L'Amérique latine : les corridors de développement comme outils d'intégration et de désenclavement
- Fiche de cours
- Quiz et exercices
- Vidéos et podcasts
- Être en mesure d’expliquer les enjeux de l’aménagement des corridors de développement.
- Être en mesure de présenter plusieurs acteurs et leur rôle.
- L’Amérique latine est une région
marquée par une forte asymétrie territoriale
et socio-économique qui s’explique par
d’importantes contraintes naturelles et des facteurs
historiques dont l’instabilité politique.
Afin de renforcer l’intégration des territoires, les politiques de coopération à l’échelle régionale se sont multipliées. Le MERCOSUR est une des politiques de coopération les plus abouties. - Les corridors de développement sont des projets d’aménagements, inégalement aboutis, qui témoignent d’une volonté transnationale de coopération. S’ils peuvent constituer un levier d’intégration en répondant aux enjeux d’accessibilité, d’attractivité et d’accès et de captation des circulations marchandes, ils sont à l’origine de plusieurs conflits d’usage liés à des enjeux sociaux, environnementaux et politiques. Ces corridors relèvent d’une forme de gouvernance nouvelle qui repose sur une multitude d’acteurs publics et privés.
- Corridor de développement
- Intégration
- Libre-échange
- Cohésion
- Mondialisation
- Acteurs
- Désenclavement
L’Amérique latine s’étend du
Mexique au sud de l’Argentine et du Chili.
Marquée par l’ingérence américaine
et fragilisée par des périodes
d’instabilité politique, cette région
s’intègre à la mondialisation de
façon très inégale.
Le Brésil, pays-membre des BRICS et
9e puissance économique mondiale,
domine la région tandis que certains États
enclavés restent très peu
intégrés. Ainsi, les projets de
coopération s’y superposent pour faciliter
l’intégration de la région.
L’Amérique latine est marquée par d’importantes inégalités tant sur le plan économique que territorial. C’est une région fortement asymétrique.
L’Amérique latine se caractérise
par des territoires de taille très
variable puisqu’elle concentre des petits
territoires insulaires, tels que Cuba, et des pays qui
bénéficient d’une grande
superficie.
Ainsi, le Brésil est le 5e plus vaste
pays au monde et s’étend sur
8,51 millions de km2. Cette
différence de superficie peut être
considérée comme un facteur de
l’intégration à la mondialisation
puisque les territoires les moins étendus
disposent de ressources plus limitées à
exploiter.
De fait, le sol de la région est riche en
pétrole, en gaz et contient d’importantes
réserves minérales, mais celles-ci sont
inégalement réparties.
L’Amérique latine concentre 65 % des réserves mondiales de lithium, 42 % des réserves d’argent, 38 % de cuivre, 33 % d’étain, 21 % de fer, 18 % de bauxite et 14 % de nickel. Ces ressources naturelles sont très convoitées.
Les nombreuses contraintes naturelles
concentrées dans la région expliquent
aussi son inégale intégration.
Le Venezuela, la Colombie, l’Argentine, le
Pérou et la Bolivie sont traversés par la
Cordillère des Andes. Cette chaine de montagne,
qui s’étend sur 8 000 km du
Venezuela à la Terre de Feu, dessine des
paysages escarpés liés à la
présence de sommets et de hauts plateaux.
La Terre de Feu se situe à
1 000 kilomètres seulement de
l’Antarctique. Le désert mexicain de
Chihuahua et la forêt amazonienne sont des
déserts humains.
Des éléments qui créent
d’importantes fractures et
discontinuités socio-économiques,
puisque les systèmes productifs les plus
dynamiques et la population se concentrent
majoritairement dans les régions
côtières et dans les territoires
dépourvus de contraintes naturelles.
Les territoires d’Amérique latine sont
très inégaux sur le plan
économique. La Banque mondiale classe les
économies du monde en quatre groupes. Ce
classement illustre les inégalités en
Amérique latine et montre l’enclavement de
certains territoires de la région.
