personnes à trouver du
travail… Les systèmes de protection existant assurés par l’État sont donc minimes, tout le reste étant laissé au secteur privé où les individus ont le choix de cotiser un non. |
Dans ce système, l’individu dispose
d’une protection collective s’il
cotise (et donc a un emploi
rémunéré). Ce système est complété par des assurances privées ou mutualistes. Les revenus d’assistance existent mais ne forment qu’une partie marginale du système (20% en France). |
Un haut niveau de protection sociale est
assuré dans ce modèle essentiellement
basé sur l’assistance. C’est le principe du « à chacun selon ses besoins » (et non pas ses moyens). Cela nécessite cependant un haut niveau de prélèvements obligatoires (impôts et cotisations sociales). |
Système individualiste | Système collectif mais aussi en partie individuel | Système essentiellement collectif |
États-Unis, Grande Bretagne… | France, Allemagne, Italie… | Pays nordiques (Suède, Norvège…). |
Les États-Unis, malgré la
réforme de leur système de santé,
restent un pays très libéral du
point de vue de la protection sociale. Le système
de santé financé par l’État
est très marginal (pour les plus pauvres et les
personnes âgées), l’essentiel
étant géré par des assurances
privées extrêmement coûteuses
et contraignantes. Pratiquement un salarié
américain sur quatre n’a donc pas de
protection contre la maladie ou une protection
très insuffisante.
À l'opposé, les pays scandinaves sont les « champions » de la protection sociale, la plupart des revenus de transfert étant versés sans contrepartie de cotisation, de durée de présence sur le territoire ou de nationalité. La contrepartie réside dans un coût très élevé (plus de 50% du PIB) et donc des prélèvements obligatoires importants. Les pays scandinaves, pourtant moins riches que les États-Unis, sont des pays plus développés (meilleur niveau de santé et d’éducation) et avec moins d’inégalités.
La protection sociale connait une crise de
légitimité sous l’influence
des idées libérales. Un haut niveau
de protection sociale coûte cher et doit être
efficace aujourd’hui pour être bien
accepté. Pour les libéraux les revenus de
transferts n'incitent pas les individus à faire
des efforts (chercher un travail, accepter un emploi
même mal rémunéré…),
ils doivent donc être réduits au minimum ou
ne pas être sans contrepartie.
Depuis quelques années, s’est donc
répandu le concept d’un workfare
state où les bénéficiaires
d’aides sociales seraient astreints à un
travail d’intérêt
général pour « compenser »
l’aide touchée par la collectivité.
Cela a été mis en place dans certains états américains (avec plus ou moins de réussite) notamment pour les chômeurs. Cette idée fait l’objet de vifs débats en France depuis mai 2011 lorsqu’un membre du gouvernement a proposé que le versement du RSA soit soumis à une obligation de fournir 5 à 10 heures de travail « collectif ».
Cette conception du workfare state remettrait en cause, selon certains, l’idée de solidarité et de lien social inhérente à l’État providence.
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