L'autobiographie au XVIIIe siècle

Il ne faut pas confondre l’autobiographie avec :

• les mémoires. Ces derniers évoquent davantage l'histoire d'une époque que celle d'un individu ;
• le journal intime. Il est écrit au jour le jour, tandis que l'autobiographie adopte un point de vue rétrospectif ;
• le roman autobiographique, dans lequel l'auteur et le personnage-narrateur sont deux entités distinctes. Dans l’autobiographie, l'auteur, le narrateur et le personnage principal ne sont qu’une seule et même personne.

Tout ceci a pour conséquence la notion de pacte autobiographique : en effet, l'auteur passe un pacte avec son lecteur en lui déclarant explicitement son identité et en s'engageant à dire la vérité sur lui-même. C'est ce que fait par exemple Rousseau dans le préambule des Confessions (éditions posthumes en 1782 et 1789). En contrepartie, le lecteur s’engage à croire l’auteur.

L'autobiographie est née au XVIII^e siècle mais avant cela, d’autres auteurs ont écrit des œuvres proches de ce genre littéraire : Les Confessions (397-401) de Saint-Augustin, les Essais (1580, 1588 et 1595 en posthume) de Montaigne. Il s'agit alors davantage d'un autoportrait, Montaigne ne suivant aucun ordre chronologique et reliant les évocations de son existence à des réflexions de valeur générale.
Beaucoup voient dans Les Confessions de Rousseau le modèle de l'autobiographie « pure ». Ce n’est qu’au XVIII^e siècle que ce genre trouve un attrait auprès des lecteurs, ces derniers s’intéressant à la personnalité d’un individu.
Dans son ouvrage, Rousseau se justifie et se confesse, comme s’il était accusé. Il y raconte son enfance et ses erreurs de jeunesse, comme l’épisode du « ruban volé ». À travers cet ouvrage, le philosophe entend expliquer ses erreurs dont il assume totalement la responsabilité, tout en montrant comment la société et certaines règles ont pu influencer son comportement. Les Confessions portent donc en filigrane un regard critique sur la société de l’époque.

La lecture d'une autobiographie pose toujours la question de la sincérité de l'auteur. En effet, s'il prétend raconter les évènements passés avec un maximum d'exactitude, on sait que la mémoire est infidèle et le regard rétrospectif modifie le point de vue.
De plus, la mise en forme littéraire impose d'ordonner les pensées et les émotions, qui ne peuvent pas être restituées dans leur spontanéité première. D’ailleurs, l’auteur ne peut pas raconter tous les éléments de sa vie, il sélectionne ceux qui, pour lui, ont de l’importance. Ses choix sont donc subjectifs. 
Dans toute autobiographie s'exprime la relation entre le moi d'autrefois, qui a vécu les faits, et le moi d'aujourd'hui, qui les rapporte. Ainsi nous renseigne-t-elle surtout sur la personnalité de l'auteur au moment de l'écriture. Ce dernier dévoile en effet la perspective selon laquelle il désire voir sa vie.