Les territoires qui possèdent un revenu national
brut par habitant élevé sont les mieux
intégrés à la mondialisation. Ces
États sont toutefois peu nombreux : le
Panama (grâce à son canal), le Costa Rica,
le Chili et l’Uruguay et Porto Rico.
Les espaces insulaires de la Caraïbe font partie
intégrante de la région. Or, certains
territoires, comme Porto Rico, sont des paradis
fiscaux. Ce sont des pôles majeurs de la
mondialisation grise. Ils drainent d’importants
flux financiers, leur développement
économique est donc supérieur au reste de
la région.
L’archipel des Bahamas est un paradis fiscal. Il possède le 2e PIB par habitant le plus élevé de la région puisqu’il s’élève à plus de 31 000 dollars par an.
En effet, l’Argentine et le Mexique sont des pays
émergents bien intégrés aux
réseaux mondialisés. Le Brésil est
la 9e puissance économique
mondiale et domine la région.
Pourtant, ces États se situent dans la
même catégorie que la Colombie et
Cuba : un RNB par habitant compris entre
3 896 dollars et 12 055 dollars par
an. Cela s’explique par une inégale
intégration à la mondialisation de ces
territoires à l’échelle locale. En
effet, au Brésil, la population des
régions du Nord et du Nordeste souffre
d’une grande pauvreté tandis que les
régions du Sud et Sudeste sont
particulièrement dynamiques.
Les inégalités socio-économiques
et spatiales sont donc présentes à toutes
les échelles dans la région.
Enfin, les États les plus enclavés
produisent très peu de richesses. La Bolivie est
un pays enclavé classé parmi les revenus
par habitant intermédiaires inférieurs.
Si le territoire s’ouvre progressivement à
la mondialisation grâce au tourisme,
l’absence d’accès direct à la
mer est un frein au développement
économique du pays.
Haïti est le territoire le plus pauvre de la
région, classé parmi les PMA (les pays
les moins avancés). Cet espace est fortement
marginalisé.
L’instabilité politique et la vulnérabilité d’Haïti face aux catastrophes naturelles rendent le territoire peu attractif. Le revenu national brut par habitant y est inférieur à 1 000 dollars par an.
Les territoires d’Amérique latine ont
été marqués par de longues
périodes d’instabilité politique et
par l’influence américaine, encore
très forte dans l’espace
caribéen.
L’intégration à la mondialisation
reste très inégale à
l’échelle régionale malgré
de nombreux atouts et la présence d’un
point de passage stratégique pour le commerce
mondial : le canal de Panama.
Ce corridor maritime bi-océanique est
long de 80 kilomètres et comprend trois
écluses. Il est le seul point de passage qui
permette de traverser l’Amérique :
une dizaine d’heures suffisent pour relier
l’océan Pacifique à
l’océan Atlantique.
Ainsi depuis 1960, les territoires latino-américain multiplient les coopérations régionales pour renforcer leur intégration et limiter l’influence américaine sur les territoires.
- Le marché commun centraméricain – devenu système d’intégration centraméricain en 1991 – constitue l’alliance commerciale la plus ancienne du continent américain. Ces traités de libre-échange bilatéraux entre le Guatemala, le Nicaragua, le Honduras et le Costa Rica ont dans un premier temps contribué au processus d’intégration économique. Cette coopération est ensuite fragilisée par l’instabilité politique et ne reprend qu’en 1991.
- Le MERCOSUR est l’une des formes de coopération les plus abouties. Fondé en 1991 par le Brésil, le Paraguay, l’Uruguay et l’Argentine, ce marché commun repose sur des accords de libre-échange qui ont contribué au développement commercial de la région. Actuellement, le MERCOSUR regroupe cinq membres permanents – dont le Venezuela, qui est suspendu depuis 2017 – et cinq membres associés (la Colombie, le Pérou, la Bolivie, l’Équateur et le Chili). Il est le 6e marché le plus important à l’échelle internationale et la 7e économie mondiale en termes de PIB. En 2019, un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et le MERCOSUR est signé. Il témoigne du succès de cette coopération.
D’autres formes de coopération renforcent
la concurrence entre les territoires de la
région.
