L'autobiographie au XIXe et au XXe siècle

Il ne faut pas confondre l’autobiographie avec :

• les mémoires. Ces derniers évoquent davantage l'histoire d'une époque que celle d'un individu ;
• le journal intime. Il est écrit au jour le jour, tandis que l'autobiographie adopte un point de vue rétrospectif ;
• le roman autobiographique, dans lequel l'auteur et le personnage-narrateur sont deux entités distinctes. Dans l’autobiographie, l'auteur, le narrateur et le personnage principal ne sont qu’une seule et même personne.

Tout ceci a pour conséquence la notion de pacte autobiographique : en effet, l'auteur passe un pacte avec son lecteur en lui déclarant explicitement son identité et en s'engageant à dire la vérité sur lui-même. C'est ce que fait par exemple Rousseau dans le préambule des Confessions (éditions posthumes en 1782 et 1789). En contrepartie, le lecteur s’engage à croire l’auteur.

Au XIX^e siècle, le genre de l’autobiographie se développe, en lien avec l’essor de l’individualisme et du culte du « moi » chez les romantiques. Le lien entre le récit personnel et le récit historique reste toutefois très fort.

L’ouvrage le plus célèbre, Les Mémoires d'outre-tombe, est rédigé par Chateaubriand entre 1809 et 1841 et publié entre 1848 et 1850. Il s'agit d'une œuvre à la fois autobiographique et mémorialiste, l’auteur évoquant sa vie tout en décrivant le déroulement de l'Histoire.
Dans la préface, l’auteur en justifie l’écriture. Il dit : « Je veux rendre compte de moi à moi-même [...] Je veux avant de mourir remonter vers mes belles années, expliquer mon inexplicable cœur ».

D'autres œuvres autobiographiques paraissent alors :

• Vie de Henry Brulard, de Stendhal (même si l'auteur se cache derrière un pseudonyme), écrite en 1835-1836 et publiée à titre posthume en 1890 ;
• L'Histoire de ma vie (1854-1855) de George Sand, qui n’entend pas retracer des évènements historiques mais plutôt la vie d’une jeune femme et de son parcours pour devenir auteure.

Le XX^e siècle connait un véritable engouement pour le récit autobiographique, qui se développe en même temps que les recherches sur la psychanalyse. L’introspection et l’écriture de soi passionnent les auteurs et les lecteurs.

Le genre se renouvelle avec des œuvres comme Si le grain ne meurt (1920-1924) d'André Gide, dans laquelle il retrace sa jeunesse jusqu’à ses fiançailles. Cette œuvre choquera lors de sa parution, car Gide y parle notamment de ses expériences homosexuelles.

Les Mots (1964) de Jean-Paul Sartre étonne également, car l’auteur parle de son enfance comme d’une période difficile dont il n’est pas du tout nostalgique.

Enfin, Enfance (1983) de Nathalie Sarraute surprend par sa mise en forme. L’autobiographie se présente sous la forme d’un dialogue entre la figure de l’auteur et elle-même. Elle se dédouble afin de pouvoir porter un regard critique sur les évènements racontés.