C’est le cas de l’Alliance du Pacifique
fondée en 2012. Le Chili, la Colombie, le
Pérou, le Mexique et le Costa Rica se sont
associés pour favoriser leur intégration
dans la zone Asie-Pacifique, ce qui renforcerait leur
développement économique.
Enfin, le premier sommet du PROSUR – forum
pour le progrès en Amérique du
Sud – s’est tenu en mars 2019. Il
a réuni onze représentants
d’Amérique du Sud qui ont
évoqué une potentielle coopération
dans divers secteurs, dont la santé, la
défense et les énergies. Par
conséquent, les domaines de coopération
au sein de la région se multiplient.
Toutefois, les échanges intrarégionaux
restent faibles puisqu’ils ne représentent
que 15 % des échanges
réalisés.
Les corridors de développement
d’Amérique latine sont des projets
d’aménagement nombreux qui n’ont pas
tous le même niveau de concrétisation.
En Amérique latine, les corridors de
développement sont des corridors de transport
qui résultent d’importants
aménagements.
Ces corridors ne se limitent pas à relier des villes entre elles, par le biais de nouvelles infrastructures de transports. Il s’agit surtout de structurer entre elles des régions urbanisées, déjà existantes, à des régions émergentes et/ou enclavées en raison des contraintes naturelles. Tous ces projets permettront de relier ces régions aux grands ports d’Amérique latine qui seraient en conséquence mieux intégrés à la mondialisation. Cette accessibilité nouvelle permettrait une meilleure ouverture de la région sur le monde ce qui transformerait et intensifierait les modes de production.
Ils s’inscrivent donc dans une démarche de coopération transnationale et constituent un levier d’intégration pour une région qui souhaite devenir un espace multipolaire.
La route en lacets, dite de Caracoles, est l’un des principaux axes interocéaniques d’Amérique latine. Or, le col de la Cumbre se situe à 3 832 mètres d’altitude. En 1980, le tunnel du Christ rédempteur a été percé à 3 180 mètres d’altitude. Long de 3 kilomètres, il a permis de limiter les contraintes liées aux paysages escarpés et à l’enneigement hivernal. Le projet d’un tunnel ferroviaire long d’une cinquantaine de kilomètres est à l’étude depuis plusieurs années afin que les territoires gagnent en accessibilité.
Ainsi, les corridors de développement
répondent à des enjeux
d’accessibilité et
d’attractivité.
L’ambitieux projet du corridor central
ferroviaire bi-océanique constitue un exemple de
cette nouvelle forme de coopération. Long de
3 755 kilomètres, il permettrait de
relier le port de Santos, au Brésil, à
celui d’Ilo au Pérou. Ainsi, il
faciliterait l’accès à
d’importantes ressources en minerais et à
30 % des réserves mondiales d’eau
renouvelable, leur exploitation serait ainsi
simplifiée. Ce projet permettrait
également de fluidifier et d’intensifier
les échanges dans la région
puisqu’il réduirait d’une vingtaine
de jours la durée de transport des flux entre la
Chine et le Brésil. Ainsi, le Brésil
pourrait exporter davantage sa production agricole vers
la Chine, ce qui implique une production agricole plus
importante sur le long terme. Enfin, aux enjeux
d'accessibilité et d’attractivité,
s’ajoute celui de la durabilité puisque le
train est moins polluant que les porte-conteneurs.
En Amérique centrale, l’objectif de ces corridors de développement réside majoritairement dans la volonté de relier le plus rapidement possible les deux façades océaniques ou de relier les régions productrices de richesses encore enclavées aux espaces portuaires intégrés. L’enjeu principal de ces corridors est donc de capter les circulations marchandes puisque les États souhaitent davantage s’intégrer à la mondialisation par le biais du commerce maritime dans un contexte plus concurrentiel.
Le canal de Panama est le facteur d’attractivité et d’accessibilité sur lequel repose le développement économique du pays. Par conséquent, de nombreux pays centraméricains tentent de promouvoir de leur côté des corridors de développement qui pourraient concurrencer le canal de Panama. Le projet du canal du Nicaragua repose sur la volonté de répondre à un enjeu de repositionnement stratégique qui aurait permis au territoire de renforcer ces échanges commerciaux avec la Chine grâce à une traversée de 30 heures. S’élevant à 50 milliards de dollars, le projet doit être financé par un acteur privé : le milliardaire chinois Wang Jing. Depuis 2015 le projet est à l’arrêt puisqu’il a fait l’objet de vives oppositions et que l’investisseur s’est finalement désisté face au cout du projet.
Les corridors de développement sont des projets
de grande envergure. Ils se caractérisent par
une forme nouvelle de gouvernance qui prend en
compte la multitude d’acteurs publics et
privés qui financent et contribuent aux
projets.
L’action publique des États est
particulièrement complexe dans le cadre de ces
projets. Ils sont certes des acteurs publics du projet,
mais ils doivent également coopérer avec
les autorités administratives locales
chargées du projet à
l’échelle locale.
D’autres États, extérieurs à
la région, financent également certains
corridors de développement ou envoient des
entreprises publiques pour contribuer à
l’aménagement du projet. Ainsi, la Chine
et l’Union européenne sont
également des acteurs publics de ces projets.
Enfin, certaines organisations régionales comme
le MERCOSUR et l’UNASUR sont également des
acteurs publics de certains projets.
Les acteurs privés sont également
nombreux puisqu’il s’agit de
l’ensemble des investisseurs privés et des
entreprises privées qui contribuent au
financement ou à l’aménagement des
projets.
Les corridors de développement sont parfois à l’origine de conflits. Tout d’abord, la présence d’investisseurs chinois témoigne du fait que la Chine et les États-Unis tentent d’étendre leur influence dans la région en contribuant à ces projets. Or, ces deux grandes puissances économiques sont en rivalité constante. L’Amérique latine, par le biais des corridors de développement, est le nouveau champ de bataille de ce conflit géopolitique.
Le gouvernement chinois a investi 153 milliards de dollars en Amérique latine pour contribuer à l’aménagement de certains corridors de développement dans le cadre du projet de construction des nouvelles routes de la soie. Cet investissement est colossal puisqu’il est supérieur aux fonds versés par la Banque mondiale pour la région qui s’élèvent à 84 milliards de dollars.
Par ailleurs, certaines parties des corridors de
développement se heurtent à de vives
oppositions liées aux enjeux environnementaux et
sociaux. En effet, l’aménagement de ces
corridors de développement dégrade
l’environnement puisqu’il provoque une
perte de la biodiversité liée à la
dégradation de certains
écosystèmes.
Les enjeux sociaux sont multiples. Les
populations locales ne sont pas nécessairement
consultées. Des travailleurs locaux sont
également exploités pour réaliser
ces projets. Enfin, des populations sont contraintes au
déplacement dans le cadre de la
réalisation de ces projets qui portent atteinte
à certaines cultures amérindiennes.
Par conséquent, des mouvements de contestation
se forment pour lutter contre la réalisation de
ces projets.
Suite au projet de construction d’une route, longue de 300 kilomètres, en territoire amazonien, de nombreux mouvements de protestation se sont formés. Cette pression sociale entraine l’annulation du projet. En 2017, le gouvernement bolivien établit une nouvelle loi afin de justifier le projet et de contourner les oppositions liées à la présence d’un territoire indigène et d’un parc national.
Ces projets peuvent toutefois être garants d’un apaisement face à des tensions historiques entre certains États. La Bolivie est un pays enclavé, ce qui nuit considérablement à son économie. Elle a perdu son seul accès à la mer lors de la guerre du Pacifique (1879-1890). Depuis, elle est en conflit avec le Pérou et le Chili, car elle souhaite récupérer un accès à la mer que la Bolivie juge lui appartenir de droit. La libre-circulation de biens et de personnes dont elle dispose sur le territoire chilien est jugée insuffisante. Or, les corridors de développement permettraient à la Bolivie de faire circuler plus facilement ses productions, ils pourraient apporter une solution pour faciliter l’intégration du pays.
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